Suite aux nombreuses manifestations des Rakhines, l’organisation Humanitaire Médecin Sans Frontières, a été contrainte d’arrêter toute activité dans l’Arakan, région où se concentrent les Rohingyas, peuple musulman persécuté dans le pays. L’Etat birman accuse l’ONG de manque de transparence. Cela ressemble bien à une volonté d’éviter que des personnes voient la véritable situation, et le massacre des musulmans perpétré par des activités bouddhistes en complicité avec les autorités. Pourtant MSF est la seule assistance médicale dont disposent les Rohingyas.

MSF contrainte de quitter l’Arakan

Ce mois de février, des bouddhistes ont accusé l’ONG MSF d’accorder un traitement préférentiel aux musulmans Rohingyas dans l’état d’Arakan.
En réalité, des activistes bouddhistes n’ont pas apprécié l’implication de MSF pour soigner les blessés musulmans qui ont été attaqués en janvier dernier. Les autorités locales accusent l’ONG d’avoir donné  de « mauvaises informations »  sur la mort de plusieurs musulmans Rohingyas, autrement dit, elle aurait menti sur le nombre. Ces informations ont été confirmées par le Bureau du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme des Nations Unies, mais les bouddhistes de la région estiment que MSF est la seule source de ces chiffres et qu’elle aurait menti, et donc de manquer de transparence.
Les manifestants bouddhistes anti-MSF ont refusé l’invitation au dialogue de l’ONG. Ils ont été par la suite soutenus par le Président, Thein Sein, qui a ordonné à MSF de quitter l’Etat. Finalement, le Gouvernement a revu sa position, en interdisant seulement leur présence dans l’Arakan, là où se concentrent les musulmans, les Rohingyas, un Etat qui traverse une crise médicale humanitaire de grande ampleur. 

Selon les autorités birmanes, les violences du mois de janvier n’ont fait qu’un seul mort, alors qu’MSF, qui travaille sur le terrain en a compté au moins 48.

MSF, la seule ONG médicale présente dans l’Arakan

MSF était présente dans le pays depuis 1992. MSF tient à son principe de neutralité, en soignant tous les blessés des violences, quel que soit son camps, ses origines, sa religion. Depuis le retour des massacres en 2012, MSF soignait les blessés dans une quinzaine de camps de déplacés, dans l’Etat d’Arakan. La quasi totalité sont musulmans, et leur situation est alarmante. Des maladies se sont répandues et ont provoqué la mort de nombreux musulmans Rohingyas. MSF était la seule assistante médicale présente dans cette région de la Birmanie. Elle était jusqu’à présent la seule à offrir des soins dans ces camps. Les musulmans n’ont pas la liberté d’aller et venir. Ils ne peuvent sortir de ces camps. Ils ne peuvent d’accéder aux hôpitaux.

La position du Gouvernement est donc clair à l’égard de MSF : ne soyez pas présents où se trouvent les musulmans, c’est-à-dire l’Arakan. C’est la dernière aide médicale que les musulmans pouvaient bénéficier.

Beaucoup d’humanitaires et de militants ont tiré la sonnette d’alarme sur ce génocide des musulmans de Birmanie. L’Etat a déjà été accusé de crimes contre l’humanité à l’encontre des Rohingyas, notamment par l’ONG Fortify Rights qui a publié un rapport le 25 février et qui dénonce les restrictions mises en place par le Gouvernement birman pour limiter les libertés fondamentales des Rohingyas. Cette ONG de défense des Droits de l’Homme qualifie ces violations de crimes contre l’humanité. Vous pouvez retrouver le rapport ici : Rapport de Fortify Rights.

D’après des contacts sur place du Collectif Hameb, les aides alimentaires ne sont plus autorisées et les Rohingyas sont toujours menacés d’expulsion.

L’ONU, et les Etats demeurent passifs face à ce massacre. Aucune mesure concrète n’a encore été prise.

A notre échelle, nous pouvons déjà relayer les informations afin de sensibiliser un maximum de personnes, et soutenir les associations qui oeuvrent pour leur venir en aide, sans oublier nos invocations.