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Ce 22 novembre, Médiapart a publié une interview extraordinaire de deux femmes ouïghours, dont l’une est rescapée des camps d’internement chinois où elle a passé 15 mois.
Cette interview décrit une réalité insoutenable en environ 45 minutes.
Voici un extrait :
https://www.facebook.com/116070051527/posts/10159069886031528/
La rescapée s’appelle Gulbahar Jalilova et vient d’arriver en France. Elle demande l’asile pour avoir la liberté de dénoncer les tortures subies par des millions d’Ouighours dans le Xinjiang sans craindre un ré-internement ou exécution du régime chinois.
Elle était accompagnée lors de cette interview par Dilnur Reyhan, qui est enseignante chercheuse en sociologie et également présidente de l’Institut ouïghour d’Europe, et elle-même exilée en France depuis 15 ans.
Dilnur Reyhan se fait la porte-parole de Gulbahar et de tous les ouïghours qui ont subis des souffrances inimaginables.
A l’international on parle d’épuration ethnique et le mot génocide a même été employé. Médiapart n’hésite d’ailleurs pas à utiliser ce terme.
Par ailleurs, Dilnur Reyhan nous explique que le nom « Xinjiang » est utilisé par la Chine pour désigner cette région et signifie « Nouvelle frontière, nouveau territoire. ».
Tandis que les ouïghours préfèrent appeler leur région « Turkestan oriental » car elle fut une république indépendante « avant l’annexion de la Chine communiste en 1949 ».
Que se passe-t-il au Turkestan oriental?
Le Turkestan oriental est une région de l’extrême nord-ouest de la Chine possédant une frontière avec huit pays (dont la Russie et l’Inde), c’est dire son importance géostratégique. Elle est « la porte de l’occident » en plein centre du continent Eurasiatique.
D’ailleurs le projet du président chinois « nouvelle route de la soie » passe par cette région.
Ses habitants les Ouïghours sont des turcophones musulmans et sont différents religieusement et ethniquement des « Hans » constituant plus de 90 % de la population chinoise.
La Chine communiste n’a jamais été tendre envers ses minorités ethniques et les croyants en général, surtout pendant les années Mao, mais la situation actuelle est inédite et est devenue insoutenable pour les musulmans ouïghours.
La journaliste de Médiapart décrit ainsi cette persécution à grande échelle : « tortures, déportations, campagne de rééducation, interdiction de pratiquer la religion musulmane, viols massifs, mais aussi stérilisation forcée, c’est-à-dire entrave à la naissance, qui est un critère de crime de génocide. »
Il s’agit d’une stratégie coloniale du régime chinois qui aurait pu choisir de vivre en bonne entente avec ce peuple paisible dont elle a déjà volé la gouvernance, mais à qui elle souhaite également voler l’âme.
Notre époque est en train d’assister à la destruction systématique de l’identité d’un peuple entier, qui est contraint d’abandonner ses croyances, ses spécificités, ses traditions, son cœur-même.
« L’Islam est ouvertement accusé d’être un virus » déclare Dilnur Reyhan.
Toute personne qui pratique un islam jugé non compatible avec la politique de Pékin est susceptible d’être interné dans ces camps. Dans un extrait de l’interview, on voit une vidéo d’ouïghours, la tête rasée, les yeux bandés, en train d’attendre à même le sol d’être chargé dans des trains.
Une fois dans les camps, ils subissent sévices psychiques et physiques quotidiennement et un véritable lavage de cerveau pour en faire de « bons chinois ». On leur demande de répéter que « Dieu n’existe pas ».
Dilnue Reyhan affirme également que des milliers de mosquées ont été détruites et certaines transformées en « centre de loisirs pour chinois ». Certaines femmes internées sont violées, et celles à l’extérieur sont forcées à être « mariées avec des chinois ».
«Nous ne sommes pas des êtres humains pour eux» a déclaré Gulbahar Jalilova.
Dans le même temps la Chine encourage la venue des dizaines de milliers de personnes de l’ethnie Han à travers le tourisme mais également pour une installation définitive en rendant cette région, riche de ressources naturelles, attractive économiquement.
Cela allié à la campagne de stérilisation forcée peut être appelé remplacement ethnique.
Que fait la communauté internationale ?
Ces dernières années elle avait globalement fermé les yeux car les enjeux économiques avec la Chine sont énormes et les Ouïghours n’ont que peu de porte-voix à l’international.
Mais sous la pression croissante d’ONG, d’intellectuels et de la société civile, ces pays sont obligés de prendre acte et d’au moins effectuer une condamnation de principe sur ces discriminations.
Le silence des musulmans
Même si la plupart des gouvernements des pays musulmans ont brillé par leur silence, pourquoi la société civile musulmane n’a-t-elle pas réagit concrètement ?
Où est la oumma décrite par le prophète [ﷺ] ? Lui qui nous a ordonné d’être comme un seul corps : si une partie du corps souffre, tout le corps souffre. Nous en sommes tellement loin…
‘Abd-Allâh Ibn ‘Umar – que Dieu soit Satisfait de lui et de son père – a dit : « J’ai vu le Prophète (Dieu le couvre de Sa miséricorde et de Sa paix) tourner autour de la Ka‘ba en disant : « Combien es-tu pure et combien est pure ton odeur, et combien est grande ta sacralité ! Par Celui qui tient l’âme de Muhammad dans Sa Main, la sacralité du croyant est plus grande auprès de Dieu que toi : son bien (est sacré), son sang (est sacré), et (lui revient le droit sacré) que l’on ne pense de lui que du bien. » (Ibn Mâja)
Dilnur Reyhan dénonce d’ailleurs le deux poids deux mesures de la oumma qui a réagi de manière forte et internationale aux caricatures du prophète [ﷺ], s’indignant sur les réseaux sociaux, et allant même jusqu’au boycott des produits français suite aux propos d’Emanuel Macron.
Cette même oumma est pourtant restée majoritairement dans le silence et l’inaction concernant la situation désespérée de ses frères et soeurs ouïghours.
Dilnur qualifie ce comportement « d’hypocrisie totale » car les musulmans ne réagissent pas alors que la vie-même de leurs frères et sœurs est menacée, tandis que pour défendre le prophète « qui n’a nullement besoin d’être défendu » tant sa sacralité ne peut être violée par des caricatures ridicules, ils ont réagi massivement.
Ce boycott des produits français fut une initiative populaire et a obligé le président de la république lui-même à venir expliquer ses propos et ses intentions dans une interview accordée au média Al Jazeera.
C’est dire que le rapport de force économique est un langage compris universellement.
Si les peuples musulmans s’alliaient du Maroc au Pakistan pour décider d’un commun accord de ne plus acheter les produits chinois jusqu’à ce que la Chine se plie à une liste de revendication, alors cette Puissance serait obligée de revoir sa politique criminelle au Turkestan oriental.
Si vous pensez également que cette situation est intolérable, merci de partager au plus grand nombre cet article et discuter de la situation avec vos proches, les imams, afin de réfléchir aux meilleures actions à mettre en œuvre pour faire cesser ces injustices.
N’oublions pas d’invoquer notre Seigneur Allah [‘azzawajel] qui est certes capable de nous aider. Qu’Allah donne à nos frères et sœurs la force de surmonter ces épreuves terribles qu’ils subissent et mette fin à ces crimes abjects.