Obtenir la reconnaissance officielle de l’Islam en tant que troisième religion de la Suisse d’intérêt public, c’est l’objectif dont rêvent bon nombre de musulmans helvétiques. A Bâle pourtant, le projet devient de plus en plus concret : la Fédération des Organisations Islamiques de Suisse (FOIS) a obtenu l’aval d’une expertise juridique, estimant que cette revendication est légale voire constitutionnelle.
Hafid Ouardiri, directeur à Genève de la Fondation pour l’entre-connaissance et ancien porte-parole de la Fondation Culturelle Islamique, affirme qu’on « ne fait rien sans la société civile. Avec sa laïcité d’ouverture et de respect, Genève aurait pu aller de l’avant », faisant sans doute référence à l’initiative anti-immigration récemment votée.
Participer aux décisions concernant les carrés musulmans dans les cimetières, obtenir des subventions, unir et mieux organiser les communautés musulmanes à travers la Suisse (principalement d’origine balkanique et turque), pourraient être de nombreux avantages d’une telle reconnaissance.
Le conseiller national Yves Nidegger, accessoirement membre du parti d’extrême-droite de l’UDC (section genevoise), reste frileux sur la question : « Il faudra nécessairement poser des critères comme le nombre de croyants, la durée de l’implantation, l’organisation du clergé, ce qui ouvrira la porte à d’autres demandes » ; mais reste attentif : « Les autres cantons observeront le traitement, mais surtout les conséquences de l’initiative bâloise. Y aura-t-il des revendications alimentaires à la cantine scolaire ou vestimentaires à la piscine municipale ? »
Pourtant, un clergé ou une quelconque instance dirigeante au-dessus du reste de la Oumma n’existe pas en Islam. C’est sans doute une des raisons pour laquelle les musulmans restent tant attachés à leurs convictions religieuses, puisqu’il n’y a pas d’intermédiaire entre Dieu l’Unique et eux-mêmes.
Par ailleurs, le vivre-ensemble à Genève, canton multiculturel par excellence, est réel et fort agréable à vivre grâce à ce genre de concessions dont Yves Nidegger n’a même pas conscience sur le terrain.
Malheureusement, les préjugés et la mauvaise compréhension de la religion musulmane sont encore des obstacles conséquents à cette éventuelle reconnaissance.
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