Jeudi 4 juillet. Un colloque international organisée par la très sérieuse association « Sauvegarde du 93 » à la Bourse du Travail de Bobigny. Le thème: les mécanismes de l’extrémisme violent. Pendant deux jours, des chercheurs, sociologues, psychologues, travailleurs sociaux de France, du Brésil, du Canada, des Etats-Unis, du Tchad, viennent témoigner de leur expérience, pour mieux comprendre les processus d’adhésion à Daech, Boko Haram, ou aux mouvements néonazis.
Le colloque commence mal: les trois sièges réservés aux représentants de l’Etat – Fadela Benrabia, préfète à l’égalité des chances, Fabienne Klein-Donati, procureure de la République à Bobigny, et Muriel Domenach, secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (Cipdr) – restent vides. La cause citée par le Parisien, le Boycott de l’évènement suite à une lettre ouverte adressée au Ministre de l’Intérieur par Jordan Bardella du Rassemblement National, qui du haut de ses 24 ans semble dicter ses volontés au Ministre Castaner, à une préfète, à une procureure et à une représentante d’une commission interministérielle. Bravo Jordan!
Jordan Bardella aurait fustigé le colloque international en raison de la présence de Saïd Bouamama qui ne fait pas l’unanimité. Passons sur cet épisode qui finalement en dit long sur l’activisme sans frein de l’extrême droite qui bloque une initiative louable qui permettrait pourtant de lutter efficacement contre les dérives radicales.
Le colloque s’est quand même tenu, et les conclusions sont importantes et sans appel: sur les 105 personnes radicalisées suivies par l’association de protection de l’enfance et l’adulte Sauvegarde du 93, très peu sont de fervents musulmans et aucun ne connaît vraiment la religion.
« La plupart sont des adolescents qui ont utilisé l’islam comme un médicament, mais qui avaient une méconnaissance totale de la religion », insiste Zorha Harrach Ndiaye, qui pilote le dispositif depuis 2015. Les exemples sont éloquents : un jeune homme à la longue barbe, qui ne serrait pas la main aux femmes et inquiétait ses parents, « ne connaissait rien à l’islam, ne priait pas et regardait du porno la nuit ». Une autre adolescente, quittait son jilbab pour « faire des passes à 5 € avec des partenaires multiples et s’alcoolisait ».
On ose enfin parler du sujet. Les langues se délient. Oui, l’ignorance complète de la religion peut conduire à une radicalisation violente. Oui, les nombreux freins à un enseignement fidèle de la religion musulmane aux plus jeunes, et aux personnes fragiles, les abandonne de facto à un discours extrémiste et clivant qui peut les guider vers les dangereux extrêmes.
La meilleure arme contre le terrorisme radical passerait donc par plus de religion et non pas une désislamisation? Le Parisien malgré son courage éditorial ces dernières semaines (NdR: dans l’affaire de l’imam Rachid notamment) n’en arrive pas encore à cette conclusion mais osons le dire quant à nous.
Et osons soutenir les travaux objectifs des associations comme la Sauvegarde du 93 ou d’autres avant eux qui devraient faire beaucoup plus de bruits dans les médias.
Nous vous encourageons à ce titre à acheter pour les aider les œuvres des chercheurs ou auteurs s’intéressant à ces problématiques avec un œil objectif.
Pour finir une citation de l’imam Ahmad :
« Les gens ont plus besoin de la science que de manger et boire. Car leur besoin de manger et boire se limite à une ou deux fois dans la journée, quant à la science, ils en ont besoin autant de fois qu’ils respirent ».