Après la diffusion d’un film islamophobe, le chef de police new-yorkais présente ses excuses

The third Jihad America

The third Jihad America

La diffusion d’un film islamophobe à des agents de police  new-yorkais en formation provoque un tollé au sein de la communauté musulmane américaine, conduisant le chef de police à présenter ses excuses.

Un film islamophobe tourné en boucle dans les commissariats new-yorkais

« Le troisième Jihad : la vision de l’islam radical pour l’Amérique » sorti en 2009, et largement visionné par des policiers a créé une vive polémique à New-York. Ce film de 72 minutes réalisé par le Clarion Fund, présente la menace immédiate de l’islamisme radical aux États-Unis. Pas étonnant venant de Clarion Fund, organisation américaine obsédée par le désir d’informer sur les dangers de l’islam radical, et qui a déjà auparavant produit des films documentaires islamophobes. Ce pamphlet virulent avance par exemple que les musulmans souhaitent dominer l’Amérique et entrer en Guerre Sainte contre les États-Unis.

Tous les moyens sont bons pour souligner cette menace imminente : des montages de photo avec une haine particulièrement marquante montrant le drapeau islamique flottant sur la Maison Blanche, des séquences vidéos tirées de sites « islamistes extrémistes » et soigneusement sélectionnées par les créateurs de ce film, et sans oublier des chiffres sur l’islamisme radical.

Le but de ce film documentaire est donc clair. Il s’agit de montrer la volonté de destruction du monde occidental par les musulmans radicaux et leur désir d’infiltrer les États-Unis par l’intérieur, avec des terroristes en cours de formation, et dont le recrutement massif s’effectuerait au sein même des prisons américaines. Pour illustrer tout cela et alimenter cette paranoïa, les producteurs n’ont pas hésité à choisir des témoignages particulièrement virulents.

Au cours de l’année 2010, ce documentaire a ainsi été projeté dans divers commissariats et vu par près de 1500 agents de police qui suivaient une formation de lutte contre le terrorisme.

Suite à ce bourrage de crâne intensif, il n’est pas étonnant de constater par la suite des tensions entre la communauté musulmane et des agents de police.

Des excuses discrètes

Avec la révélation de cette diffusion propagandiste, des organisations musulmanes ont exprimé leur indignation et ont même appelé à la démission du chef de police, qui finalement a reconnu cette faute et son regret. En effet, le chef de la police de New-York, Raymond Kelly, a donc présenté des excuses pour ce film lors d’un entretien du vendredi 28 janvier, reconnaissant ainsi qu’il était « excessif et incendiaire ». Pourtant, il apparaît lui-même dans ce film, où il donne une brève interview à travers lequel il évoque l’histoire d’un attentat biologique et nucléaire.

Le Maire de New York, Michael Bloomberg a soutenu le chef de police rappelant les bonnes relations qu’il entretient avec la communauté musulmane depuis longtemps. Il a également déploré la diffusion d’un tel documentaire, et la nécessité de mener prochainement une enquête afin d’en savoir davantage sur les circonstances de sa diffusion. Le maire espère ainsi découvrir les responsables.

Mais, selon Human Rights Watch, l’investissement par les autorités reste limité puisque aucune sanction n’a été mentionné à l’égard des fomentateurs qui ont pourtant porté préjudice aux musulmans de la ville. Un membre de cet ONG, Alison Parker déclare au sujet de la police que « le fait qu’elle n’ait pas entrepris d’action disciplinaire démontre une négligence grave envers les droits des musulmans vivant à New York, et nourrit les préoccupations selon lesquelles la communauté musulmane est prise pour cible par ce genre de traitement. La ville doit démontrer que la police ne se livrera pas à la discrimination. »

La Mairie devrait donc mener des actions punitives envers cet acte qui n’a fait que d’attiser la haine envers les musulmans new-yorkais.

Les musulmans se voient d’ailleurs discriminés avec la multiplication des contrôles abusifs à leur égard. Ils ont appris selon des informations que des mosquées étaient espionnées et que des étudiants étaient secrètement surveillés par la police de New-York.

Finalement, les excuses de la part de Raymond Kelly et son regret laissent tout de même une note positive dans cette affaire. De quoi calmer les nombreux sites anti-islam francophones qui n’avaient pas manqué de se réjouir et de faire la promotion de ce film documentaire falsifié et provocateur, voyant en lui la preuve illustrée d’une religion violente et conquérante.

By Younes

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