Après des débats houleux, une loi absurde et honteuse mais digne d’Israël vient d’être adoptée par la Knesset (parlement israélien). Cette loi impose la distinction entre Arabes musulmans et Arabes chrétiens. Les critiques fusent, et beaucoup dénoncent une volonté délibérée de diviser les Arabes dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Les chrétiens, « nos alliés naturels, un contrepoids aux musulmans »

« Nous avons beaucoup en commun avec les chrétiens. Ils sont nos alliés naturels, un contrepoids aux musulmans qui veulent détruire le pays de l’intérieur ». C’est en ces termes que s’est exprimé Yariv Levin, membre du parti du Likoud (droite nationaliste), l’initiateur d’une nouvelle loi qui établit la distinction entre les arabes musulmans et les arabes chrétiens.

La Knesset a adopté cette loi le lundi 24 février et a pour but final d’accroître la participation citoyenne des chrétiens arabes en Israël et d’établir une distinction entre les citoyens de différentes confessions. Elle est passée à 31 voix contre 6.

Cette loi polémique accorde par exemple des sièges distincts entre représentants des travailleurs chrétiens et représentants des travailleurs musulmans au sein de la Commission Nationale sur l’égalité des chances pour l’emploi. Le groupe passera de 5 à 10 membres, incluant aussi des places pour d’autres communautés (les druzes notamment).

Diviser pour mieux régner

Un député arabe a dénoncé cette loi, qu’il a qualifié de sectariste. Un chrétien grec orthodoxe Basel Ghattas, a affirmé qu’ « il s’agit d’une manœuvre politique de l’extrême droite ». Des députés de l’opposition ont critiqué cette loi, proposant que dans ce cas, on devrait aussi diviser les juifs selon leur origine : polonais, russes, yéménites, marocains, etc. Le président du Parti Balad, Jamal Zahalka, a déclaré que « Yariv Levin veut cruellement diviser l’opinion publique arabe, qui est opprimée ».

L’initiateur de la loi s’est exprimé sur ses motivations : « Ma loi donnera une représentation distincte et une attention distincte au public chrétien, séparé des Arabes musulmans… Il s’agit d’une décision importante et historique qui pourrait aider dans l’équilibre de l’Etat d’Israël et nous lier, nous et les chrétiens, et je fais attention de ne pas les appeler Arabes, car ils ne sont pas Arabes ». 

Les propos du député niant l’origine arabe des chrétiens israéliens sont totalement aberrants. Cette loi fait délibérément abstraction de faits historiques concernant les relations chrétiens/juifs et musulmans/juifs.

Au lieu d’oeuvrer pour l’identité nationale et de rassembler les citoyens (un principe que toute entité souhaiterait naturellement), le Parlement israélien a préféré adopter une loi divisant la société selon les confessions. Pour certains, un citoyen israélien musulman n’est pas comme un citoyen israélien chrétien. De plus, les arabes chrétiens disposent d’un traitement de faveur comme en attestent les dons faits à leur communauté.

Les nombreuses critiques de la loi dénoncent une volonté d’Israël de provoquer les divisions entre les arabes chrétiens et les arabes musulmans et on ne peut s’empêcher de rappeler l’adage « Diviser pour mieux régner ».

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