L’histoire des musulmans de Chine et ce qui se cache derrière leur persécution

Plus d’un million de musulmans ouïghours sont détenus dans des centres de détention dans l’extrême ouest de la province du Xinjiang, en Chine.

Les dirigeants et experts ouïghours situés en dehors de la Chine ont averti que la situation pourrait empirer et qu’un «meurtre de masse» ne pouvait être exclu. Avec plus de 10% des Ouïghours détenus contre leur gré, il s’agit de la crise humanitaire la plus grave et la plus négligée des 10 dernières années.

Pourquoi cela se produit-il et qu’est-ce qui fait que le gouvernement chinois considère les musulmans comme une menace ?

L’Islam en Chine

J’ai étudié la longue histoire des musulmans en Chine. La Chine actuelle abrite une importante population musulmane – environ 1,6% de la population totale, soit environ 22 millions de personnes.

Ce ne sont pas des nouveaux arrivants. L’Islam a été introduit en Chine par des envoyés du Moyen-Orient qui ont voyagé pour rencontrer l’empereur Gaozong de la dynastie Tang dès le septième siècle.

Peu de temps après cette visite, la première mosquée a été construite dans le port de commerce sud de Guangzhou pour les Arabes et les Perses qui voyageaient autour de l’océan Indien et des mers de Chine méridionale. Pendant ce temps, les marchands musulmans s’établirent dans les ports chinois et dans les comptoirs de la Route de la Soie. Cependant, ils ont vécu séparés de la majorité chinoise Han pendant cinq siècles.

Cela a changé au 13ème siècle sous la dynastie mongole Yuan, lorsque les musulmans sont venus en Chine en nombre sans précédent pour servir d’administrateurs pour les nouveaux dirigeants qui étaient les descendants de Ghengis Khan, fondateur de l’empire mongol.

Les Mongols avaient peu d’expérience dans la gestion de la bureaucratie de l’empire chinois et se sont tournés vers les musulmans des villes importantes de la Route de la Soie comme Boukhara et Samarkand en Asie centrale pour obtenir de l’aide. Ils ont recruté et déplacé de force des centaines de milliers d’Asiatiques centraux et de Perses pour les aider à gouverner leur empire en expansion à la cour des Yuan.

Après que Ghengis Khan ait conquis une grande partie de l’Eurasie au 12ème siècle, ses héritiers gouvernèrent différentes parties du continent, conduisant à une période de paix et de prospérité sans précédent. Cela permit aux cultures de s’épanouir et aux biens et aux idées de voyager plus librement. Cela rapprocha de façons nouvelles les traditions culturelles de la Chine et du monde musulman.

Pendant environ 300 ans – pendant la dynastie Ming – les musulmans continuèrent à exercer une influence sur le gouvernement.

Zheng He, l’amiral qui dirigea les flottes chinoises lors de voyages exploratoires et diplomatiques à travers l’Asie du Sud-Est et l’océan Indien, était un eunuque musulman. Sa familiarité avec l’arabe – la lingua franca de l’océan Indien – et sa connaissance des traditions sociales associées à l’islam firent de lui un choix idéal pour diriger ces voyages.

 

Persécution pendant la révolution culturelle

Au 18ème siècle, la relation entre les musulmans et l’État en Chine commença à changer. Cette période fut témoin de violents affrontements alors que l’État tentait d’exercer un contrôle plus direct sur les territoires où vivaient la majorité des musulmans.

La dynastie Qing, qui a duré de 1644 à 1911, marqua une période de croissance démographique et d’expansion territoriale sans précédent. Pendant cette période, les populations musulmanes se sont heurtées aux dirigeants Qing et se révoltèrent à de nombreuses reprises.

De nombreuses révoltes furent organisées pour s’opposer à l’afflux de migrants, qui venaient des régions surpeuplées de Chine vers des régions qui n’étaient auparavant pas sous contrôle chinois direct. Ces révoltes furent violemment réprimées par l’État, mettant fin à une longue période d’entente avec les musulmans en Chine.

Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, les ethnographes et les anthropologues ont divisé les personnes qui vivaient à l’intérieur des frontières du nouvel État en 56 groupes ethniques sur la base de critères relativement ambigus, tels que le partage de la langue, du territoire, de l’histoire et des traditions.

Parmi ces groupes, 10 sont désormais reconnus comme des minorités musulmanes. Ils sont, par ordre décroissant en fonction de la taille de leurs populations les : Hui, Ouïghour, Kazakh, Dongxiang, Kirghize, Salar, Tadjik, Ouzbek, Bonan et enfin Tatar (actuellement au nombre d’environ 5000).

Dans les premières années qui suivirent la création de la République populaire de Chine, les musulmans jouissaient d’une liberté religieuse relative. Cependant, pendant les premières années chaotiques de la Révolution culturelle entre 1966 et 1969, les mosquées furent dégradées, les copies du Coran détruites, les musulmans interdits de faire le pèlerinage religieux du hajj et l’expression de toutes les croyances religieuses fut interdite par les gardes rouges communistes.

Après la mort de Mao Zedong en 1976, les communistes adoptèrent des politiques plus souples envers les communautés musulmanes.

Silence des dirigeants mondiaux

Mais les tensions se sont intensifiées depuis le 11 septembre et ont atteint un point d’ébullition en 2009 lors d’émeutes ethniques entre les Ouïghours et les Chinois Han dans toute la province du Xinjiang. Depuis lors, l’État chinois a progressivement et discrètement augmenté les restrictions sur les mouvements et la culture des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes.

Au cours des 18 derniers mois, ces tensions ont été exacerbées par l’incarcération illégale de musulmans vivant dans la région ouïghoure de l’ouest de la Chine. Une campagne qui a commencé avec les Ouïghours est maintenant étendue aux Kazakhs et à d’autres. Il y a de plus en plus de preuves que les Hui sont également confrontés à des restrictions croissantes.

Des travaux récents montrent également que l’islamophobie en Occident encourage l’islamophobie en Chine, les dirigeants mondiaux étant disposés à garder le silence sur le traitement des musulmans.

 

Source

 

By Younes

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