Victoire historique pour le lycée Averroès : le contrat avec l’État rétabli par la justice

Victoire historique pour le lycée Averroès : le contrat avec l’État rétabli par la justice

Le 23 avril 2025 marque une date décisive pour le lycée Averroès de Lille, premier établissement musulman sous contrat avec l’État en France. Après plus d’un an de bataille judiciaire, le tribunal administratif de Lille a annulé la décision de résiliation du contrat d’association qui liait l’établissement à l’État, prise par le préfet du Nord en décembre 2023. Cette victoire, saluée par la direction, les enseignants, les élèves et leurs familles, représente un tournant majeur pour l’avenir du lycée et un symbole fort contre les discriminations institutionnelles.

Un combat judiciaire acharné

En décembre 2023, le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, avait résilié unilatéralement le contrat d’association, accusant le lycée de « manquements graves aux principes fondamentaux de la République ». Ces accusations avaient conduit à la suppression des subventions publiques dès septembre 2024, plongeant l’établissement dans une situation financière critique.

Privé de financements, le lycée Averroès a doubler ses frais de scolarité, passant de 1 350 à 2 760 par an, ce qui a entraîné une chute dramatique de ses effectifs, de 473 à 270 élèves. Malgré ces défis, l’établissement a maintenu un niveau d’excellence académique, affichant un taux de réussite au baccalauréat de 97,5 % en 2024, avec 69 % de mentions.

Une décision disproportionnée

Face à cette décision perçue comme « disproportionnée » et « injuste », l’association Averroès, soutenue par ses avocats, a multiplié les recours en justice. Après deux échecs en référé en février et juillet 2024, une audience clé s’est tenue le 18 mars 2025. Le rapporteur public, Dominique Babski, a alors préconisé l’annulation de la résiliation, estimant que les griefs de la préfecture n’étaient pas suffisamment fondés. Cette position a redonné espoir à la communauté éducative.

Une décision qui lave l’honneur d’Averroès

Le 23 avril 2025, le tribunal administratif de Lille a finalement tranché en faveur du lycée, annulant la décision du préfet et ouvrant la voie au rétablissement du contrat avec l’État. « Notre honneur est lavé », a déclaré le directeur, Eric Dufour, exprimant le soulagement de toute une communauté éducative. Me Sefen Guez Guez, avocat de l’établissement, a souligné que « l’intégralité des manquements reprochés n’étaient pas constitués », dénonçant la « mauvaise foi » de l’administration.

Cette victoire judiciaire ne se limite pas à la sphère administrative. Elle met en lumière ce que beaucoup, dont le député LFI Paul Vannier, qualifient de « deux poids, deux mesures » dans le traitement des établissements privés confessionnels. Alors que le lycée catholique Stanislas, épinglé pour des dérives homophobes et sexistes, a conservé son contrat, Averroès a été durement sanctionné malgré un rapport favorable de l’inspection générale en 2020. Cette disparité avait alimenté un sentiment d’injustice parmi les défenseurs du lycée.

Un symbole d’espoir et de résilience

Fondé en 2003 dans le sillage de l’interdiction du voile à l’école, le lycée Averroès s’est imposé comme un modèle éducatif exigeant, combinant excellence académique et respect de la diversité culturelle. Premier lycée musulman à obtenir un contrat avec l’État en 2008, il a incarné pendant deux décennies une alternative éducative inclusive, respectant la laïcité tout en répondant aux aspirations spirituelles de ses élèves.

Cette décision judiciaire offre une bouffée d’oxygène à un établissement qui, selon ses avocats, faisait face à une « mort lente » sans subventions. Elle permettra, à terme, de stabiliser les finances du lycée, de réduire les frais de scolarité et de restaurer la confiance des familles. Surtout, elle envoie un message fort contre l’islamophobie institutionnelle, comme l’a souligné un utilisateur sur X : « Victoire du droit et de la justice contre les islamophobes ! »

Vers un avenir apaisé

Si la bataille judiciaire n’est pas encore totalement terminée la préfecture pourrait faire appel –, cette victoire redonne espoir à Averroès et à ses soutiens. L’établissement, qui a déjà prouvé sa résilience en surmontant une année sans subventions grâce à une cagnotte de 400 000 et à la mobilisation de sa communauté, entend désormais se tourner vers l’avenir.

Pour le lycée Averroès, cette décision est bien plus qu’une victoire administrative : c’est une reconnaissance de son projet éducatif, de son engagement républicain et de sa contribution à la société française. Comme l’a résumé Eric Dufour, « Averroès, c’est la République appliquée tous les jours ». Une leçon d’espoir et de persévérance pour tous ceux qui croient en une France diverse et égalitaire.

Sources diverses…

By Michael

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