Le désespoir de voir un jour leur calvaire prendre fin a poussé une nouvelle fois le peuple Palestinien à braver la mort.
Ils étaient des dizaines de milliers à manifester pacifiquement vendredi 30 mars le long du mur de la honte qui les sépare du reste du monde. Entourés de snipers, de véhicules blindés et de centaines de soldats israéliens lourdement armés, ils ont tout de même tenu à participer à la « grande marche du retour ».
Comme à l’habitude, le gouvernement israélien a avancé le prétexte éculé de la sécurité qui lui permet hélas de tirer sans vergogne sur des civils. Et ce vendredi n’a pas fait exception à la règle, seize Palestiniens ont été tués par les soldats israéliens et 1.400 autres blessés par balles réelles pour la plupart.
Tués pour avoir voulu « franchir la frontière », alors que les Palestiniens dont un grand nombre de femmes et d’enfants ont fait le déplacement dans le seul but de manifester leur ras-le-bol de cette situation qui dure depuis des décennies.
Cela n’a pas empêché le général de division Eyal Zamir de dénoncer l’éventualité de prétendues attaques terroristes.
« Nous identifions des tentatives d’attaques terroristes sous le camouflage d’émeutes », a-t-il affirmé sans toutefois prouver ses allégations.
Le droit au retour des Palestiniens sur leurs propres terres perdues en 1948 est la seule raison qui a convaincu les Palestiniens de sortir hors de chez eux pour manifester et scander « On est debout, on existe ».
Un lopin de terre où s’entasse plus de 1.3 millions de réfugiés, la bande de Gaza est au bord de l’implosion dans l’indifférence générale. Les pénuries sont monnaie courante, eau, électricité, produits de première nécessité, soin, médicaments, tout est contrôlé et distillé au compte goutte par l’état hébreu.
« Je n’appartiens pas à une faction, mais à mon peuple », se défend Rawhi Al-Haj Ali, 48 ans, vendeur de matériaux de construction qui dément les rumeurs d’une quelconque manipulation du Hamas.
« C’est mon sang et mon cœur qui m’ont poussé à venir. »
Pour Ghalib Koulab 50 ans arrivé au lieu de rassemblement de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, c’est le même discours : « On veut envoyer un message à l’occupant », résume-t-il en une phrase.
Pour le ministre israélien de la défense Avigdor Lieberman, il s’agit juste de « Provocation » .
Vieillards, gamins, femmes, étudiants, ils ont marché des kilomètres, affluant par milliers dans chacun des cinq lieux de rassemblement situés le long de la frontière.
Un peuple à l’agonie qui tente de survivre tant bien que mal avec les privations et les humiliations quotidiennes imposées par l’occupant israélien.
Le taux de chômage en Palestine occupée est l’un des plus élevé au monde.
« Personne ne travaille » répond Nasser Chrada, 26 ans originaire de Jaffa transformée en cité balnéaire habitée aujourd’hui par de riches israéliens.
Les Palestiniens veulent récupérer leurs terres et leur autonomie comme l’explique l’un des organisateurs de la manifestation, le journaliste Ahmed Abou Irtema.
« On ne veut pas de nourriture ou d’aide, on veut la liberté, le respect de nos droits. C’est aux Israéliens de résoudre ce problème . »
Les Palestiniens se préparent à une mobilisation de masse prévue jusqu’au 15 mai, date à laquelle les américains prévoient de déménager leur ambassade vers Jérusalem.
Un jour à marquer d’une pierre noire qui sera celui de commémoration de la Nakba, la « grande catastrophe » où des centaines de milliers de Palestiniens furent expulsés de leurs terres.