Itinéraire d’une française voilée et maire d’arrondissement à Londres, Saima Ashraf

C’est de son bureau de la mairie de Barking & Dagenham que Saima Ashraf observe ‘de loin’ les polémiques sur le voile en France et regrette toutes les générées par l’islam et ses symboles

Saima Ashraf est élue maire-adjointe de l’arrondissement de Barking & Dagenham, et avec son voile s’il vous plait !

Voilà neuf ans qu’elle est maire-adjointe de cet arrondissement de Londres et qu’elle déambule, avec son voile, de son bureau à la salle de l’Assemblée législative, en passant par le centre-ville à la rencontre de ses administrés.

Originaire de Champigny-sur-Marne dans le 94

Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, c’est là que Saima grandit aux côtés de ses trois soeurs, d’une mère au foyer et d’un père ingénieur puis commerçant. « A cette époque, ma ville est un symbole de la diversité et je m’inspire de toutes les cultures que je côtoie », se remémore cette Française d’origine pakistanaise.

A Londres, je suis gâtée : ici, je ressens l’égalité, la vraie, et la liberté

Déçue par la tournure des événements au regard de l’Islam en France et les propos et les comportements envers les musulmanes.

En 2016 déjà, elle réagissait à l’affaire du burkini dans un article intitulé : « Regards changés et langues déliées : des musulmanes évoquent l’Europe d’aujourd’hui », publié dans le New York Times. « Je constate avec tristesse que rien n’a changé depuis. J’ai l’impression que la France tourne en rond autour d’un cercle vicieux », confie-t-elle.

En France, je n’aurais jamais pu être élue 

Saima Ashraf ne comprend pas le scandale qui a touché la ville de Dijon le 11 octobre lors d’une session du Conseil régional.

« Il est anormal qu’un élu, censé représenter les citoyens, demande à une mère de quitter une institution à cause de son foulard, tranche-t-elle tout en réajustant son voile jaune safran. C’est absurde, décevant et malheureux. »

La France devenue symbole d’islamophobie et de racisme

Quant au traitement médiatique qui en découle, Saima n’y voit qu’islamophobie et racisme. « On ne peut pas se permettre de dire n’importe quoi, qu’on soit député, ministre, chroniqueur ou polémiste. Les Français ne paient pas une redevance audiovisuelle pour se faire insulter, tacle-t-elle. Ceci dit, même si on s’adresse à elles de manière agressive, je trouve bien que de plus en plus de femmes voilées aient le courage de s’exprimer et de défendre leurs droits à la télé. Bravo à elles ! » 

Après la pluie le beau temps

Après un mariage qui bat fortement de l’aile et un exil presque forcée de quelques années au Pakistan, Saima se retrouve à 25 ans en Angleterre sans parler un seul mot d’anglais.

Saima décide de quitter son époux et se reconstruit doucement mais sûrement, avec notamment l’aide d’une voisine. Après s’être investie au sein d’une association pour apprendre l’anglais, elle rejoint la police en tant que bénévole. « Ça m’a poussée à m’imprégner de la langue et des lois »

« La politique, je suis tombée dedans grâce à une parlementaire qui, un jour, m’a aidée à rédiger un courrier pour mon divorce. » Saima n’est pas en reste et souhaite lui rendre la pareille en s’engageant à ses côtés au Labour party (Parti travailliste).

Politicienne malgré elle

« J’ai eu des problèmes personnels qui m’ont conduit à rencontrer la députée de ma circonscription, qui m’a prise sous son aile. Considérant que j’étais une personne très engagée et ouverte d’esprit, elle m’a demandé de me présenter aux élections municipales. J’ai accepté, notamment car l’extrême droite dirigeait à l’époque la municipalité. Je me suis engagée au parti travailliste et j’ai pris part aux activités du parti localement ».

Saima est élue Deputy leader (maire-adjointe) pour un mandat de quatre ans dès 2010, alors qu’elle parle très peu anglais. La néophyte apprend « sur le tas », observe, gagne en confiance. « Les deux dernières années, je me la pétais déjà et j’élaborais un plan pour virer le maire en place », confesse-t-elle dans un éclat de rire. Saima est réélue en 2014, puis en 2018.

Bizarrement son voile est comme invisible

« Alors qu’on m’en a souvent parlé en France, personne ne m’a interpellée à ce sujet ici », souligne-t-elle. Et ce malgré l’inquiétante montée de l’extrême-droite à ses débuts dans l’arrondissement.

Shake the system

Saima qui suit désormais de loin toutes ces polémiques stériles autour du « voile islamique », reste malgré tout positive et persuadée qu’un jour, en France, les femmes de tous horizons seront représentées sur la scène politique. « Il faut ‘shake’ the system, mais on y arrivera ! »

 

 

By Younes

2 thoughts on “Itinéraire d’une française voilée et maire d’arrondissement à Londres, Saima Ashraf”
  1. Magnifique Exemple.
    Donc on lache rien !!!
    On peut toujours y arriver ne jamais baisser les bras voici la preuve de cette magnifique âme.
    Vive la Diversité, l’Amour et la Paix ❤❤❤❤❤

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