Pays Bas : le niqab dans la ligne de mire de l’extrême droite

Port du niqab

Port du niqab

Après la proposition de loi visant à interdire l’abattage rituel (halal et casher) et s’étant finalement soldée par un échec, des dirigeants néerlandais s’en prennent désormais au port du niqab.

Gouvernement et extrême-droite ensemble contre le niqab

Après la France et la Belgique, c’est au tour du gouvernement néerlandais de s’en prendre aux femmes portant le niqab, en envisageant son interdiction dans l’espace public.

Ce projet de loi n’est finalement pas si étonnant lorsque l’on constate la montée en puissance de l’extrême droite dans le pays ces dernières années. En effet, en juin 2010 le PVV a remporté 24 sièges de députés (soit 15,5% des voix) contre 9 sièges auparavant (5% des voix). La lutte du dirigeant de ce parti islamophobe, se poursuit malgré son procès pour incitation à la haine, aux discrimination religieuse et raciale au sein duquel il a été finalement acquitté. Geert Wilders est déterminé à éradiquer l’islam du pays et n’a pas hésité à comparer le Saint Coran à Mein Kampf.

Cette loi prévoit une sanction en cas de port du niqab, ou de la burqa, ou de cagoules dans les lieux publics, les transports publics, mais aussi les établissements scolaires, et les établissements de soin. En cas d’infraction, le « délinquant » devra verser une amende maximale de 390 euros. Elle avait été annoncée plus tôt, le 16 septembre par le gouvernement, conformément à l’accord établi avec le Parti d’extrême droite qui est en l’initiateur. Cet accord révèle la forte influence qu’exerce le PVV sur l’actuel Gouvernement. Interdire le niqab était d’ailleurs une faveur à laquelle s’était engagé le gouvernement ce dernier au parti d’extrême-droite (de même que la réduction de l’immigration et l’aide aux pays pauvres).

Le Conseil d’Etat ayant donné un avis favorable sur la loi, elle sera soumise au Parlement la semaine prochaine. Les porteurs du projet devront toutefois selon le Conseil expliciter le but de cette loi et sa faisabilité. La porte-parole du Ministère de l’Intérieur, Vera Hoogendoorn, espère voir cette loi entrée en vigueur dès l’année 2013, soulignant que « tout dépend de la rapidité avec laquelle la loi passe dans la chambre basse et la chambre haute du Parlement ».

Si elle passe, elle aura de quoi réjouir le PVV qui défend aussi l’interdiction de toute immigration musulmane.

Une loi largement critiquée

Ce projet de loi a pourtant été dénoncé par les organisations musulmanes du pays, et d’autres partis politiques comme étant une véritable atteinte à la liberté de religion, et une source de tensions.

La proposition de loi est d’autant plus surprenante qu’elle ne concernerait qu’environ 300 femmes (sur un total d’environ 1 million de musulmans, et une population avoisinant les 16,8 millions d’habitants). Ajoutons que ces femmes sortaient déjà très peu et étaient donc peu visibles. Il faudrait donc croire que le gouvernement néerlandais aime se préoccuper d’une infime minorité.

Selon les partis de l’opposition, tel que le Parti des Verts, le Gouvernement tente de détourner l’attention de ces citoyens des enjeux beaucoup plus graves telle que la crise financière qui traverse actuellement le pays. Cette loi risquerait seulement de créer de nouvelles tensions, et de se concentrer sur un faux problème afin de cacher les vrais.

Le chef du parti Union Chrétienne, Slob Arie, s’est également interrogé sur l’importance de cette loi en pleine période de compressions budgétaires. Jolande Sap, la chef du parti des Verts hollandais a également dénoncé cette interdiction, mais en avançant une autre alternative qui serait de proposer des cours de langue, et une éducation à ces femmes, pensant que ces dernières ne sont pas émancipées.

Enfin, et surtout, la Police qui devra pourtant faire appliquer cette loi, se montre très réticente. En effet, Frank Giltay, Président du Conseil d’entreprise de la Police nationale estime que le port de burqa ne représente en aucun cas une menace pour la sécurité publique, et il n’était donc pas nécessaire de légiférer dessus. Selon lui, il s’agit en réalité d’une « politique symbolique ».

Cette loi, approuvée par le Conseil d’Etat, risque d’être adoptée par le Parlement mais le manque de consensus autour d’elle est clair. Espérons qu’il empêchera son vote.

By Younes

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