Islamophobie en France : interview de Samy Debah responsable du CCIF

Face à l’augmentation intense des actes islamophobes dont le dernier en date est la profanation de la mosquée de Marmande, AJIB.fr a voulu donner la parole à un acteur majeur de la lutte contre l’islamophobie si ce n’est l’acteur principal, le CCIF (Comité de lutte contre l’Islamophobie en France). L’association accompli un travail remarquable sur le terrain pour défendre les musulmans face aux discriminations qu’ils subissent. Samy Debah son président accepte de répondre à nos questions.

islamophobie logoPouvez-vous nous présenter le CCIF ?

Le CCIF est né dans le contexte des discussions sur l’interdiction du hijab dans les écoles c’est à dire en octobre 2003. Les débats avaient atteints une violence telle qu’un groupe de personnes a décidé d’agir et de mettre en place une structure qui recenserait et aiderait les victimes de la haine islamophobe en France.

Quelle est votre principale mission ?

Nous avons un objectif principal : celui de faire reculer l’islamophobie en France. C’est un vaste défi car les moyens sont modestes mais les enjeux sont énormes. A l’image de l’Europe, la France doit faire le choix entre deux conceptions de la société : celle que veulent imposer les groupes d’extrême droite et leurs relais dans la droite populiste et dans les groupes laïcistes à savoir une société sclérosée d’apartheid à l’image de celle qu’à connu l’Afrique du sud ou bien celle de l’idéal républicain ou les libertés individuelles sont protégées et où toutes les croyances sont  respectées. Celle du vivre ensemble.

Concrètement, quelles sont vos actions sur le terrain ?
Nous en avons en fait plusieurs : recenser les actes islamophobes, apporter une aide juridique aux discriminés, sensibiliser l’opinion sur l’islamophobie et ses dangers.
Nous le faisons à travers des interventions lors de conférences publiques ou privées ou encore à travers des communications papiers ou électroniques.
La sensibilisation de l’opinion est fondamentale : elle permet aux personnes qui n’ont pas nécessairement accès aux textes de lois de les informer et ainsi pour ceux qui ont été discriminées d’agir pour que leurs droits soient préservés. Nous avons pu engager des requêtes auprès des tribunaux compétents pour les affaires de discriminations que nous avons toutes gagnées mais qui sont avant tout la victoire du droit sur l’arbitraire. (Vous pouvez consulter nos communiqués à ce sujet, le dernier en date )
J’insiste là dessus car il y a une propagande qui a court en France et qui prétend que les musulmans veulent faire évoluer la législation en leur faveur. Les musulmans ne demandent ni plus ni moins que l’égalité et la justice au même titre que n’importe quel citoyen. Et personne n’a le droit de le leur interdire car ce sont des droits naturels imprescriptibles.

Travaillez-vous avec le CFCM, le ministère de l’intérieur ? Vous ont-ils déjà contacté ?

Nous avons une règle au CCIF que nous appliquons depuis le début et à laquelle je souhaite que nous ne dérogions pas : Celle de travailler avec toutes les institutions ou individus musulmans ou pas qui souhaitent combattre l’islamophobie. Ce travail doit se faire pour être  efficace dans la complémentarité et non pas dans la concurrence ou la surenchère.

Qu’attendez-vous du gouvernement français et des institutions ?

Nous attendons du gouvernement français qu’il assume son rôle : celui de garantir l’égalité pour tous. Ce que de notre point de vue il ne fait plus tout à fait depuis qu’il demande au législateur de voter des lois discriminantes et stigmatisantes à l’égard des musulmans certes mais pas seulement. Il y également les Rom, les étrangers ou encore les personnes fragilisées par la crise.
Devons nous comprendre que pour obtenir nos droits il faut que l’on tienne dans une main la constitution et dans l’autre notre bulletin de vote ? Si c’est cette attitude qu’il faut adopter alors il faudra mener campagne dans ce sens mais que l’on ne vienne pas nous faire la leçon sur le respect des principes fondamentaux pour tous les habitants quelque soit leur âge, leur sexe ou leur origine.

Quels sont les difficultés que vous rencontrez ?

