Par Tamime Khemmar.
L’une des plus grandes miséricordes d’Allah est le fait de nous avoir transmis puis expliqué tout ce dont on a besoin pour accomplir Ses prescriptions, afin de mériter Sa récompense et de profiter pleinement de notre vie.
Or, tout enseignement n’est complet que lorsque l’on connaît ce qui nous est interdit afin de s’en méfier et de s’en éloigner.
C’est pour cela qu’après avoir passé en revue le tawassoul permis, nous allons voir son contraire qui est : le tawassoul interdit.
Le tawassoul (être exaucé par un moyen) interdit est celui qui emploie un moyen qui ne fut pas rapporté dans le Charc (la législation islamique). Il comporte deux types :
1- Le tawassoul par un moyen annulé par le Charc
Tel que le tawassoul des mouchrikîn (associateurs dans l’adoration) par le biais de leurs divinités. La nullité de cela est on ne peut plus claire.
2-Le tawassoul par un moyen que le Charc a laissé sous silence
Ceci est interdit et représente une forme de chirk (association dans l’adoration).
Tel que le fait d’utiliser comme moyen le jâh (la considération que quelqu’un a auprès d’Allah) en disant : « Allah ! Je T’invoque par la considération que Ton Prophète a auprès de Toi »
Cela n’est pas permis, car cela reviendrait à confirmer un moyen non reconnu dans le Charc.
Aussi, la considération que quelqu’un a auprès d’Allah n’a aucune influence sur l’acceptation de l’invocation, car elle ne concerne ni l’invocateur ni celui qui est invoqué. Elle ne concerne que celui à qui revient cette considération.
Et n’est donc utile que pour ce dernier uniquement.
Le statut du tawassoul (être exaucé par un moyen) par le Prophète [ﷺ]
Il y a trois sortes de tawassoul par le Messager d’Allah [ﷺ] :
1-Le tawassoul par la foi en lui (le Messager d’Allah), par son amour et par son imitation ; ceci est permis de son vivant et après sa mort.
2-Le tawassoul par son invocation, c’est-à-dire le fait que quelqu’un demande au Messager [ﷺ] d’invoquer pour lui. Ceci est permis de son vivant et interdit après sa mort car après sa mort, ceci est impossible.
3-le tawassoul par le jâh (la considération) et l’honneur que le Prophète [ﷺ] a auprès d’Allah. Ceci n’est permis ni lors de sa vie ni après sa mort ; car ce n’est point un moyen valable.
En effet, ceci ne rapportera rien à son auteur ; du moment qu’il ne fait pas partie de son œuvre.
Or, un moyen qui n’a aucun effet ne peut être considéré comme un moyen valable. Allah ne peut être invoqué qu’avec un moyen valable, qui ait un effet sur la réalisation de ce qui est désiré.
La considération que le Prophète [ﷺ] a auprès d’Allah ne le concerne que lui seul et c’est une de ses vertus spécifiques.
Tandis que nous, nous ne pouvons prétendre en profiter. On ne profite en réalité que de notre foi en lui et notre amour pour lui.
Il serait beaucoup plus facile pour l’invocateur de dire : « Allâhoumma (mon Seigneur) ! Je T’invoque par ma foi en Toi et en Ton Messager afin que Tu me donnes ceci et ceci. » Au lieu de dire : « Je T’invoque par la considération que Ton Prophète a auprès de Toi. »
La grâce d’Allah, soubhânah, et Sa miséricorde sont telles qu’Il ne se ferme devant l’homme la moindre porte de prohibition sans qu’Il n’ouvre devant lui d’innombrables portes de permission.
Que le Seigneur des mondes en soit loué.
Peut-on implorer le Prophète [ﷺ] auprès de sa tombe ?
Et si quelqu’un demandait : « Je suis venu auprès du Messager [ﷺ], à côté de sa Tombe, et je lui ai demandé de couvrir mes péchés et de me les pardonner ou d’intercéder pour moi auprès d’Allah. Cela est-il permis ? »
Nous lui dirions : « Cela n’est pas permis. »
Le Messager [ﷺ] ne peut plus demander le pardon pour personne après sa mort car il a dit [ﷺ] : « Si l’homme vint à mourir, son travail s’arrête, à l’exception de trois choses : une aumône courante[1] ou une science qui est utile ou un enfant bienfaisant qui invoque pour lui. »[2]
Le statut du tawassoul par les sâlihîn
Il y a deux types de tawassoul par les salihîn (les hommes bienfaisants) :
1-Le tawassoul par leur invocation, de leur vivant. Il n’y a aucun mal à cela ; car les compagnons employaient le tawassoul par le Messager d’Allah ﷺ c’est-à-dire : par son invocation, lors de son vivant.
Il invoquait Allah pour eux et ils en profitaient.
Aussi, COumar Ibn Al-Khattâb (Qu’Allah agrée) invoqua pour qu’il pleuve par l’oncle du Prophète ﷺ Al-CAbbâs Ibn Al-Mouttalib (Qu’Allah agrée), c’est-à-dire par l’invocation de ce dernier, qui se leva et invoqua Allah.
2-Le tawassoul par leurs personnes, lorsqu’ils sont morts ou absents.
Ceci est d’une part une bidca (culte survenu) et d’autre part un type de chirk (association dans l’adoration).
En effet, c’est une bidca, car ceci n’était pas connu à l’époque du Prophète [ﷺ] et de ses compagnons. Et une forme de chirk, car quiconque croit qu’une chose est un moyen Charcî (légal) alors qu’elle ne l’est pas, a commis un type de chirk.
Allah est plus Savant
Notes de l’auteur :
[1] L’aumône courante est celle qui profite d’une manière continue même après la mort de son auteur telle qu’une mosquée, une école, un puits, etc.
[2] Mouslim (1631)