Le PDG de la société Paprec, spécialiste du recyclage et de la valorisation des déchets, en Seine-Saint-Denis, a décidé d’adopter une charte de la laïcité. Ce texte s’appliquera à tous ses salariés, qui sont près de 4000 personnes. La société innove en la matière puisque c’est la première fois qu’une entité privée adopte une telle charte, bien que les projets de loi pour une laïcité en entreprises ont échoué.

Paprec, pionnière en matière d’imposition de la laïcité dans le secteur privé

La charte dite de la laïcité et de la diversité, comprend huit articles. Le « Devoir de neutralité » et l' »interdiction de signes ou tenues » religieuses y sont rappelés.

Jusqu’à présent nous connaissions les chartes de laïcité dans les institutions publiques,désormais, même des entreprises s’y mettent. La société Paprec est pionnière en matière de « laïcité » dans le secteur privé. « C’est une première en France, un dangereux précédent », comme le souligne Nabil Ennasri sur sa page Facebook.

Comme bien souvent avec ces textes, cette charte vise délibérément la foi musulmane. En effet, elle interdit le port des signes religieux, et vise explicitement le hijab. D’ailleurs, la réflexion autour d’une charte est née de l’affaire de la crèche Baby-Loup. D’ailleurs, dans une interview pour L’Express, le PDG expliquait qu’il voulait protéger par le biais de cette charte ses salariés de « toutes pressions communautaires ». Il avait notamment cité l’exemple de salariées musulmanes qui craignent d’être forcées de porter le hijab, si l’une d’elles est autorisée à le faire.

Le comité d’adoption de la charte aurait été composé de «deux chrétiens et trois musulmans» rapporte Libération qui cite un délégué, Miroslav Rancic. Le PDG de Paprec, Jean-Luc Petithuguenin affirme que la laïcité est « un atout formidable pour promouvoir la diversité ». Selon le PDG, il s’agit d’un acte militant, et un moyen de lutter contre « l’intégrisme religeux ». Il se montre également prêt face à l’éventualité de la saisie des tribunaux qui pourrait contredire cette prise de position, puisque rappelons le, la laïcité, ne s’applique pas au secteur privé, du moins dans le cadre de la législation.

Les tentatives du législateur d’imposer la laïcité dans le secteur privé ont échoué

Le législateur a déjà tenté, a plusieurs reprises d’étendre la laïcité au secteur privé. C’était le cas par exemple en 2006, avec la proposition d’un député PS, Jean Glavanny qui souhaitait proposer aux entreprises de réglementer le port de tenues et de signes religieux.

Nous avons également eu la proposition du député UMP Eric Ciotti au lendemain de l’affaire de la crèche Baby-Loup en mars 2013.  Elle consistait à permettre aux entreprises d’inscrire dans leur règlement intérieur le « principe de neutralité ». Cette proposition a été vouée à l’échec puisque quelques semaines après son dépôt, la commission des lois de l’Assemblée Nationale l’a rejetée. Harlem Désir, premier secrétaire du PS a aussi demandé d’étendre le principe de laïcité aux entreprises privées qui assurent des missions de service public.

L’Observatoire de la laïcité, ouverte officiellement suite à la demande de François Hollande doit notamment faire des propositions sur les questions de laïcité, avec des nominations de personnes qui ont un réel problème avec la visibilité de l’islam.