La réforme du CFCM déjà annoncée à la fin de l’année 2011 est sur le point d’être concrétisée. Fortement souhaitée par Dalil Boubakeur, elle concerne le mode de présidence qui sera désormais tournant.

Le CFCM : un organisme impulsé par Nicolas Sarkozy

Initié en 1999 par le Ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement, la naissance du CFCM est finalement concrétisée par Nicolas Sarkozy en 2003, à son tour Ministre de l’Intérieur, très soucieux d’assurer un contrôle sur l’islam de France. Ainsi, le but du Conseil Français du Culte Musulman est de devenir l’instance représentant les musulmans de France et par conséquent le principal interlocuteur musulman politique pour le gouvernement français.

Cette instance doit donc se charger des dossiers concernant la construction et le financement des mosquées, la formation des imams, l’organisation des fêtes religieuses, etc.

Dès sa création, et malgré les statuts établis par le Conseil, Dalil Boubakeur, alors recteur de la Grande Mosquée de Paris, est directement nommé par le Gouvernement français pour en assurer la présidence. Il a réeffectué un mandat de 2005 à 2008. Par la suite, le RMF (Rassemblement des musulmans de France) a remporté les élections en 2008, avec comme nouveau Président Mohamed Moussaoui.

En juin 2011, Mohamed Moussaoui a été réélu sans grande surprise en raison de la forte représentativité du RMF dans les régions. Rappelons que ces dernières élections étaient particulièrement mouvementées. Elles ont été boycottées par l’UOIF et la Fédération de la Grande Mosquée de Paris. De plus, Dalil Boubakeur s’était opposé au mode de représentativité des représentants en fonction de la superficie des lieux de culte (l’influence dépend donc des mètres carrés de leur mosquée) mais il n’est pas parvenu à obtenir un soutien important.

Ajoutons également à cela la démission de Fouad Alaoui, président de l’UOIF, en raison de l’iniquité des critères d’élection, et sa non représentativité. Tout comme D. Boubakeur, l’UOIF et la Fédération de la Grande Mosquée avaient appelé à une réforme sur la loi électorale, opposées au critère de la superficie des lieux de prières. Leur volonté de reporter les élections afin de réformer le mode d’élection avait d’ailleurs été rejetée par le RMF.

Aujourd’hui, Dalil Boubakeur est le président d’honneur du CFCM. Il a également demandé son intégration au sein du bureau exécutif.

Mais, suite à la victoire aux élections législatives au Maroc du PJD (Parti de la Justice et du Développement) de tendance islamo-conservateur, les autorités françaises s’inquiètent d’une possible influence islamiste sur le pays à travers la majorité du Conseil qui est du RMF (proche du Maroc).

Vers une présidence tournante

L’idée d’une réforme du mode de représentation du CFCM découlerait de cette crainte de l’Etat français soucieux de contenir l’islam, et de ne pas subir de répercussions des élections marocaines. Cette réforme modifiant le mode de gouvernance, permettrait d’avancer la date des prochaines élections, puisque la durée d’un mandat sera écourtée en adoptant le système d’une présidence tournante. En effet, elle vise à réduire la durée de présidence en introduisant un principe de rotation d’une durée de deux ans entre les trois principales composantes du CFCM. Fortement soutenue par Dalil Boubakeur, soucieux de récupérer davantage de pouvoir, l’initiative est le fruit de longues discussions entre la Grande Mosquée de Paris, le CFCM lui-même, et le RMF (Rassemblement des musulmans de France). Cependant, l’UOIF fut le grand absent de ces discussions refusant d’y assister en raison de la contestabilité des conditions de l’élection du CFCM.

Des rumeurs avanceraient que Dalil Boubakeur serait désigné en premier pour commencer la présidence tournante. Peut-être est-ce un compromis afin de soutenir Nicolas Sarkozy aux présidentielles d’avril 2012 ?

In fine, cette réforme est sans doute ni plus, ni moins, une manigance en vue de satisfaire une fin politique.

Le CFCM: une institution contestée à l’intérieur comme à l’extérieur

Quoiqu’il en soit, nul doute que le CFCM, miné par les clivages internes actuels, devra relever de nombreux défis afin de ne pas se décrédibiliser davantage, d’autant plus que l’instance est largement remise en cause par la communauté musulmane française qui ne se sent pas défendue ni représentée. Le CFCM est régulièrement dénoncé en raison de son silence face aux multiples actes islamophobes de plus en plus nombreuses ces dernières années, mais aussi pour son réel manque d’investissement pour le marché du halal, ses élections frauduleuses, ses divisions internes, et son soutien incontestable à l’UMP.

A cet égard, rappelons nous du témoignage de Dalil Boubakeur en faveur de Brice Hortefeux au cours de son procès pour injure raciale, ou encore son admiration pour Israël, allant même justifier à demi-mot leur offensive contre Gaza lors d’une interview pour un quotidien israélien. Même le Ministre de l’Intérieur Claude Guéant, souhaite un «CFCM plus représentatif et moins contesté ».

Profitons en pour reprendre notre petit sondage :

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