La nouvelle est officielle. La mosquée stéphanoise est l’entière propriété du royaume marocain. Inaugurée le 19 juin dernier dans un climat tendu, cette nouvelle vient s’ajouter aux tensions déjà existantes relative à sa gestion.

Mosquée française, propriété du Maroc

Après de longues discussions, la grande mosquée Mohamed VI devient la propriété du royaume du Maroc. Cette décision a été prise lors de l’assemblée générale de l’association centre socio-culturel marocaine de la ville. La mosquée sera désormais contrôlée par le Ministère des Affaires islamiques du royaume qui assurera sa gestion quotidienne, tout comme pour les autres mosquées du Maroc. 

La cession résulte de l’incapacité financière de l’association à gérer et entretenir un tel édifice, aux ressources limitées pour une telle mosquée. Selon le conseiller du recteur de la mosquée, les dépenses pour l’entretien de l’édifice seraient estimés entre 500 000 et 600 000 euros par an. Cette décision viserait donc à soulager financièrement l’association.

Cette nouvelle propriété du Maroc sur un territoire français peut surprendre en se rappelant l’attachement du Gouvernement français à un « islam de France » dans le but d’éviter toute ingérence d’un Etat étranger. Par ailleurs, son statut juridique suscite déjà des interrogations.

Polémiques autour de la mosquée et son propriétaire

La grande mosquée de Saint-Etienne avait été inaugurée le 19 juin dernier. Cette inauguration s’était déroulée sous tension, avec des manifestants revendiquant davantage de transparence dans la gestion de la mosquée. Les divergences au sein de la direction interne et de la communauté musulmane stéphanoise, semblent désormais rythmer la vie de cette mosquée (de sa construction à sa gestion actuelle).

Hormis le reproche d’un manque de transparence, l’un des points de discorde était le nom choisi pour la la mosquée, Mohamed VI, en honneur au roi du Maroc. Il était une reconnaissance envers le royaume qui avait largement participé au versement de fonds pour sa construction. Le nom avait suscité le mécontentement au sein de la communauté musulmane stéphanoise, aux multiples origines, et qui avait contribué également financièrement à la construction de la mosquée.

L’éviction de l’imam de la mosquée Mohamed El Adly, imam de Saint-Etienne depuis 17 ans, et apprécié par la communauté locale avait été dénoncé par des fidèles.

Enfin, beaucoup de musulmans estiment que la somme dépensée pour l’édifice et son entretien est beaucoup trop faramineuse. Estimée au départ à environ 2 millions d’euros, son coût total est estimé à environ dix millions d’euros. Pour l’entretien, elle nécessiterait 500 000 à 600 000 euros par an, alors que d’autres mosquées dépensent pas plus de 120 000 euros par an. Le développement d’autres projets tout aussi primordiaux pour la communauté musulmane, comme ceux relatifs à l’éducation de nos enfants par exemple, auraient eux aussi grandement besoin d’un tel investissement financier.