L’année 2011 avec sa révolution égyptienne, révolution qui chassa le dictateur Hosni Moubarak du pouvoir en février, est bien loin. Enfouie sous les invocations des milliers de blessés qui finalement crièrent victoire, mais surtout assombrie par l’absence des centaines de morts qui perdaient la vie en osant clamer leurs aspirations pour leur pays.

L’espoir régnait alors dans les rues égyptiennes, Moubarak était emprisonné pour être jugé des crimes commis et sa femme ainsi que ses deux fils inculpés pour corruption, entre autres.

Après des élections mouvementées et dans un contexte de maladresse démocratique à défaut d’une alternative adaptée à l’éthique islamique, c’est Mohamed Morsi issu du parti des Frères Musulmans qui était élu en juin 2012, avec 51,73% des voix.

Pourtant, en juin 2013 soit une seule année après son investiture, ses positions contestées et l’absence de réels changements lui valurent de nombreuses protestations populaires. L’armée, tapie sournoisement, dressait alors un ultimatum au président lui demandant de démissionner, ce qu’il refuse.

Le 3 juillet dernier, le général Abdel Fatah Al-Sisi chef de l’état-major de l’armée égyptienne annonce le 1er coup d’état depuis la révolution : Mohamed Morsi est alors destitué et emprisonné, pendant que Adli Mansour, le président de la Haute Cour constitutionnelle, prenait sa place. La Constitution égyptienne était alors bien entendu suspendue. Début septembre, il est officiellement inculpé pour « avoir commis des actes de violence et avoir incité au meurtre et au pillage ». La télévision publique est dès lors contrôlée, et l’armée attaque les manifestants jusqu’à tirer sur une foule en pleine prière. De nombreuses arrestations ont lieu au sein du parti de Morsi.

Le « terrorisme » qui arrange

Le 25 décembre 2013, le Conseil des ministres a officiellement désigné les Frères Musulmans comme « organisation terroriste » suite à un attentat au Caire. Une accusation arrangeante, qui permet de « punir tous ceux qui contribuent d’une manière ou d’une autre au fonctionnement de la confrérie » rapporte Al Ahram. Une décision qui choque et engendre l’indignation parmi les pro-Morsi comme parmi les partisans des Droits de l’Homme en général. C’est donc une certitude, l’armée reprend le contrôle du pays, la révolution est piétinée comme fut piétinée la place Tahrir.

Un dramatique retour en arrière

Plus important encore, l’information est presque passée inaperçue : Gamal et Alaa, les deux fils de l’ancien dictateur Moubarak, ainsi qu’Ahmed Chafik (ancien Premier ministre déchu) ont été acquittés le 19 décembre 2013. Chafik souhaite se représenter aux prochaines élections présidentielles, Gamal et Alaa restent sous le coup d’autres accusations.

Le 21 août 2013, Hosni Moubarak était… remis en liberté conditionnelle par la justice égyptienne malgré son inculpation.

Pour rappel, Mohamed Morsi était le directeur de campagne de son parti lors des élections législatives en 2010. Ces élections avaient finalement été confisquées par Moubarak qui espérait faire élire son fils Gamal à sa succession !

Le pire cauchemar de bon nombre d’égyptiens s’est matérialisé : des pas de géant réduits à néant, la confiscation de la révolution par l’armée, et les mêmes vautours qui se vautrent sur la scène politique. Il semblerait que les invocations en faveur du peuple égyptien soient plus que jamais les bienvenues.

Par Lila