Marseille : le permis de construire de la grande mosquée annulé

Le Tribunal administratif de Marseille a tranché en faveur des riverains et a annulé le permis de construire de la Grande Mosquée de Marseille, accordé en septembre 2009. En suspens depuis 18 mois, c’est la communauté musulmane phocéenne qui est attristée par cette nouvelle. Le chantier devait démarrer en février 2012 à Saint-Louis, dans les quartiers Nord de Marseille, sur un site de 5000 m2, anciens abattoirs de la ville.

10 ans de bataille pour obtenir ce permis

Lorsque Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, gagne son second mandat en 2001, le projet est lancé. En effet, les 250 000 fidèles musulmans manquent de lieux de culte, et depuis quelques années, sont forcés de prier dehors. La communauté musulmane de Marseille souhaite pratiquer son culte dignement, et souhaite disposer d’une mosquée spacieuse et propre, comme n’importe quel autre lieu de culte présent sur la ville de Marseille (Églises, synagogues, temples…)

C’est réellement en 2005 que le projet s’affine, grâce à l’association « La Mosquée de Marseille » qui mettra tout en œuvre pour que le projet avance. Le lieu est trouvé à Saint-Louis, un bail est signé entre l’association et la mairie : 300 euros par an sur 99 ans. Les mouvements régionaux d’extrême droite saisissent le tribunal administratif trouvant le bail anormalement bas et c’est en 2007 qu’un nouveau bail sera signé, pour 24000 euros par an sur 50 ans ! Le permis de construire est délivré le 6 novembre 2009 par Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, et la première pierre de l’édifice sera posée le 20 mai 2010… C’est alors que le FN fait sa réapparition et saisi de nouveau le tribunal administratif.

Pour des places de parking ?

Les places de stationnement seraient la première raison de cette décision. Face à un tel édifice, le FN « juge » que les places de parking sont bien au deçà de ce dont un tel édifice a besoin. Les riverains et commerçants craignent également ne plus pouvoir se stationner après l’ouverture de la Grande Mosquée. Le tribunal administratif se voit donc avec deux recours contre ce projet. Pourtant, la communauté urbaine de Marseille projetait la construction d’un parking de 450 places dans une zone d’activité voisine.

Un permis modifié a été présenté en mai 2011 afin de présenter un projet comprenant ce parking. Mais ce ne fut pas assez pour les riverains et les commerçants qui une fois de plus en juin 2011 saisissent le Tribunal ! « Je ne comprends pas qu’on annule le permis de construire de la mosquée pour ce motif. Pourquoi le parking devrait-il être opérationnel avant l’ouverture de la mosquée ? » s’est interrogé Eugéne Caselli, président de la communauté urbaine MPM. Il a même garantie une amélioration de la desserte par les transports en commun : « Rien ne permet de dire que c’est un parking fantôme » . Ce parking est « juridiquement et financièrement programmé » déclare Grégoire Rosenfeld, avocat de la ville de Marseille lors de la dernière consultation en octobre.

Une décision également justifiée par « l’insuffisance du document graphique permettant d’apprécier l’insertion du projet de construction par rapport aux constructions avoisinantes, son impact visuel ainsi que le traitement des accès et du terrain ».

D’autres raisons inavouables ?

Dans un rapport confidentiel des renseignements généraux marseillais que le journal La Marseillaise a pu se procurer, on peut y lire certaines préconisations sur la gestion de l’islam à Marseille dont la réduction du nombre de lieux de prières sur la ville. « L’abondance de salles à Marseille est en majeure partie le reflet de divisions de tous ordres, obédientielles, aussi bien que nationalistes, ethniques voire affairistes qui opposent les musulmans marseillais». Le rapport préconise moins de mosquées pour mieux contrôler ce qu’il s’y passe et aider à l’intégration des musulmans de France qui selon eux seraient actuellement en marge de la société.

Ce rapport va plus loin et évoque le statut de la communauté musulmane dans son ensemble. Pour les renseignements généraux les musulmans seraient une « population fragilisée, peu informée et peu cultivée y compris sur les préceptes de sa propre religion, se retrouvant entre les mains d’imams auto-proclamés, guère plus compétents que leurs ouailles mais suffisamment charismatiques pour obtenir leur suivisme ». Ils ajoutent « Si rares sont les individus radicalisés au point de soutenir les jihadistes, le fondamentalisme aurait progressé au point de gagner la majorité de la population musulmane ».

Face au manque de place pour prier que rencontrent les musulmans marseillais, cette décision parait illogique. Néanmoins quand on étudie de prêt les propos des renseignements généraux on comprend bien que seuls les histoires du parking et des riverains n’ont pu faire fléchir le tribunal administratif dans sa décision.

Par Oum Zahra

By Younes

7 thoughts on “Marseille : le permis de construire de la grande mosquée annulé”
  1. Consternant !
    L’islamophobie a malheureusement encore de beaux jours devant elle.

    A Marseille, il y a un grand nombre de moussala(salle de prière) mais réellement aucune véritable mosquée avec un bâtiment digne de ce nom.
    L’effondrement de ce projet et regrettable.

    Quand on voit la différence entre l’île de France et la région marseillaise, on est frappé de la différence de réactivité et mobilisation des musulmans.
    Partout où en 10ans en île de France, chaque grande ville a maintenant sa mosquée, où les croyants se sont regroupés en association et ont financé leur lieu de culte; à Marseille le constat est bien différent!
    Il est grand temps aux musulmans marseillais de faire un sitting devant la mairie à chaque prière du vendredi, par milliers, et de tout bloquer, afin de faire plier la politique injuste et le double jeu de la mairie!

  2. assalamou ‘alaykoum,

    Bienvenue dans le pays le plus islamophobe d’Europe (du monde ?) même un Bush (va-t-en-guerre) jadis avait critiqué la France à propos des libertés religieuse (voile à l’école) c’est dire.

    Cela dit, et sans vouloir faire de grand-écart, le rapport des RG (DCRI plutôt. RG+DST) certes accablant, n’est pas faux. On a un énorme problème comportemental qui empêche d’ôter toute critique chez nos adversaires. J’en veux pour preuve les stationnements toujours gênant lors des joumou’a dans différentes mosquées que je fréquente (bien que des places plus lointaine existent), malgré les rappels à l’ordre incessants. Résultats : le projet de construction de mosquée de ma ville se voit attaquer par les riverains et la municipalité à cause… des stationnements toujours gênant les vendredis à tel point que les passants sont contraints de marcher sur la route !

    Il y a un travail à faire à ce niveau là. Wa-Lahu a’lam.

    1. as salam aleykoum

      je rejoint cette remarque d’ailleurs les imams n’arretent pas de rappeler à nos frères et soeurs l’importance du civisme et le comportement du musulman …

  3. Les renseignements généraux qui veulent réduire le nombre de lieux de prières (musulmans) : Où quand l’Etat crache sur son principe de laïcité. En même temps je les comprend, c’est fatiguant d’avoir une loi qui interdit à l’Etat de s’interposer dans le religieux quand on réalise que la religion d’Allah est au dessus de l’Etat.

  4. sachant que pour construire une mosquée il faut etre proprietaire du terrain, ça ne m’étonne pas du tout qu’il y ait eu un probleme, il y a surement une raison positive à cette décision
    el hamdoullah ala kouli hel 🙂

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