Un parti tunisien présente un candidat juif aux élections municipales

Le porte-parole du parti ultra-conservateur tunisien Ennahda (Mouvement de la renaissance islamique) présidé par Rached Ghannouchi a fait une déclaration qui en a étonné plus d’un le 20 février dernier. Imed Khemiri a déclaré qu’un juif tunisien représentera le parti aux municipales de Monastir en mai prochain. Autant dire que cette annonce a fait l’effet d’une bombe dans le pays.

Pourtant le député Imed Khemiri se veut tout-à-fait serain et sûr de son choix, selon lui c’est un signe d’ouverture.

« Pourquoi pas ? Nous ne voyons pas de problèmes. Ennahda est un parti ouvert aux candidats indépendants. Nous pensons que Simon Slama pourra être un élu utile et actif dans cette municipalité » a-t-il déclaré sur Al-Jazeera.

Le parti Ennahda inspiré des Frères musulmans a émergé suite au printemps arabe tunisien aux côtés de formations politiques progressistes, ce qui explique en grande partie l’étonnement de ses opposants et des tunisiens en général après l’annonce de cette décision.

Pour certains, le parti veut faire du buzz dans l’espoir de booster le vote des électeurs dans une région où ses scores sont habituellement bas, pour d’autres, cette nomination insolite s’inscrit dans une volonté stratégique de rassurer ses partenaires politiques tunisiens, voire les chancelleries occidentales.

Redorer son blason et donner l’image d’un parti ouvert « contraire à l’idéologie islamique de base du parti » comme le souligne le site d’information qatari.

Simon Slama est présenté comme un « candidat juif indépendant », distinct d’Ennahda qui a annoncé au dixième congrès en 2016 vouloir séparer ses activités religieuses, des programmes politiques du parti dans une volonté de « respecter et défendre les valeurs de la République ».

Le principal intéressé se dit fier de représenter le parti car selon lui, « Il n’y a aucune différence entre un arabe et un chrétien. La religion doit être mise de côté parce que l’amour de la patrie est plus important », a-t-il dit au journal Al Qods avant d’ajouter : « J’ai choisi ce parti parce que ses membres ont peur d’Allah »

1 500 Juifs vivent en Tunisie principalement sur l’île de Djerba, autour de la vieille synagogue de la Ghriba.

By Younes