Marine Le Pen : une laïcité à deux vitesses ?

Inconnue de tous il y a encore quelques semaines, la rue Myrha du 18 ème arrondissement de Paris  est devenue en quelques jours l’objet de tous les débats.  Depuis plusieurs années, faute de place dans les mosquées du coin, chaque vendredi de 12h à 14h la rue est immobilisée afin que les fidèles accomplissent la prière. Le problème est connu des autorités puisque c’est la police elle même qui encadre le barrage mais l’occasion était trop belle pour Marine Le Pen de faire son beurre électoral sur le dos des musulmans qui ont remplacé les « bougnoules » au menu du front national.

Les musulmans nouvelle cible de Marine Le Pen ?

Longtemps le front national s’est cherché. Bien que le fond de commerce du parti ait toujours été la lutte contre « les arabes et les noirs » traduisez en politiquement correct, la lutte contre l’immigration, à plusieurs reprises la justice a condamné Jean Marie Le Pen pour des propos antisémites pire, pour apologie de crimes de guerre lorsque  le chef du FN édita  par exemple un disque sur lesquels on pouvait entendre « un hymne du parti nazi »  et  » Vive Hitler » ou lorsqu’il qualifia de « détail de l’histoire »  les chambres à gaz  qui durant la seconde guerre mondiale ont servi à tuer des milliers de juifs :

«J’ai dit que les chambres à gaz étaient un détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale : ça me paraît tellement évident»

Le patriarche de la famille Le Pen compte à son actif plus de 25 condamnations pour des faits similaires mais aujourd’hui les provocations antisémites semblent dépassées et  ne plus rapporter sur le plan électoral, la nouvelle cible du front national c’est l’islam et les musulmans.

« Tel père, tel fils » dit le dicton mais Jean Marie n’a pas eu de fils. Aujourd’hui, Marine Le Pen emprunte le même chemin que son père et multiplie les provocations à l’égard de l’islam et de la population musulmane tout en usurpant la cause de la laïcité ou  de la lutte contre l’islamisme. Elle s’était auparavant illustrée en proposant l’interdiction du hijab dans les lieux publics, aujourd’hui elle aguiche à nouveau un électorat nostalgique d’une certaine époque en comparant les prières de rues de la rue Myrha à l’occupation nazie :

« Maintenant, il y a dix ou quinze endroits où, de manière régulière, un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires. C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes y a pas de blindés, y a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même »

Une laïcité à deux vitesses ?

On peut effectivement parler d’usurpation de la laïcité ou de laïcité à deux vitesses, puisqu’elle celle ci n’est mentionnée que lorsqu’il s’agit de l’islam et de pratiques musulmanes. Lorsque les musulmans prient dans la rue du fait que les mosquées ne suffisent à accueillir les fidèles, on parle de violation de la laïcité mais lorsque d’autres communautés célèbrent leurs fêtes religieuses sur la place publique, la classe politique n’y voit pas d’inconvénients et dans certains cas les jardins des Hôtels de ville sont même mis à disposition.

Ce fut le cas il y a quelques jours lors de la célébration de la fête juive Hanoukka. A Nice, le maire UMP Christian Estrosi a mit à disposition de la communauté de juive la Place Masséna afin d’y allumer le chandelier spécial à huit branches.

A Pontault Combault dans le département de la Seine et Marne (77), c’est dans le jardin de l’hôtel de ville qu’a été célébrée la « fête des lumières ». Deux autres allumages publics de chandeliers ont été organisés dans le département, le premier à Bussy Saint Georges et l’autre à Melun.

Il ne s’agit pas ici de pointer du doigt telle ou telle communauté pour pouvoir justifier notre propos mais de dénoncer la subtilisation de la laïcité faite par Marine Le Pen à des fins électorales et politiques quand il s’agit de la population musulmane. Laïcité qui n’est en fait qu’un masque pour le Front National qui a fait de la lutte contre l’islamisation, voir  contre la pratique de l’islam tout court son nouveau cheval de bataille, preuve en est le récent recours contre la construction de la mosquée d’Avallon.

Crédit Photo : Christian Estrosi, Chabad

By Younes

One thought on “Marine Le Pen : une laïcité à deux vitesses ?”
  1. Marine Le Pen est certes courageuse mais pas téméraire. S’en prendre aux musulmans ne fait courrir aucun risque tandis que s’en prendre aux juifs c’est une autre paire de manches. Un certain Corneille a dit dans sa fameuse pièce de théâtre: »A vaincre sans péril on triomphe sans gloire! »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *