L’edito de la semaine: Aylan, Ghalleb… et les autres

refugee

(Ce camp de réfugiés Syriens en Jordanie est maintenant la 5ème plus grande ville du pays.)

Dans mon précédent édito, j’évoquais l’histoire des murs, les murs des cathédrales et des mosquées. L’occasion de rappeler que ces bâtisses, aussi belles et grandioses qu’elles puissent paraître, ne font sens et ne changent l’histoire qu’à travers l’histoire des hommes et des femmes qui les peuplent. L’inauguration en grande pompe le 20 septembre à venir de Notre-Dame de Créteil, la première cathédrale du XXIème siècle en Europe, qui aura coûté la bagatelle de 9 millions d’euros (dont 1 million d’euros par la mairie et 400 000 euros par le Conseil Général), et nous dit-on des contributions symboliques de la mosquée et de la synagogue voisines, est peut-être une  tentative de changer justement le cours de l’histoire du catholicisme en Europe… l’avenir le dira. Ce n’est pas vraiment de catholiques dont on parle en ce moment toutefois, mais de chrétiens d’Orient et de musulmans.

Pour commencer, on pourrait se hasarder à corriger tous les raccourcis et erreurs historiques colportés par ces magazines aux couvertures choquantes et ces émissions grand public qui racontent à quel point l’Islam persécute les Chrétiens depuis des siècles en Orient et à quel point l’ « exode massif » des réfugiés musulmans en Europe est un mouvement de population « sans précédent ». Il faudrait rappeler par exemple le sac de Byzance par les Croisés en 1204 et les nombreux autres épisodes de massacre de Chrétiens d’Orient par les Chrétiens d’Occident et mettre en parallèle le comportement exemplaire de Omar ibn Al Khattab, de Salah Eddine al Ayoubi et de leurs successeurs qui expliquent pourquoi on trouve jusqu’à aujourd’hui des chrétiens autochtones vivant en paix dans la région depuis plusieurs centaines d’années. Les évènements récents sont terribles oui, mais ils ne justifient pas de bafouer l’histoire. Il faudrait aussi parler du passé plus récent des migrations en France et en Europe, et rappeler par exemple les chiffres impressionnants des vagues migratoires de l’entre-deux-guerres vers la France (350 000 Arméniens, 150 000 Russes, pas loin de 700 000 polonais, 450 000 républicains espagnols, des dizaines de milliers de juifs…). Face à ces flux, les quelques 24 000 réfugiés que la France a accepté d’accueillir (31 000 en Allemagne) à travers le nouveau et complexe système de répartition décidé par la bienveillante commission européenne semble bien anecdotiques.  Mais laissons d’autres le faire, quand les émotions retomberont…

Car de l’émotionnel, il y en aura eu beaucoup ces dernières semaines avec toutes ces histoires individuelles de « migrants » (ou plutôt « réfugiés » désormais, le glissement sémantique en dit long !) demandant refuge aux grandes nations démocratiques de ce monde, et la réponse exemplaire des populations locales. Aylan Kurdi n’aura pas eu l’occasion de s’exprimer, mais le choc planétaire de sa fin terrible et de celle de son frère Ghalleb aura créé plus d’émoi que le meilleur des discours des tribuns des Nations Unies…

Mais ne soyons pas trop critiques, il y a de belles histoires et de beaux gestes humanistes à saluer. Comme ces héros ordinaires qui accueillent chez eux les réfugiés, ces maires qui ouvrent des centres d’accueil et scolarisent des enfants de réfugiés et ces intellectuels engagés qui renvoient les politiques à leurs cautions morales. Beaucoup de nos frères et sœurs aussi montrent l’exemple souvent en toute discrétion. A l’approche de l’Aïd et des dix meilleurs jours de l’année souhaitons d’ailleurs que les chaînes de solidarité s’activent pour faire de cette fête un élan de générosité et de partage avec tous ces réfugiés près de chez nous. Ajib.fr se fera un plaisir de partager les belles histoires et belles initiatives que vous souhaiterez diffuser.

A côté des expressions du cœur surtout, laissons aussi la raison active. Il y a plus de 60 millions de personnes déplacées par la force à l’échelle mondiale d’après le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, sans compter les apatrides comme nos frères Rohingyas qui malheureusement ne sont pas décomptés dans ces chiffres. La « misère du monde » ne se résume donc pas à ces gens sur les routes que l’on voit près de chez nous. Pour la Syrie seule, c’est moins d’un pour cent des réfugiés Syriens que la France accepte d’accueillir aujourd’hui, bien loin des millions logés en Turquie, Jordanie ou au Liban. Les efforts des consuls honoraires français vendant des embarcations pour faciliter le mouvement des réfugiés (ou s’enrichir sur un trafic nauséabond…) n’y feront rien, la plupart des réfugiés resteront dans ces pays là. D’ailleurs il est bon de noter que d’après les statistiques officielles, près de 70% des réfugiés dans le monde sont aujourd’hui logés par des pays musulmans…

Il faut donc s’organiser pour les y trouver, et diriger une aide humanitaire organisée et professionnelle vers ces camps là, sur la durée. Il faut aussi penser développement et aider à leur créer des opportunités, pourquoi pas en les aidant à créer des petits commerces et des entreprises pour devenir au plus vite autonomes. Les nouvelles technologies ont effacé les frontières allons donc construire là bas le futur des nouvelles générations. Et il faut bien sûr prier pour que les conflits s’arrêtent et que la paix revienne pour que ces frères et sœurs puissent tout simplement rentrer chez eux.

En parallèle il faut continuer à travailler et à se mobiliser en restant fidèles à notre foi et nos valeurs, et garder fermement la foi que le décret d’Allah est juste. On voit beaucoup de personnes douter de l’Islam et des musulmans à cause des évènements terribles autour de nous. C’est un piège à éviter. L’Islam et les musulmans n’ont pas à se justifier d’évènements historiques, mais doivent vivre en les comprenant, en s’y adaptant et en méditant sur les erreurs humaines. En aucun cas il faut douter que la justice reste avant tout justice divine…

« Les vrais croyants sont seulement ceux qui croient en Allah et en Son messager, qui par la suite ne doutent point et qui luttent avec leurs biens et leurs personnes dans le chemin d’Allah. Ceux-là sont les véridiques. »

(Coran, sourate Al Hujurat verset 15)

Auteur de l’article: Ibn Battuta

crédit photo: creditAP Photo/Mandel Ngan, Pool

By Younes

2 thoughts on “L’edito de la semaine: Aylan, Ghalleb… et les autres”
  1. Salam la france le fait pour un intérêt . on approche des élections et ils veulent dédiabolisent la gauche ! maintenant nous musulmans occidentaux nous avons tous un devoir ! nous devons être plus intelligent que et ne pas accepter l injustice faites à l encontre des muslim. nos enfant doivent aller à l école obtenir des diplômes superieurs afin de les cultiver ! lire les histoires de l islam et de la france! la France est un bon pays mais elle perte ces valeurs …

  2. Ils faut expliquer à nos enfants que les interdictions dites (haram) ne sont pas des sanctions mais des protections ! de plus il faut les inciter à étudier la politique la science et l économie car l’islam n est pas que les 5 piliers . c est aussi de la politique de l’économie du social mais c est avant tout une éducation qui nous apprend le respect la générosité la justice la ponctualité ……..

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