Être musulman aux États-Unis d’Amérique deviendrait-il dangereux ? Dix ans après le 11 septembre, les actes visant l’islam et les musulmans ne cessent d’augmenter sur le territoire américain. Entre 2009 et 2010 on constate une augmentation de 50 % d’actes islamophobes alors que les actes de violence envers les autres communautés ont quant à elles diminuées. Des chiffres inquiétants que dénonce l’Human Rights First (organisation américaine des Droits de l’Homme).

Le musulman cet ennemi national

Les guerres en Irak et en Afghanistan n’ont pas fait « de bien » dans les mémoires des américains, souvent choqués par leur expérience militaire douloureuse face à leur ennemi musulman. Les attentas du 11 septembre ont quant à eux encrés dans les esprits une haine viscérale envers le monde arabe. C’est sous le Président Bush que le mythe du musulman, « ennemi national », est né.

Climat de suspicion constant à l’égard des musulmans et demande de gage de loyauté envers leur patrie : un lourd fardeau pour nos frères et sœurs sur ce lointain continent. D’après une enquête rendue publique en janvier 2010 de l’Institut Gallup, l’Islam est la religion la plus « mal vue » aux États-Unis. Près d’un tiers des américains s’affirment hostiles ou défavorables à l’Islam.

Le monde du cinéma ayant largement contribué à cet amalgame à travers la diffusion « d’images islamophobiques » du musulman qui plante un couteau dans le dos et qui a les canines sur-développées, des stéréotypes dignes de cartoon sans intérêt, le musulman est peint comme un personnage dangereux, peu courageux, souvent ridicule face à la grandeur des héros américains, et en serait même jaloux. Plus de 3000 films américains aujourd’hui donneraient une piètre image des musulmans et de ce fait, de l’Islam.

Des actes islamophobes et racistes aux Etats-Unis

Une frange de la population américaine est réellement portée par la haine. Suite aux attentats, pas moins de 19 meurtres ont été le résultat d’actes racistes accompagnés de 1600 agressions haineuses sur les musulmans, arabes, ou toutes personnes ressemblantes (italiens, sikhs…) en seulement quelques mois. L’islamophobie fait aussi des victimes collatérales.

Au Etats-Unis, il n’est pas rare que la population s’oppose à la construction d’une mosquée, même de manière virulente et passionnée, comme par exemple dans la zone du « Ground Zero », prétextant qu’il faut préserver la dignité des victimes du 11 septembre.

Certains magasins refuseraient de servir les femmes portant le voile, certains français de confession musulmane ont vu leur demande de visa refusée à cause de l’origine de leur nom à consonance arabe. Une association s’est créée en 2010 : la « International Burn a Koran Day » par une église de Floride ; une association organisant tous les 11 septembre une journée internationale qui consiste à brûler de Saint Coran. Récemment, une mosquée au Kansas dans l’ouest du Wichita a été incendiée après avoir reçu durant plusieurs mois des lettres islamophobes, insultant le Prophète de l’Islam (Paix et bénédiction d’Allah sur lui). Et ce n’est pas la seule mosquée victime, car d’après le CAIR (Conseil pour les Relations Americano-Islamique), « beaucoup trop de mosquées auraient été la cible d’incendiaires cette année. »

Le FBI a même été jusqu’à former ses agents sur la religion à l’aide de ce slogan : « Plus on pratique l’Islam, plus on est violent ». Et des « documents du FBI récemment rendus publics montrent que l’agence s’est lancée dans une campagne de surveillance de grande envergure (visant) des mosquées et des Américains musulmans qui ne sont suspectés d’aucun délit », a fait savoir le sénateur démocrate Dick Durbin.

Aujourd’hui, la communauté musulmane de Virginie aux Etats-Unis craint le sentiment anti-musulman qu’ils peuvent inspirer aux autres communautés, et organisent chaque année une prière en la mémoire des victimes des attentats, exigeant une protection renforcée de la part de la police. Un gage de « loyauté » que tous les musulmans des Etats-Unis se doivent d’assumer, comme s’ils étaient directement responsables de ces malheurs. Ils sont d’autre part « forcés » de collaborer activement avec les autorités dans leur « chasse aux suspects » depuis la proclamation du « Patriot Act ». Et l’état se félicite d’avoir déjoué bon nombre d’attentats grâce aux sources des musulmans eux-même.

Et en France ?

En France, le nombre d’actes islamophobes a augmenté de 22 % d’après l’Observatoire des actes islamophobes du CFCM et le ministère de l’Intérieur, et seulement au cours des 9 premiers mois de 2011. Il est craint de la part des associations et organisations musulmanes que ces chiffres n’augmentent face aux élections présidentielles. Des chiffres qui sont pour le CCIF bien en deçà de la réalité, beaucoup de musulmans ne portant pas plainte. Profanation de tombes, de mosquées, agressions aussi bien physiques que morales, Coran brûlés ou jetés, provocations de tous types…

Et incroyable : il est très rare que les criminels soient arrêtés. Le ministre Claude Géant est appelé à « mettre la pression sur ses services pour essayer d’apporter un apaisement et d’arrêter au moins quelques personnes qui ont commis ces actes. » D’après le CCIF, « les dogmes islamophobes se sont solidement enracinés dans les opinions publiques » et « les actes islamophobes n’ont guère plus de place parmi les priorités publiques », les victimes étant peu reconnues et les tribunaux peu saisis.