Il était une fois, un roi, un sultan, en 1526. Ce roi, c’est François 1er, roi de France, emprisonné alors par Charles-Quint, le monarque chrétien considéré comme étant le plus puissant de son époque. Et le sultan c’est Soliman « le magnifique », sultan turc et l’un des monarques les plus éminents de l’Europe du XVIe siècle. Ces deux hommes étaient bien réels, et ont créé une alliance rare, entre l’Orient et l’Occident.
Naissance de l’alliance de François 1er et de Soliman contre Charles-Quint
Nous sommes à la Renaissance. La guerre ne cesse entre les monarchies. François 1er souhaite reprendre Milan, en Italie du Nord, perdu en 1521. Fin 1524, Milan tombe entre les mains des français qui décident de ne pas s’arrêter là. Ils souhaitent désormais conquérir Pavie, ancienne capitale de Lombardie, région italienne. Mais les hommes de Charles-Quint arrivent devant Pavie. C’est ainsi qu’après des semaines de retranchements, l’armée française perd près de 10 000 hommes, ainsi que son roi, François 1er, fait prisonnier par un chevalier italien. Il est embarqué à Villefranche, près de Nice, pour l’Espagne, où il sera emprisonné plus d’un an. C’est après la défaite de Pavie que François 1er demande de l’aide à Soliman, qui lui répond :
« Lui (Dieu) est élevé, le riche, le généreux, le secourable.
Moi qui suis, par la grâce de celui dont la puissance est glorifiée et dont la parole est exaltée, par les miracles sacrés de Mohammed (que sur lui soient la bénédiction de Dieu et le salut), soleil du ciel de la prophétie, étoile de la constellation de l’apostolat, chef de la troupe des prophètes, guide de la cohorte des élus, par la coopération des âmes saintes de ses quatre amis Aboubekr, Omar, Osman et Ali (que la satisfaction de Dieu très-haut soit sur eux tous), ainsi que tous les favoris de Dieu ;
Moi, dis-je, qui suis le sultan des sultans, le souverain des souverains, le distributeur des couronnes aux monarques de la surface du globe, l’ombre de Dieu sur la terre, le sultan et le padichah de la mer Blanche, de la mer Noire, de la Romélie, de l’Anatolie, de la Caramanie, du pays de Roum, de Zulcadrié, du Diarbekr, du Curdistan, de l’Azerbaïdjan, de la Perse, de Damas, d’Alep, du Caire, de la Mecque, de Médine, de Jérusalem, de toute l’Arabie, de l’Yemen et de plusieurs autres contrées que mes nobles aïeux et mes illustres ancêtres (que Dieu illumine leurs tombeaux) conquirent par la force de leurs armes, et que mon auguste majesté a également conquises avec mon glaive flamboyant et mon sabre victorieux, sultan Suleiman-Khan, fils de sultan Sélim-Khan, fils de sultan Bayezid-Khan.
Toi qui es François, roy du pays de France, vous avez envoyé une lettre à ma Porte, asile des souverains, par votre fidèle agent Frankipan [L’ambassadeur Frangipani], vous lui avez aussi recommandé quelques communications verbales ; vous avez fait savoir que l’ennemi s’est emparé de votre pays, et que vous êtes actuellement en prison, et vous avez demandé ici aide et secours pour votre délivrance. Tout ce que vous avez dit ayant été exposé au pied de mon trône, refuge du monde, ma science impériale l’a embrassé en détail, et j’en ai pris une connaissance complète.
Il n’est pas étonnant que des empereurs soient défaits et deviennent prisonniers. Prenez donc courage, et ne vous laissez pas abattre. Nos glorieux ancêtres et nos illustres aïeux (que Dieu illumine leur tombeau) n’ont jamais cessé de faire la guerre pour repousser l’ennemi et conquérir des pays. Nous aussi nous avons marché sur leurs traces. Nous avons conquis en tout temps des provinces et des citadelles fortes et d’un difficile accès. Nuit et jour notre cheval est sellé et notre sabre est ceint.
Que Dieu Très-Haut facilite le bien ! A quelque objet que s’attache sa volonté, qu’elle soit exécutée !
Du reste, en interrogeant votre susdit agent sur les affaires et les nouvelles, vous en serez informé. Sachez-le ainsi. »
Ecrit au commencement de la lune de rebiul-akhir 932 (15-24 février 1526), à la résidence de la capitale de l’empire, Constantinople le bien gardé.
Se créé alors un rapprochement entre le royaume de France et l’Empire ottoman, alors que la guerre entre ces deux empires était le seul rapport direct qu’ils avaient. Une exhortation à tenir bon qui se transforme en une alliance extraordinaire en 1536, et qui permettra aux français d’éviter que l’armée de Charles Quint n’envahisse leur terre quelques années plus tard…
La France préservée grâce à la flotte de Soliman
Cette alliance est nommée comme étant la « première alliance diplomatique non idéologique de ce genre entre un empire chrétien et un empire non chrétien ». En 1543, la flotte turque aide la France à assiéger la ville de Nice. Elle bloque le port de Nice, tandis que l’armée française assiège la ville. L’armée de Charles-Quint ne peut alors entrer dans la ville, les portes de la France leur sont restées fermées. Les puissants Habsbourg n’auront pas Nice, ni la France.
Après ce siège, François 1er ordonne par écrit au toulonnais de quitter la ville, et ceci afin de laisser les hommes de Soliman y passer l’hiver avant de rentrer chez eux. Cette alliance est parfois qualifiée d’« alliance impie », ou d’« union sacrilège de la fleur de lys et du croissant » dans le monde chrétien. C’est toutefois une des plus importantes alliances de la France, ayant duré plus de deux siècles et demi, c’est à dire jusqu’à ce que les troupes napoléoniennes envahissent un territoire ottoman lors de la « campagne d’Égypte » en 1798-1801.
Les grands monarques musulmans de l’époque n’étaient pas dénués d’honneur et de courage. Un énorme contraste avec les dirigeants actuels des pays musulmans, à genoux face aux puissances occidentales.
Crédit photo
Article interressant, mais vous ne devriez pas jugez les gouverneurs musulmans en plus de manière générale en disant « les gouverneurs » qui sont selon vous a genoux.Chaque gouverneur agit et réagit selon sa force et ses moyens et avoir des accords avec des pays mécréants ne font pas d’eux des soumis.Le prophète lors du traité de hudaybiya est un très bonne exemple de concession et de diplomatie.Pour finir la sunna c’est de faire des duas pour les gouverneurs musulmans.
Ya Allah guide nos gouverneurs vers le bien et reforme a travers eux nos sociétés.
A genoux veut surtout dire « impuissants » je pense, ça n’est pas un jugement, c’est un fait : actuellement aucun pays musulman n’a la puissance qu’avait l’empire ottoman…
Moi Je dis que l’Argent a corrompu tous les pays musulman
Que Allah nous guide
Amine