Christian Estrosi Député-Maire UMP de Nice est comme Jean François Copé un fervent défenseur de la laïcité et des valeurs républicaines. En bon Républicain, il s’était fermement opposé aux prières de rues des méchants musulmans barbus extrémistes fondamentalistes islamistes qui chaque vendredi viennent tester la République. Le Maire de Nice avait par conséquent proposé leur interdiction ajoutant qu’il fallait favoriser la présence de lieux de culte en nombre suffisant. Une parole non suivie des faits. Alors que l’association Al Baraka s’apprêtait à acheter le local faisant office de salle de prière qu’elle occupait depuis plus de dix ans, Christian Estrosi a décidé d’exercer son droit de préemption et donc empêcher la vente aux musulmans.

La grande mosquée, sous le nez

« Favoriser la présence de lieux de culte en nombre suffisant », une parole que la communauté musulmane niçoise a su entendre d’autant plus qu’au quotidien, les musulmans niçois font face à un problème croissant de place au sein des mosquées de l’agglomération.

Christian Estrosi était durant sa campagne pour les élections municipales plutôt favorable à la construction d’une grande mosquée à Nice mais sous la pression de l’électorat d’extrême droite, le Député-Maire est revenu sur sa décision. Le motif avancé par Christian Estrosi est pittoresque, selon lui les représentants de la communauté musulmane niçoise n’auraient pas formulé la demande d’un lieu de culte d’une grande envergure. Une information que conteste Hamid Soussani vice président de l’association Al Baraka qui évoque des promesses électorales non tenues et la volonté du Maire de Nice de satisfaire l’électorat du Front National.

La salle de prière du centre ville pourrait disparaitre

Christian Estrosi a comme on peut le voir l’habitude de tenir ses promesses. Lors du débat sur l’islam organisé par l’UMP il insistait à dire qu’il était nécessaire pour la communauté musulmane de disposer de lieux de culte dignes.

Là encore, l’association Al Baraka qui gère la mosquée du centre-ville rue de Suisse a entendu le message du Maire et a entrepris d’acheter les locaux de la salle de prière qu’ils occupent depuis plus de 10 ans. Malgré la signature du compromis de vente avec le propriétaire il y a deux mois et la récolte de 161 000 euros afin de clôturer la phase d’achat, le Maire Christian Estrosi a décidé d’user de son droit de préemption et ainsi annuler tout espoir d’achat du local par la communauté musulmane.

Officiellement, cette démarche s’inscrit dans un plan de rénovation urbaine. Officieusement, la présence des musulmans et de la salle de prière en plein centre-ville gêne, d’autant plus qu’elle se trouve à quelques dizaines de mètres de la Basilique de Notre Dame.

La mairie entend racheter le local pour en faire « un lieu associatif, cultuel ou culturel. Rien n’est exclu » explique Auguste Vérola, adjoint au commerce et aux cultes. Il ajoute :

« Le maire, Christian Estrosi, souhaite que chacun puisse pratiquer son culte dans le respect de la loi, sans débordements. […] En préemptant, la Ville veut donc remettre de l’ordre. Quitte à passer des accords avec une ou plusieurs associations musulmanes pour gérer une salle de prière fermée, selon un cahier des charges précis, le tout sous l’égide de la municipalité. »

Si telle était l’ambition de la Mairie, à savoir prendre le contrôle de la mosquée, cela irait à l’encontre du principe de la laïcité qui implique que l’État n’entre pas dans les affaires du culte. L’association Al Baraka indique dans un communiqué vouloir entamer des poursuites au tribunal administratif

L’acte de préemption du Maire de Nice est un acte ISLAMOPHOBE et RACISTE que nous condamnons avec force et que nous allons combattre tant au niveau juridique par la voie d’un recours pour excès de pouvoir devant la juridiction administrative tant qu’au niveau de l’opinion publique.

Crédit Photo : Soliv’r