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Le projet de construction d’une mosquée à Strasbourg prévue pour courant 2011 insha Allah et qui avait crée la polémique sur la question de lui ajouter ou pas un minaret, a finalement fait l’objet d’une décision favorable de la part du maire socialiste Roland Riès, a t-il déclaré la semaine dernière. Le socialiste a tenu à ce que les conditions initiales du projet soit tenues, contrairement à l’ancienne municipalité UMP de la ville.

Le maire change, le minaret reste

Suites aux élections municipales de 2008, Strasbourg change de maire, passant de Fabienne Keller, et son adjoint Robert Grossmann (UMP) à Roland Riès (PS) qui reprend alors le dossier du projet de construction de la grande mosquée de Strasbourg financée en grande partie par la municipalité.

Pour l’ancien adjoint au maire Robert Grossmann, il n’était pas question de doter le lieu de culte d’un minaret et d’espaces « culturels » comme cela était convenu, mais uniquement de subventionner la future mosquée. Cette décision de l’ancien maire n’aura d’ailleurs pas été épargnée par la grogne identitaire d’extrêmes droites, qui se sont opposés à cette  » islamisation montante « .

A contrario, le nouveau maire Roland Riès n’y voit lui aucun inconvénient, et permet donc à la communauté musulmane strasbourgeoise de pouvoir bénéficier d’un minaret et laisserait même la possibilité aux promoteurs de la mosquée de construire des espaces culturels s’ils le souhaitent.

Le maire entend vouloir accorder à l’Islam le même traitement qu’avec les autres cultes (catholique, protestant, juif) d’Alsace-Moselle : « Je ne peux pas accepter que pour les catholiques, les protestants et les juifs il y ait des espaces culturels et que pour les musulmans ce ne soit pas possible. Ce serait un deux poids, deux mesures ».

Mustapha el Hamdani (membre des verts), s’est dit très satisfait de la décision du maire PS de revenir aux conditions du projet initial, car cela offrira « une visibilité réelle et une reconnaissance de la communauté musulmane de Strasbourg » confie t il.

Tandis que sans grand étonnement, la Nouvelle Droite Populaire qui a surnommé Strasbourg comme « la capitale de l’Islam en France » soupçonne le maire d’être un « collabo » et se montre bien décidée à lutter contre ce genre d’initiatives : «Face à l’islamisation de notre Europe, la  Nouvelle Droite Populaire sera toujours en première ligne. »

A noter qu’au début de l’année, en plein contexte du référendum suisse sur les minarets pour lequel il estimait que les musulmans avaient droit à leur minaret, Roland Riès avait été la cible de plusieurs actes islamophobes à son domicile. Des tags « anti minarets » et d’insultes à son encontre ont été alors découverts sur la façade de la maison où il est locataire d’un appartement. Tout portait à croire que les tags avaient été fait par des membres de l’extrême droite, du fait qu’ils avaient été signés d’une croix celtique.

Une mosquée subventionnée par la mairie : cadeau empoisonné ?

Les musulmans de Strasbourg ont ils raison ou même le choix d’accepter que leur mosquée soit prise en charge financièrement par la mairie ? Alors oui, il est vrai que s’il s’agit d’une grande mosquée, dont l’architecture et la surface au mètre carré coûtent une petite fortune, il serait plus difficile à la communauté de refuser l’enveloppe budgétaire municipale.

Et pourtant l’enjeu est de taille, au vue des problèmes que rencontrent actuellement la plupart des musulmans français, notamment concernant la gestion de leur lieu de culte, il serait légitime de s’interroger sur le risque qu’ils prennent en attribuant la propriété du lieu à la mairie. N’y a t il pas là une porte ouverte donnant la possibilité, à la mairie d’avoir une mainmise sur la communauté ?

On constate aujourd’hui les dégâts de cette dépendance que subissent les musulmans français vis à vis des autorités locales, à l’image de la mosquée de Drancy fermée par décision du maire qui détenait les clés du lieux de culte.

Il n’est pas à exclure l’hypothèse qu’une fois la mosquée de Strasbourg érigée, rien n’empêcherait la mairie de signer un accord tacite visant à choisir l’imam qui mènera les prêches, et à contrôler ce qui est véhiculé dans les prêches de sorte que ce soit conforme à l’idée d’un « Islam de France ».

Cet « Islam de France », que beaucoup souhaiteraient mettre en place, n’est en réalité que l’arbre qui cache la forêt. Alors que la loi de 1905 sur la laïcité, qui prévoit la séparation des affaires politiques des affaires religieuses, interdit aux municipalités de s’ingérer dans les affaires des musulmans, voilà que les maires ne cachent plus leur intention de leur imposer un imam, derrière qui prier, et surtout quel Islam pratiquer.

Ce n’est pas cracher dans la soupe, que de réfléchir aux conséquences de cette main tendue du maire du PS, mais c’est un moyen d’éviter bien des tensions, et des impasses. Il ne s’agit pas de critiquer sa décision qui favorise la communauté strasbourgeoise, mais de se demander s’il n’est pas meilleur pour celle ci  de s’auto-suffire, en étant indépendante financièrement.

Oum Maryam

By Younes

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