Par Tamime Khemmar
Lorsque ‘Aws ibn Thâbit mourut, il laissa une veuve qui s’appelle ‘Oum Koujjah et trois filles.
Deux des cousins du défunt, Souwayd et Ajrafah, s’emparèrent de sa succession et n’en donnèrent ni à sa veuve ni à ses filles.
La coutume lors de la Jâhiliyyah voulait que les femmes et les enfants n’aient aucune part à la succession, même si l’enfant était un garçon. Les seuls qui héritaient étaient les hommes forts.
-On ne donne qu’à celui qui combat et apporte le butin. Disaient-ils.
‘Oum Koujjah vint voir le Prophète [ﷺ] et lui dit :
-Messager d’Allah ! ‘Aws ibn Thâbit est mort et il m’a laissé des filles et je suis sa femme. Je n’ai pas de quoi dépenser pour subvenir aux besoins de mes filles. Or, leur père a laissé de grands biens qui sont chez Souwayd et Ajrafah (les cousins). Ils ne m’ont rien donné et n’ont rien donné, non plus, à mes filles qui sont sous ma charge et n’ont ni de quoi manger ni de quoi boire.
Lorsque le Messager d’Allah [ﷺ] les convoqua, ils lui dirent :
-Messager d’Allah ! Ses enfants ne montent pas le cheval, ne prennent pas en charge les faibles et ne tuent pas l’ennemi.
Allah, soubhânah, révéla alors ce verset, (S : 4/A : 7)
(Les hommes ont une part de ce que les deux parents et les proches ont laissé et les femmes ont une part de ce que les deux parents et les proches ont laissé, que l’héritage soit petit ou grand, une part prescrite.)
Allah, soubhânah, abrogea la loi de la Jâhiliyyah, qui signifie : période de l’ignorance, et qui méritait pleinement ce nom, car cette période qui précéda la venue de l’Islam, qui apporta sa lumière et sa justice, était une longue période sombre et cruelle.
La Jâhiliyyah, la période de l’ignorance préislamique
Nul doute que le fait d’appeler cette période par ce nom : « Jâhiliyyah » qui dérive de « Jahl » qui signifie tout simplement l’ignorance ne fut que parce que la plus grande caractéristique de cette longue période était : l’ignorance.
L’ignorance dans tous les domaines :
-Celui de l’adoration et de l’unification d’Allah, qui extrait l’homme et la femme de la soumission à leur Miséricordieux Créateur et les jettent dans la soumission aux créatures faibles et avides ;
-Celui de la moralité, où les mauvaises mœurs et les coutumes injustes prennent la place des belles vertus et des coutumes réformatrices ;
-Celui de la science, de l’intelligence et de la raison, où l’ignorance, l’illogisme et l’imitation des opinions sans fondements des anciens prévalaient sur la réflexion, la méditation et le raisonnement basés sur les preuves et les arguments ;
-Celui de la société, où les forts dominaient et s’accaparaient tous les droits, injustement, et au détriment des faibles comme les enfants et les femmes… et dans bien d’autres domaines.
Question importante : Est-ce que cette ignorance affectait seulement les Arabes ?
Cette sombre et cruelle ignorance était générale, comme en témoigne le hadith du Prophète [ﷺ] :
« Allah regarda les gens de la terre. Il les méprisa, les Arabes comme les non-Arabes, sauf quelques-uns qui restaient des Gens du Livre »[1] Qui sont ceux qui tenaient toujours à leur vraie religion : celle qui fut révélée à Jésus [ﷺ].
Le grand mérite des Arabes est le fait qu’ils ont conservé le récit de leur période d’ignorance, lorsqu’ils en furent sauvés par Allah avec la venue de Son Messager Mouhammed [ﷺ] afin de se rappeler toujours l’abîme dans lequel ils vivaient et de s’en méfier toujours. Et de ne jamais oublier la grande faveur d’Allah : l’Islam et le grand privilège dont ils profitent toujours.
Ceci sera plus apte à les inciter à préserver l’Islam et ne jamais le négliger.
La fin de l’histoire
Lorsque Allah montra à Son Prophète [ﷺ] comment partager la succession de ‘Aws ibn Thâbit, il envoya un messager à Souwayd et Ajrafah (les cousins) et leur dit :
« Donnez à ‘Oum Koujjah le huitième de la succession, à ses filles les deux tiers et le reste des biens vous revient. » Récit rapporté par Al-Baghawî dans son tafsîr.
Notes de l’auteur :
[1] Mouslim (2865)