Par : Tamime Khemmar.

Le jeûne est recommandé lors du mois de Cha’bân car, comme le Prophète [ﷺ] nous l’a appris, c’est le mois où les œuvres des hommes sont élevées auprès d’Allah et Lui sont présentées. En effet, il y a deux sortes de présentation des œuvres à Allah.

– L’une est bihebdomadaire : le lundi et le jeudi ;

– L’autre est annuelle : lors du mois de Cha’bân.

C’est pour cela que le Prophète [ﷺ] prenait soin de jeûner lors de ces deux occasions.

Qu’y a-t-il de meilleur pour le serviteur dévoué que d’être dans cet état de soumission, d’humilité et de privation de tout ce qu’il aime, lorsque ses œuvres sont exposées au Seigneur et Maître suprême ? Peut-être que cette humilité lui apportera un grand pardon pour ses mauvaises œuvres ou un surplus de récompense pour ses bonnes œuvres.

Aussi, le jeûne de Cha’bân, ainsi que tout autre jeûne surérogatoire, en plus de ses bienfaits connus, prépare le musulman au grand jeûne de Ramadân.

Celui qui a l’habitude de jeûner, entame le jeûne de Ramadân en toute sérénité et au lieu de fournir un grand effort pour accomplir le jeûne, vu qu’il en a l’habitude, il se livrera dynamique à toutes les autres œuvres bienfaisantes (réciter le Coran, accomplir la salât, s’occuper des parents et des proches, nourrir les pauvres, etc.) et profitera ainsi amplement de ce mois béni.

Quelles sont donc les choses non prescrites que commettent beaucoup de gens lors du mois de Cha’bân ?

1/Il n’y a aucun mérite dans la nuit de la moitié de Cha’bân car les hadîths rapportés à propos de ses vertus ne sont pas authentiques. Le fait de veiller durant cette nuit ne rapportera rien à son auteur, car c’est une nuit qui est pareille à toutes les autres.

2/Beaucoup de gens pensent que c’est lors de cette nuit que sont fixées les prédestinations des hommes. Cela est faux, car c’est lors de Laylat Al-Qadr que cela se passe, comme Allah l’a stipulé dans le Coran, dans sourate Ad-doukhân (S : 44/A : 3 et 4) :

(Nous l’avons révélé[1] durant une nuit bénie. Nous fûmes toujours Avertisseur. 3 Durant celle-ci est prédestiné tout ordre hakîm (sage et parfait).)

Or, la nuit où a été révélé le Coran est certainement Laylat Al-Qard, car Allah, élevé soit-Il, a dit à propos de la révélation du Coran dans sourate Al-Qadr (S : 97/A : 1) : (Nous l’avons révélé lors de Laylat AL-Qadr (la nuit de l’honneur et du mérite).) Qui se trouve sans le moindre doute dans le mois de Ramadân.

3/Il n’y a aucun mérite à spécifier cette nuit par une œuvre comme : offrir un repas spécial. Il en est de même pour celui qui spécifie ce mois par une offrande qu’il immole et distribue. Par contre, il est recommandé de nourrir les pauvres et d’immoler pour Allah en tout temps et le plus souvent possible, durant toute l’année, comme tout le reste des œuvres surérogatoires.

Comment se fait-il qu’une œuvre bienfaisante qu’on accomplit recherchant le surplus de bien, la satisfaction d’Allah et Sa récompense peut-elle être interdite ?

Ce n’est pas l’œuvre bienfaisante en elle-même qui est interdite, mais c’est le fait de vouloir se rapprocher d’Allah pas une œuvre qu’Il n’a pas prescrite qui est interdit. Dans notre cas par exemple, ce n’est pas le fait d’offrir un repas qui est interdit, mais c’est le fait de le faire la nuit de la moitié de Cha’bân, chaque année, recherchant en cela la satisfaction d’Allah. Ceci est un culte, une ‘ibâda (acte d’adoration) – du moment qu’elle est spécifiée par une date fixe –  qui est voué à Allah. Or, toute ‘ibâda (culte) n’est acceptée que si elle remplit deux conditions :

1/Elle doit être vouée exclusivement à Allah, sans aucun associé.

2/Elle doit suivre la guidance du Prophète [ﷺ].

Celui qui invente un culte n’a pas suivi la guidance du Prophète et son culte inventé qui s’appelle : bid’a, le rend coupable des infractions suivantes :

1/Il dément la Parole d’Allah, élevé soit-Il, qui dit (S : 5/A : 3) :

(Aujourd’hui, J’ai parfait votre dîn (religion).)

Or, ce qui est parfait n’a besoin ni de rajout ni de complément.

2/Il s’est placé comme associé à Allah dans la prescription des cultes qu’Allah a établis aux hommes afin qu’ils accomplissent Son adoration.

3/Inventer un culte que le Prophète [ﷺ] n’a pas prescrit – malgré le fait que ceci soit sa mission principale – implique que :

a/Le Prophète [ﷺ] ignorait ce culte.

b/Le Prophète [ﷺ] connaissait ce culte, mais l’a laissé sous silence et ne l’a pas transmis.

Dans le premier cas, il a traité le Prophète d’ignorance et dans le deuxième cas, d’incompétence et de dissimulation.

5/Ceci encourage les gens à modifier la Charî’a (législation) d’Allah et à y inclure tout ce qu’il leur plaît.

6/Inventer des cultes aura pour effet de diviser la nation en factions opposées et antagonistes, car chacun inventera sa propre doctrine et accusera l’autre d’hérésie et le combattra.

7/Celui qui invente un culte se verra occupé par sa bid’a et sera éloigné de ce qu’Allah a réellement prescrit. En effet, tout culte inventé anéantit un culte prescrit et agréé par Allah.

Il y a dans la Charî’a d’Allah qui se trouve dans Son Livre révélé et dans la Sounna authentique de Son Prophète [ﷺ] une ample suffisance à celui qu’Allah a guidé vers la rectitude et la bienfaisance. Ce dernier n’aura besoin de personne pour lui apprendre comment adorer son Seigneur ni comment gagner Sa satisfaction, qu’Allah en soit loué.

Remarque pour les fervents serviteurs[2] : Il est permis de jeûner les trois mois consécutifs : Rajab, Cha’bân et Ramadân.

Allah est le plus Savant.

Notes de l’auteur :

[1] Le Coran.

[2] Hommes et femmes.

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