Fin 2016, l’ancien intérimaire sous-traitant d’ArcelorMittal Florange, Karim Ben Ali défrayait la chronique en dénonçant la pollution du crassier d’ArcelorMittal, son employeur.
Il s’était filmé en train de déverser un liquide fluo sur le crassier du géant sidérurgique à Marspich. Selon lui, il s’agissait d’acide, mais en septembre 2018, une enquête pour « atteinte à l’environnement » a conclu qu’il s’agissait simplement « d’eaux usées ».
Sans emploi depuis, ses journées se résument aujourd’hui à peu de choses, une fatigue permanente, une perte du goût et de l’odorat dus selon lui aux « matières particulièrement dangereuses » que la firme l’obligeait à transporter.
L’affaire qui avait fait grand bruit s’est achevée mardi devant le tribunal correctionnel de Thionville en Moselle. Poursuivi pour avoir menacé de « faire péter » la cokerie et de s’en prendre à un bâtiment syndical et des bureaux administratifs le 8 janvier dernier, Karim a finalement été relaxé suite à un « problème de qualification juridique », a précisé le président du tribunal.
« La justice a compris que je n’étais pas une personne violente, c’était des mots que je regrette », a dit Karim Ben Ali, qui s’est dit « soulagé ».
Cette relaxe est accueillie comme une délivrance surtout après la décision de l’audience du 20 février, où une peine de quatre mois de prison avec sursis, assortie d’une obligation de suivi médical ainsi que d’une interdiction d’approcher du site d’ArcelorMittal, avait été requise à son encontre.
Si Karim s’en tire plutôt bien, la société ArcelorMittal devrait quant à elle être renvoyée devant le tribunal correctionnel dans les prochains mois pour « gestion irrégulière de ses déchets » et « blessures involontaires » suite à la plainte déposée par M. Ben Ali.
L’ancien intérimaire est cependant déçu de la condamnation d’ArcelorMittal.
« C’est léger. Comme McDo qui triait mal ses poubelles », s’est-il moqué.
« Ils risquent quoi, 75 000€ d’amende ? »
Sa victoire a un goût amère, des ennuis de santé et une situation professionnelle au point mort, Karim n’est pas très optimiste pour l’avenir : « Je suis toujours au chômage. J’ai sollicité 162 boîtes, envoyé des CV. Même en intérim, on ne veut pas de moi . »