Je viens de vous parler du gouvernement qui ne fait respecter la loi que lorsqu’il y a de fortes pressions exercées sur lui. Mais il y a également le manque de moyens dont le CCIF dispose pour faire cet énorme travail. J’en profite pour remercier les  femmes et les hommes qui se battent au sein de notre organisation et qui font un travail formidable de rigueur, pour certains ça relève de l’abnégation. Ils ne comptent ni les heures ni les efforts tellement les dossiers à traiter sont nombreux et qu’ils se sentent un devoir de réussir dans leur travail.
Il y a le manque de moyens financiers pour mener les campagnes de sensibilisation ou pour se faire connaitre.
Le CCIF existe depuis 7 ans et fonctionne essentiellement sur la base du bénévolat. L’explosion de l’islamophobie rend notre tâche plus dure et nous avons besoin des adhérents et des sympathisants pour continuer notre combat, urgent et juste, en fournissant notamment un soutien de qualité aux victimes.

Comment nos lecteurs et les musulmans en général peuvent vous aider ?

Il y a beaucoup de travail comme vous pouvez le constater. Nous avons besoin de personnes motivées et qui prennent la mesure du danger de l’islamophobie sur la paix civile et le vivre ensemble.
Celles qui le souhaitent pourront rejoindre notre pôle juridique soit en tant qu’avocat ou juriste. Nous avons besoin également de personnes pour la veille de sites islamophobes ou pour faire connaitre le CCIF dans leur région et devenir ainsi notre relais et nous remonter les informations sur la situation locale.
Les personnes qui le souhaitent peuvent nous rejoindre en prenant contact avec nous via notre site www.islamophobie.net ou toutes nos coordonnées sont indiquées.
Nous avons également un grand besoin de soutien financier. Nous devons assurer le salaire de trois permanents pour pouvoir aider les personnes qui ne peuvent plus se tourner vers les associations traditionnelles de lutte contres le racisme parce que pour la plupart d’entre elles l’islamophobie n’existe pas !

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By Younes

7 thoughts on “Islamophobie en France : interview de Samy Debah responsable du CCIF”
  1. Salaamu alaykoum,

    J’ai simplement envie de remercier le CCIF pour le travail qu’ils accomplissent; qu’Allah les en rétribue largement et bénisse leur action, amîn.
    Allahi jazikoum bi kheyr.

  2. ASSALAM ALEYKOUM WARAHMATOULAHI WABARAKATOU

    Depuis le jeudi 18 novembre, la salle de prière d’ Epinay est fermée par décision de la mosquée de Paris.

    Une décision arbitraire qui laisse ainsi des milliers de fidèles sans lieu de culte, ces derniers n’ayant pas d’ autres choix que de célébrer la prière du vendredi sur l’esplanade froide de la mairie.
    L’heure est grave nous nous devons au nom de notre liberté de culte agir d’urgence!!!!!

    Musulmans nous vous exhortons au soutient et à la mobilisation !!!!
    Soyez présents aux prochaines réunions de quartier de la ville d’ Epinay pour manifester au Maire notre indignation quant à son dénigrement de la communauté musulmane de sa ville.

    Premier magistrat de la ville et pourtant sourd à nos appels sa seule proposition, qui relève plus du chantage, étant de nous imposer l’imam diligenté par la mosquée de Paris, ce n’est qu’a cette condition que la salle de prière réouvrira.
    Et bien NON, nous ne sommes pas prêt à céder! NON nous ne sommes pas prêts à transiger avec notre religion! NON nous ne nous laisserons pas imposer un imam de la mosquée de Paris!
    Musulmans soyez nombreux à nous soutenir dans le plus grand calme mais avec la plus grande fermeté aux réunions de quartiers:

    – Centre-ville : mardi 30 novembre à 19h30, à l’espace Lumière (6, avenue de Lattre-de-Tassigny)

    – La Source-Les Presles : mercredi 1er décembre à 19h30, à la Maison du Théâtre et de la Danse

    – Prière du vendredi 03 Décembre. Le point de rendez vous est fixée à la mosquée du 26 rue de l avenir à 12h30.

    – Grande manifestation le samedi 11 Décembre au lieu du 04 décembre suite au changement du a l’autorisation de la préfecture.

    Le point de rendez vous est fixée à la mosquée du 26 rue de l avenir à 12h30. Une marche est prévue de la mosquée jusqu’à l hôtel de ville.

