A l’image de ses voisins européens, le Pays-Bas n’échappe pas à la polémique du voile intégrale, qui avait vivement animé les débats en France, ces 2 dernières années. Tout comme la France, la Belgique, le gouvernement hollandais a décidé vendredi dernier d’appliquer une loi qui interdirait le port du voile intégrale dans l’espace public. La Suisse pourrait peut être bien connaître le même sort.

Un projet de loi anti-voile intégral soumise au Conseil d’État

Dans un communiqué publié à l’issue du conseil des ministres, vendredi dernier, le ministre de l’Intérieur, a déclaré qu’ « il va y avoir une interdiction générale du port de vêtements couvrant le visage en public » qui devrait faire prochainement l’objet d’une loi, et concernerait tous les espaces publics : la rue, bâtiments publics, écoles, universités, hôpitaux, transports publics.. Autant dire que le gouvernement hollandais n’aura épargné aucun recoin du territoire, sans concessions, lui qui a fortement obtenu le soutien de Geert Wilders, leader islamophobe du Parti patriote de la Liberté.

Pour appuyer sa proposition de loi, ce dernier a expliqué que le « le port d’un vêtement qui cache en partie ou en totalité le visage est fondamentalement en contradiction avec le caractère des déplacements dans la vie publique, où nous devons tous, avec le visage découvert, être reconnaissables de la même façon ». Une proposition de loi qui sera soumise à l’avis du Conseil d’État, qui sera en charge d’examiner ses conditions, et d’en valider le texte.

« Un vent nouveau va souffler sur les Pays-Bas »

Une nouvelle qui a tout naturellement réjouit G. Wilders, chef islamophobe du Parti d’extrême droite néerlandais (PVV), qui avait obtenu en juin 2010, lors des élections législatives anticipées, près de 24 sièges de députés contre 9 auparavant. Il n’a d’ailleurs pas manqué de faire part de son soutien au gouvernement. En septembre 2010, alors qu’il avait annoncé que le voile intégral allait être interdit au Pays-Bas, il présage pour le pays « un nouveau souffle » qui éradiquerait selon lui, l’Islamisation du territoire.

Lors de son procès en juin dernier, pour lequel il avait été poursuivi pour pour incitation à la haine et à la discrimination raciale et religieuse, Geert Wilders, finalement acquitté, avait déclaré : « Aussi longtemps que je vivrai, je continuerai de m’exprimer ». Il avait comparé le Saint Coran, à Mein Kampf, le livre nazi d’Hitler, et avait menacé la communauté musulmane du Pays Bas, à se plier à « la culture dominante » ou à s’en aller. Son ami proche et député néerlandais libéral, Mark Rutte content du verdict, avait affirmé que cet acquittement « signifie que c’est légal de critiquer l’islam ».

La Suisse semble suivre la même tendance

Après la campagne anti minarets qui a aboutit en novembre 2009 à l’interdiction d’en construire, la Suisse se tourne maintenant vers une possible interdiction du voile intégrale. Pourtant en mai dernier, la commission des institutions politiques (CIP) du Conseil national avait estimé que « Le port de vêtements couvrant l’intégralité ou une grande partie du visage pour des raisons religieuses ne pose pas de véritable problème en Suisse. » exprimant ainsi son désaccord sur une interdiction généralisée du voile intégral. Actuellement il, est interdit dans certains lieux, comme les établissement scolaires.

Certains partis suisses, les mêmes qui étaient à l’initiative du référendum contre les minarets, veulent néanmoins aller plus loin, et faire voter une loi qui interdirait dans tous les lieux publics sans exception cette fois ci, le port de tout vêtement couvrant le visage. En 2010, un référendum sur le sujet à été proposé aux cantons suisses d’Argovie, Berne, Saint-Gall, Tessin, Vaud et Zurich. Seule les députés du Parlement d’Argovie se sont déclarés favorable à cette loi, en votant 89 voix pour et 33 contre. Actuellement en débat aux Chambres fédérales, le texte visant l’interdiction du voile intégrale a le soutient de la majorité des partis chrétiens démocrates suisses tels que l’UDC, le PLR, le PDC et les Évangéliques. Reste à savoir si la Suisse maintiendra sa position de ne pas étendre l’interdiction à tout le territoire, ou alors finira par céder tout comme son voisin européen, le Pays-Bas.

Par Oum Maryam