Polémique autour du projet de mosquée à Annemasse, la balle est dans le camps du Maire

annemasse

Le projet de construction de mosquée à Annemasse est au cœur d’une polémique malgré lui. Sur le terrain que la mairie souhaite vendre à l’association musulmane, se trouve une partie de l’exploitation d’un maraîcher. Une solution est le point d’être trouvée à condition que la mairie valide, en attendant l’extrême droite et des groupuscules laïcards exploitent cette histoire à des fins islamophobes.

De la nécessité d’un lieu de culte digne

Tout commence dans la ville d’Annemasse, en Haute-Savoie (74), située en bordure de Genève en Suisse. Une région privilégiée qui attire bon nombre de travailleurs et de familles, et dont la démographie ne cesse de s’accroître. Or, France désormais multi-confessionnelle oblige, la communauté musulmane que comptent Annemasse, Gaillard, Ambilly, Ville-la-Grand et Vétraz-Monthoux dénombre aussi de plus en plus de membres walhamdulillah.

Jusqu’ici, les quelques « mosquées » à disposition sont des locaux, des appartements plutôt que des lieux de culte, dont l’espace est devenu totalement insuffisant pour accueillir convenablement les fidèles lors de la prière du vendredi ou des fêtes religieuses. Une situation intenable qui engendre de nombreuses complications comme la prière en extérieur, les stationnements mal-organisés ou l’impossibilité d’accès aux personnes âgées et handicapées. Face à l’urgence, le Centre Culturel des Musulmans d’Annemasse (CCMA) se mobilise et se met à la recherche d’un local adéquat à acheter, depuis plusieurs années maintenant.

Le maire M. Dupessey et son conseil municipal (Parti Socialiste), saisis de cette problématique, décident alors de statuer en juillet 2012 : ils décident, indépendamment de la communauté musulmane, de choisir la parcelle municipale agricole de 7000 m2 du quartier du Brouaz qui serait vendue à l’association pour la somme de 700 000 euros.

Gros bémol, cette parcelle est exploitée par le dernier maraîcher d’Annemasse, M. Pierre Grandchamp, qui se voit soudainement menacé d’expropriation. Il conteste cette décision municipale et refuse de quitter ce terrain situé en zone franche qu’il estime indispensable à la poursuite d’une exploitation pour laquelle il emploie quinze personnes. Mais au mois de septembre 2013, la Cour d’appel de Chambéry a confirmé la décision d’expulsion pour fin décembre.

Une solution est possible

M. Grandchamp propose pourtant une solution plus que satisfaisante à tout point de vue, en total accord avec M. Zeddoug (responsable du CCMA) : que la mosquée soit construite sur le site bétonné de l’ancien hôpital, en ville, pendant que sa serre serait dotée de panneaux photovoltaïques et que la mairie propriétaire du terrain bénéficierait de la revente de l’électricité à ERDF, l’équivalent de la consommation électrique d’un millier de foyers ! En somme, tout le monde serait gagnant.

Les responsables musulmans ont d’ailleurs tenu à ce que soit mis par écrit qu’ils préféraient continuer à prier sous la pluie, plutôt que de provoquer des licenciements. Seule la réponse de la mairie d’Annemasse est attendue à ce jour, une décision qui pourrait clore le débat positivement !

Le spectre musulman menacerait nos salades françaises

Bien évidemment, le pain béni que représente ce « conflit » a immédiatement été récupéré par l’extrême-droite française et ses médias nauséabonds : Riposte Laïque… Des pages Facebook de soutien ont été créées, véhiculant les pires incitations à la haine et les préjugés les plus vils. Nous pouvons en effet y lire à maintes reprises des individus encourageant à « répandre des morceaux de porc, du sang de porc… » sur le terrain, que les vampires que sont les musulmans fuiraient alors aussitôt. Logique. On comprend dès lors pourquoi le vandalisme quasi-hebdomadaire de mosquées se déroule insouciamment en France, sans aucune mesure des forces de l’ordre. Les réactions se cristallisent une fois de plus, beaucoup sont à bout et détestent un peu plus ce spectre musulman qui menace même nos bonnes salades locales : « Qu’ils rentrent chez eux avec leurs mosquées ! » dit une habitante du coin sur une page de soutien Facebook.

Pour banaliser ces réactions, Le Dauphiné, et d’autres journaux n’hésitent pas à utiliser cet argument fallacieux : la femme de M. Grandchamp est « marocaine », pas question donc de parler de récupération raciste ou islamophobe de cette affaire. Un site d’extrême droite va même jusqu’à demander à l’agriculteur si sa femme « va à la mosquée », qui répondra qu’elle « lit juste le Coran de temps en temps ». La musulmane est jugée acceptable, question suivante.

Au final, notre maraîcher est gêné par un certain nombre de soutiens empoisonnés d’individus sans scrupules dont il se passerait bien, et aimerait recadrer le débat sur la seule affaire qui lui tient vraiment à cœur : son exploitation.

Une question subsiste : pourquoi le conseil municipal a décidé d’exproprier un agriculteur (un secteur qui se raréfie), quand d’autres terrains mieux adaptés et disponibles existent pour ce projet de mosquée ? Les musulmans de la région se retrouvent dès lors pris en tenaille entre leur besoin urgent d’un lieu de culte décent, et le choix malvenu d’un terrain, cristallisant toute l’ignorance et la haine qui habitent beaucoup de nos compatriotes en cette sombre époque.

La balle est dans le camps de la municipalité d’Annemasse, nous ne manquerons pas de suivre cette affaire de près.

Par Lila

By Younes

4 thoughts on “Polémique autour du projet de mosquée à Annemasse, la balle est dans le camps du Maire”
  1. Salam
    Pour précision, il ne s’agit nullement d’une expropriation mais de la récupération d’un terrain communal que la mairie louait à M. Granchamp 300 Euros l’année !!
    De plus la famille Granchamp était disposée à vendre au CCMA un terrain de 9500 m2 contigu au terrain communal en 2005. un compromis de vente était même prêt à être signé. on se souciait alors peu des salariés plus nombreux à être licenciés
    la guerre contre la mosquée d’Annemasse a été déclenchée bien avant la signature du compromis de l’actuel terrain. elle est menée par une élue de l’opposition du nom de Anne Michel (cf son blog : annemasse avenir)

  2. Bonjour,
    Il me semble que la solution que nous avons trouvé devrait satisfaire tout le monde,des terres agricoles très rare en Haute Savoie car situées en zone franche préservées,des emplois sauvegardés et d’autres crées,une production d’énergie verte en avant garde qui peut étre un exemple pour les générations futures et un lieu de culte adapté a toute la communauté musulmane de l’agglo sur un site disposant déjà d’un grand parking avec accés direct sur la route,ligne de bus avec arrét devant le site,en plein centre de l’agglo et a quelques dizaines de métre de l’actuel mosquée,je vais meme ajouter une idée pour ne pas avoir a débourser le prix du terrain l’association des musulmans peut très bien bénéficier d’un bail a 99 ans,ce qui équivaut pratiquement a un titre de propriété sans avoir a débourser des centaines de milliers d’euros pour l’achat du terrain ! Bonne semaine a tous.

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