    Collectif des membres actifs et démissionnaires de l’association I.M.S
    UAME

  3. L’ ISLAMOPHOBIE : OU LE FOND DE COMMERCE FRUCTUEUX

    Depuis les premières affiches du Front National il y a une vingtaine d’années sur lesquelles on pouvait voir une mosquée avec le slogan « DANS 20 ANS LA FRANCE SERA MUSULMANE ! », le filon de l’islamophobie, qui n’était alors qu’un fond de commerce exploité et non réservé à l’extrême droite , va s’avérer au fil des ans une affaire juteuse politiquement, sur laquelle vont se ruer la droite , la gauche, les paternalistes blancs et même nos basanés. Paradoxalement même ceux qui ont alimenté pendant des années ce fond de commerce et ces diabolisations criminelles , vont profiter de la vague islamophobe actuelle pour tenter de se racheter une virginité démocratique et droit de l’hommiste.

    Depuis les premières affiches du Front National il y a une vingtaine d’années sur lesquelles on pouvait voir une mosquée avec le slogan « DANS 20 ANS LA FRANCE SERA MUSULMANE ! », le filon de l’islamophobie, qui n’était alors qu’un fond de commerce exploité et non réservé à l’extrême droite , va s’avérer au fil des ans une affaire juteuse politiquement, sur laquelle vont se ruer la droite , la gauche, les paternalistes blancs et même nos basanés. Paradoxalement même ceux qui ont alimenté pendant des années ce fond de commerce et ces diabolisations criminelles , vont profiter de la vague islamophobe actuelle pour tenter de se racheter une virginité démocratique et droit de l’hommiste.

    Sans remonter aux prémisses de cette islamophobie hexagonale qui remonte aux temps des croisades , puis des colonies en passant par la Révolution Iranienne puis par l’islamisation par Pierre Mauroy , alors premier ministre , de la lutte sociale de nos parents dans le domaine de l’automobile, en les traitant d’agitateurs Khomeynistes, pour finir par un rapide survol avec le fameux débat sur l’identité nationale impulsé en réalité lors de la dernière campagne présidentielle, et pas seulement ces derniers mois.

    En effet lorsque le candidat Sarkosy avait décidé de siphonner les voix du FN lors de la dernière campagne présidentielle, il décomplexait alors bon nombre d’hommes et de femmes politiques à l’image de Ségolène Royal qui lui emboîta le pas sur la question de l’identité nationale du drapeau, de la Marseillaise et pour finir en pleine campagne par stigmatiser les femmes musulmanes voilées en les amalgamant avec les femmes violées et excisées .

    Puis viendra la campagne pour les élections régionales initiée en vérité bien avant avec le fameux débat sur la « Burqa » puis par celui sur l’identité nationale qui n’avaient pour but que de continuer la stigmatisation des musulmans entreprise lors des présidentielles en particulier.

    Nous avons alors assisté à un véritable déchainement raciste et islamophobe sans précédent , entretenu par des politiques et des intellectuels en passant par les groupes identitaires ou les partis politiques, des attaques symboliques et physiques d’une rare violence et avec une périodicité qui interroge.

    La criminalisation du musulman est dorénavant inscrite sur les murs de la République (d’ailleurs les affiches du Front National avec les minarets et le drapeau algérien, continuent à tapisser nos murs alors qu’elles ont été interdites par la justice) ce qui renforce dans le subconscient collectif l’idée de la dangerosité de ces musulmans pour la France envahie par les minarets et le drapeau algérien très significatif dans notre histoire commune.

    Après cette campagne électorale et les résultats tristement historiques pour les musulmans de France ( le FN a dépassé les 22% au Nord et au Sud du pays et les taux d’abstention dans nos quartiers ont battu tous les records) , nous voyons se dessiner d’autres campagnes islamophobes et racistes annoncées plus ou moins explicitement par un certain nombre de ténors de la droite dont certaines figures nous ont affirmé que le redressement de la France passait par le vote de la loi contre la « Burqa » et d’autres par le fait qu’il fallait revenir aux fondamentaux qui seraient le sécuritaire et l’identité nationale.

    L’analyse faite par ces hommes et femmes consiste à nous dire que si le FN a progressé entre les deux tours , et s’il revient en force, c’est parce que nous n’avons pas tapé assez fort sur les nouveaux bouc-émissaires que sont devenus ces musulmans, et qu’il va falloir s’y mettre pour regagner cet électorat égaré à l’extrême droite. Beau programme face à un chômage galopant, une crise persistante et un avenir incertain ou bouché !

    La droite qui s’est brulée les doigts et a perdu des plumes avec ces débats instrumentalisés ne veut pas tirer les bonnes leçons et s’entête en attisant la haine entre les composantes de la population et des lendemains dangereux .

