Le mouvement féministe NPNS est au coeur d’un scandale. Sa présidente est accusée d’avoir détourné de l’argent à des fins personnelles. Retour sur ce mouvement propulsé par la classe politique afin de service une certaineidéologie pas spécialement islamophile.

Entre récupération de tragédie et stigmatisation des banlieues

Fondée en 2003 par Fadela Amara, l’association « Ni #*$!  Ni Soumises » a été propulsée en 2002 au devant de la scène médiatique par l’affaire de Sohane, une jeune femme de 17 ans brûlée vive en 2002 en banlieue parisienne. Fadela Amara avait alors multiplié interviews, plateaux télés et invitations officielles allant jusqu’à indisposer la famille de la victime. Kahina, la soeur de Sohane, disait à l’époque sur l’émission d’Ardisson, qu’elle s’étonnait qu’un mouvement dont « on n’a jamais entendu parler depuis dix ans » arrive sous les feux des projecteurs « grâce » à ce drame.  » Pour moi, c’est de la récupération pure et simple « , a-t-elle affirmé. Samira Bellil quant à elle décida dans les derniers mois de sa vie de ne plus être associée au mouvement, qui a, selon elle, récupéré son histoire à des fins politiques et médiatiques.

Politiquement opportuniste, ce mouvement a rapidement été connu grâce à son discours travestissant la cause féminine tout en stigmatisant les banlieues et l’Islam. Une rhétorique ayant trouvé preneurs chez les médias français particulièrement friands de ces sujets.

Une girouette au service de la classe politique

Le mouvement naîtra à gauche mais monsieur Raffarin reçoit Fadela Amara à trois reprises en 2003. Il comprend vite que le mouvement peut être un allié stratégique. Le parti accordera donc au mouvement une subvention d’environ 500 000 euros par an (80 000 euros du Fonds d’action sociale, 240 000 du conseil régional d’Île-de-France, 75 000 du Sénat, 30 000 de la mairie de Paris, 60 000 de Matignon).  L’association sera une des mieux loties de France. Très vite, elle fait le jeu de celui du gouvernement. Alors qu’un an auparavant l’association dénonçait un échec de la part de la politique d’intégration française, en 2003 elle accompagne et appuie le discours sécuritaire et répressif du chef de l’Etat « On n’est plus là pour comprendre, on est là pour sanctionner » lanceront les marcheuses de NPNS.

Plus tard comme SOS Racisme, le mouvement NPNS devient un instrument électoral pour le parti socialiste. Les deux associations pourtant déconnectées du « vrai terrain », sont vite rattrapées par les actualités qui les mettent face à leur lacune. Les « jeunes de banlieue » (autant les jeunes hommes que les jeunes femmes) ne se reconnaissent pas dans le discours provocateur et extrême du mouvement, dans le visage qu’il donne à leur quartier.

En 2010, le mouvement recevra une subvention de 80 000 €  pour que 15 animatrices de NPNS aillent dans les banlieues « les plus sensibles » et animent des ateliers, afin de sensibiliser au respect quant à l’interdiction du port du voile intégrale. Un cadeau déguisé car sur le terrain aucune traces des NPNS, on les attendait pourtant pour leur faire da3wa 🙂

« Ni voilées ni violées » mais assurément anti-islam

Un mouvement dit féministe ne devrait-il pas défendre les droits de la femme, sa liberté de pensée, d’agir et donc de s’habiller comme bon lui semble ? En mars 2005, Fadela Amara est nommée à la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et devient le porte-parole du mouvement anti-voile. Elle est respectée et écoutée lors des auditions Stasi contre les signes religieux ostentatoires à l’école. Elle milite contre le voile. Le mouvement a d’ailleurs failli s’appeler « Ni voilées ni violées » ! Fadela Amara ira même jusqu’à interdire l’entrée de ses meetings et assemblées aux femmes portant le hijab, en même temps nous ne connaissons pas beaucoup de soeur qui aurait accepter de s’y rendre. Cette année des militantes de l’association ont voulu dénoncer la position du Parti Socialiste refusant «une loi d’interdiction» sur le voile intégral. Pour se faire, elles ont manifesté devant le siège du PS quelques minutes avant le point-presse hebdomadaire du parti, en niqab tout en arguant :  «Non au droit à la différence quand elle amène à la différence des droits, non au relativisme culturel, on nous met dans un ghetto ambulant».

Une posture que dénonce le sociologue Laurent Mucchielli :  » Peu à peu une équation au simplisme effrayant s’est imposée : islam des Maghrébins = non-intégration + violence + antisémitisme + oppression de la femme »

Le mouvement saisi depuis sa création toute les opportunités pour combattre « l’islamisme banlieusard » si ce n’est l’islam tout court. La semaine dernière à quelques jours des élections tunisiennes, le Mouvement NPNS appelait la communauté internationale à ne rien céder au parti d’Ennahda.

Détournement d’argent ?

Le mouvement est aujourd’hui au coeur d’un scandale qui fait suite à l’envoi d’un mail anonyme au Nouvel Observateur dénonçant la gestion douteuse de l’association par sa Présidente Sihem Habchi. On y apprend que « Deux de ses sœurs siègent au Conseil d’Administration. Son compagnon a refait le site de l’association pour la modique somme de 20.000 euros ». Sans compter les notes de frais de Madame Habchi concernant ses déplacements en taxi : « les factures peuvent atteindre 3.000 euros par mois » a affirmé l’auteur anonyme du mail… ainsi que des frais de restaurants, de téléphone sans rapport avec l’association : « 800 euros parfois pour un seul mois ». Sihem Habchi, caractérisée comme étant « Tyrannique » et « Despotique » par ses collaborateurs semble faire perdre au mouvement le peu de crédibilité qu’il et c’est tant mieux.

A l’heure actuelle, la région Ile-de-France et L’Acsé (Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’égalité des chances) ne soutiennent plus l’association. A la suite de la publication de l’enquête du Nouvel Obs, un conseil d’administration a été planifié aujourd’hui ; un moyen pour répondre aux revendications de 8 grévistes, mais également décider de l’avenir de Siehm Habchi au sein de l’association, les salariés réclament aujord’hui sa démission. Espérons qu’ils iront plus loin et dissoudront l’association inchaAllah !

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