Le principe de laïcité a fait son entrée par la grande porte de la République, une véritable arme servant à encenser les uns au détriment des autres.
Une laïcité institutionnalisée qui s’est doucement imposée dans le domaine public.
L’île de la Réunion avait jusqu’ici été épargnée par cette laïcité à outrance, elle coulait des jours heureux au rythme de sa population métissée. Mais dernièrement le Groupe de dialogue interreligieux (GIDR) est sorti de sa réserve pour dénoncer la dernière circulaire du recteur d’académie, Vélayoudom Marimoutou.
Après avoir rappelé les valeurs de la laïcité et la loi de 2004, le recteur demandait aux chefs d’établissements d’interdire aux élèves de porter « de signes ostentatoires d’appartenance religieuse ou communautaire ».
En réaction, les responsables religieux ont adressé une lettre ouverte au recteur pour faire part de leurs inquiétudes après avoir constaté « qu’un certain nombre de faits tendent à nier des particularismes et des traditions auxquels les Réunionnais sont très attachés ».
Ils regrettent notamment « une volonté d’uniformisation qui ne s’embarrasse même plus de précaution » à précisé le président du collectif, Idriss Issop-Banian.
Le GIDR se base sur la récente visite dans l’île d’une inspectrice générale de l’éducation nationale. Lors de sa visite dans un établissement scolaire, l’inspectrice a pointé du doigt la présence d’élèves coiffées d’un kichali, un voile mahorais et en a blâmé les enseignants.
Monsieur Idriss Issop-Banian regrette que madame l’inspectrice s’attarde sur des points sans importance et en n’oublie les réels problèmes de l’île.
« Pour notre part, nous regrettons que des problèmes soient importés à La Réunion alors qu’ils n’existent pas. D’autres sujets plus cruciaux auraient mérité certainement un peu plus d’intérêt tenant au manque de moyens de notre enseignement public pour une éducation de qualité, connaissant par ailleurs la situation inquiétante en matière de violences à l’école, d’échecs scolaires, et d’illettrisme dans notre île . »
Le GIDR assure qu’il « ne s’inscrit pas dans une opposition au respect de la laïcité » mais que sa seule préoccupation est animée « par le souci vital de préserver nos traditions, nos richesses culturelles, notre identité réunionnaise qui est plurielle et tout simplement notre façon d’être ».
Les responsables religieux s’insurgent contre ce rappel à l’ordre à propos d’une situation qui ne les concerne pas.
« Étions-nous en présence d’une situation telle qu’il y aurait eu prosélytisme religieux, trouble au fonctionnement de la communauté éducative, provocation par un signe religieux ostentatoire ? » Ont-ils rappelé, ajoutant que
« La Réunion est souvent louée pour le “Vivre Ensemble” qu’elle s’enorgueillit de présenter et de cultiver », tout en soulignant qu’ « Il faut en rendre grâce sur ce plan à la sagesse de nos aînés qui ont bâti notre société avec un grand sens des valeurs de liberté, de tolérance, de respect de l’Autre et le sentiment partagé d’un avenir commun ».