Tout le monde a en tête les difficultés que rencontrent les musulmans du 18ème arrondissement de Paris qui faute d’avoir à disposition un lieu de culte sécurisé et décent prient dans la rue chaque vendredi. Une situation loin d’être isolée puisque dans d’autres quartiers en France, les musulmans n’ont d’autre choix que de se rassembler sur une place publique pour prier pendant le mois du Ramadan.
L’ABCG réclame un lieu de culte décent pour les musulmans de Gagny
C’est justement le cas de nombreux musulmans de la ville de Gagny dans le 93 qui prient actuellement sous un chapiteau implanté dans un parking situé au Chesnay et ce depuis le début du mois de Ramadan. Parmi eux, les musulmans du quartier Chesnay, représentés par l’Association Bilal Chesnay Gagny (ABCG), se rassemblent chaque jour pour prier ensemble à même le sol malgré les conditions difficiles du lieu, installé à quelques mètres du bassin de rétention des eaux pluviales stagnantes.
Le 2 août dernier, l’Association finit par obtenir un rendez vous avec le Maire et la Préfecture pour discuter des éventuels espaces libres que l’Association souhaite louer comme salle de prière durant le mois de Ramadan. Finalement, la Mairie n’a donné son feu vert que pour occuper le parking situé à l’allée Georges Guyonnet durant ce mois béni, fournissant l’électricité et les barrières de sécurité au passage. Depuis, la situation est restée figée.
Comme l’indique l’ABCG dans un communiqué, un groupe de musulmans avaient pourtant trouvé en juin 2011, un local fermé et inoccupé au sein du centre commercial de la ville. Local qu’ils avaient d’ailleurs louer pour en faire une salle de prière, mais ayant découvert qu’il s’agissait d’une copropriété de la mairie, et du bailleur Osica, le maire Mr. Michel Teulet (UMP) leur en a tout simplement interdit l’accès.
« Une semaine après l’occupation du lieu, celui-ci fut fermé par le Maire avec l’engagement d’aider les Musulmans à trouver une issue rapide à leur demande en les soutenant d’une part dans la recherche active d’une salle de prière, d’autre part, en leur permettant de prier durant le mois de Ramadan dans des conditions décentes. «
Des engagements que Mr. Teulet n’aurait pas tenu, puisque selon l’Association, la municipalité ne semble pas vouloir poursuivre les négociations pour trouver une solution, malgré leurs maintes relances. Suite à cela, les musulmans gabiniens du quartier Chesnay se sont retrouvés sans aucun lieu officiel pour pratiquer leur foi. Et pour cause à Gagny, seulement deux salles de prières sont ouvertes aux fidèles.
«La première salle (quartier des Dahlias) est une cave ! Elle est utilisée par des Français Musulmans résidant sur le quartier depuis 1976. La seconde est située au sein du quartier des Peupliers ; depuis 1986, elle accueille des Gabiniens du quartier et des quartiers voisins (dont le Chénay). » indique le communiqué de l’ABCG.
Deux salles dont l’aspect insalubre et étroit (celle du quartier des Peupliers ne ferait que 40m2) poussent l’Association à tout mettre en œuvre pour convaincre les autorités municipales de fournir à la communauté musulmane de Gagny un lieu de culte suffisamment spacieux pour pallier à la carence du nombre de places particulièrement pendant le mois de Ramadan. Et ainsi supprimer cette contrainte persistante qu’a cette communauté à prier sur la voie publique, avec tout les inconvénients climatiques, sanitaires et sociaux que cela peut avoir.
A Toulouse des milliers de musulmans prient dans un parking
Même son de cloche. C’est cette fois ci à Toulouse que près de 2000 musulmans se retrouvent contraints en ce mois de Ramadan de prier sur le parking du centre commercial Basso-Combo. La situation dure depuis 6 ans et les musulmans prient dans des salles préfabriquées d’une capacité de seulement 600 personnes et sous un chapiteau.
6 ans que les musulmans du quartier Belle Fontaine, du sud ouest de Toulouse, s’accommodent avec patience été comme hiver, de ce parking en guise de mosquée provisoire, où ils prient sur de fins tapis à même le sol. « On se sent un peu délaissé » confie un fidèle à la Dépêche du Midi. Un projet de construction d’une future mosquée dans le quartier qui pourrait accueillir jusqu’à 4000 fidèles et entièrement financée par les musulmans eux mêmes, prend un temps énorme.
Et en attendant que la construction s’achève, les prières de rue à Toulouse et ailleurs, sous des chapiteaux, suivent leurs cours. C’est pourtant bien Nicolas Sarkozy qui ne voulait plus voir émerger un « islam des caves » ?