    La gauche quand à elle s’est contentée lors de ces débats nauséabonds de nous dire que le moment était mal choisi et qu’il s’agissait d’une manœuvre politicienne et électoraliste ce qui sous tendrait que si ces débats et ces stigmatisations avaient lieu lors d’une autre période ils seraient les bienvenus, ou pour le moins compris ou acceptés. Pendant ce temps , une grande partie de cette gauche s’est permis de critiquer le choix du NPA du Vaucluse de présenter une candidate voilée pour les élections régionales, le Quick Halal, ou de nous présenter quelques têtes basanées (nous avons même eu doit aux musulmans bien pratiquants et tout et tout !) pour draguer les banlieues avec leurs noirs et arabo-musulmans , sans présenter la moindre solution aux problèmes endémiques que nous vivons dans nos quartiers populaires et banlieues depuis plus de 30 ans, et dans lesquels la gauche a autant de responsabilité que la droite.

    D’ailleurs un bon nombre de députés de gauche ont contribué , au sein de la commission « Burqa » initée par un député communiste , à jouer de l’islamalgame et de la criminalisation d’une partie de la population, ce qui a permis à certains d’entre eux d’obtenir une notoriété qu’ils n’avaient même pas imaginée en rêve.

    Pour compléter le panorama islamophobe et faussement islamophile nous ne pouvons pas passer sous silence les tentatives de rachat de virginité de la part de certaines personnalités (Bernard Henri Levy, Elisabeth Badinter, Redecker, Sifaoui , Taguieff, Gluksman, etc…et certains satellites du CRIJF) qui ont l’outre-cuidance de signer une pétition contre les affiches du Front National alors qu’à longueur d’années nous subissons leurs attaques dont les effets consistent à nous jeter en pâture à l’extrême droite et à nous mettre au ban de la société et du vivre ensemble.

    Comme nous l’avons constaté l’islamophobie est donc un bon filon électoral, qui a la particularité d’être exploité par la classe politique dans son ensemble, mais aussi et malheureusement par certains acteurs en mal de troupes et qui viennent faire leur marché dans ce vivier important fort de plusieurs millions de citoyens , en vue d’arriver à leurs fins politiques. Le paternalisme que subit la communauté musulmane de France n’est en effet pas toujours blanc comme voudraient nous le faire croire certains. Et le business qui consiste soit à criminaliser les musulmans pour faire carrière politique, soit à les caresser dans le sens du poil pour faire carrière en tant que pseudo-spécialiste , ou enfin de s’ériger en leur porte parole ou leur symbôle en empruntant parfois de manière trompeuse à leur accoutrement vestimentaire ou apparence : (bandana, foulard ou barbe) ne sont que des pièges qui méritent d’être pris sérieusement en considération pour éviter des lendemains douloureux, et éviter aux musulmans de France d’être représentés par des charlatans, ce qui est malheureusement trop souvent le cas.

    Abdelaziz Chaambi

  4. Assalamou ‘alaykoum,

    Existe t-il des tracts à distribuer pour faire connaître et adhérer au CCIF (30€ par an) ?

    Malheureusement tout le monde n’a pas fait des études de droit, et beaucoup ont des obligations professionelles, et donc peu de temps libre pour le bénévolat.

    Ce serait bien que nous adhérions au CCIF dans un premier temps (je suis déjà adhérant. 30€ l’année) ensuite que des volontaires distribuent des tracts dans leur mosquées avec un modèle standard.

    Je me propose d’imprimer et de distribué des tracts s’ils y en a.

  5. BarakAllahou fik pour la recommandation.

    Abou Ibrahim: Wa alaykoum salam, barakAllahou fik pour votre implication; chaque minute compte, si vous pouvez donner ne serait-ce que 10 minutes de votre temps c’est déja pas mal.

    Pour ce qui est des tracts, nous avons des exemplaires imprimés au bureau. Je vous invite à prendre contact avec nous via l’adresse contact@islmophobie.net ou encore au 09.54.80.25.93.

    Ainsi nous pourrons discuter des actions puis vous envoyer nos flyers.
    Vous pouvez également télécharger, imprimer et distribuer notre bulletin d’adhésion en vous dirigeant vers le lien suivant: http://al-kanz.org/wp-content/uploads/2011/05/bulletin-adhesion-ccif.pdf

  6. salam’aleykoum
    je suis adhérente etj’aimerais participer et diffuser l’info sur Rouen et sa région.des actions de proximité diffuser l’infos auprés des associations locales…
    merci

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