La proposition de loi enregistrée à la Présidence du Sénat le 18 décembre 2013, visant à limiter la possibilité d’instruction obligatoire donnée par la famille à domicile aux seuls cas d’incapacité, a le mérite de fait du bruit, et de secouer les foules. Ce n’est pourtant pas la première tentative d’interdiction. L’étau se ressert, petit à petit…
La scolarisation semble devenir le passage forcé, pour tout être humain équilibré et tolérant, dans une société tolérante et égale. Pour certains, plus de place pour une vision différente de l’instruction. Car finalement, le résultat ne compte pas. Et l’on ne parle jamais de ces enfants instruits en famille lorsqu’ils ne sont plus enfants. Peut être parce que finalement ils ne sont pas si différents ?
Ce sont semble-t-il les moyens en France qui priment sur la qualité de l’enseignement. Mais alors que les résultats semblent considérablement alourdir le bilan du système éducatif français, il faut trouver d’autres raisons valables pour obliger les familles souhaitant assumer l’instruction de leurs enfants à insérer leur progéniture dans un système ne respectant pas vraiment ses propres enseignants, et de ce fait ses élèves. Car pardonnez-moi, mais lorsqu’on se penche sur les revendications du corps enseignant, le manque de moyens mis à leur disposition, les résultats catastrophiques de la France dans le classement Pisa ( relire : La France, championne des inégalités scolaires, on a de quoi se questionner sur la légitimité de cette proposition de loi !
Certains pays comme l’Allemagne ou la Finlande ne permettent pas l’instruction en famille. Et à juste titre, même si leurs systèmes peuvent mettre en évidence certaines lacunes (le système parfait peut-il exister ?), le cadre semble favorable à la scolarité, la volonté d’instruire soi-même ses enfants est alors quasi-inexistant. Pourquoi ? Nous pouvons constater dans ces deux pays l’équilibre des élèves et de leurs professeurs. Un équilibre entre la dimension artistique, créative, sportive et l’autre plus théorique, abstraite. Un équilibre entre l’épanouissement du corps enseignant qui est respecté et admiré, et ses élèves qui ont de véritables référents et à qui l’ont a appris à apprendre et à aimer apprendre. L’Allemagne a fait en très peu d’années des efforts considérables, et tend à devenir semble-t-il, une référence en terme de système éducatif.
Mais alors, en France, si l’on ne peut exiger la scolarisation des enfants sur ces motifs qui sont l’épanouissement dans les apprentissages, la disparition des inégalités, les résultats satisfaisants sans stress ni compétition sacrificielle… Comment justifier concrètement cette proposition de loi ? C’est alors que notre bonne vieille socialisation entre en jeu, et est de nouveau traînée sur la place publique. ( Relire : Comment va-t-elle se socialiser ?? ) La socialisation, ou sociabilisation existe depuis qu’existe l’homme. L’école elle, n’existe que depuis qu’il est nécessaire de transmettre des savoirs primordiaux pour le développement de nos sociétés, de nos santés, de nos pensées. L’école est un espace de transmission et d’instruction (et d’éducation depuis quelques dizaines d’années seulement). L’on ne va pas à l’école pour jouer à la récrée, ou alors il faut augmenter leur durée -sic. L’école contribue à la socialisation certes, mais n’est pas en soi LE SEUL moyen de socialiser et heureusement ! Un anthropologue vous le confirmerait sans mal, les sociétés dans lesquelles l’école n’est pas obligatoire ne laissent pas l’amitié, l’amour, les échanges en reste !
L’instruction est importante. Elle est même prioritaire. Mais certains parents souhaitent qu’elle passe par une autre voie que l’école au bout de la rue. Mais… les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. La Miviludes nous l’a rappelé il y a quelques années dans son combat contre les dérives sectaires face à l’instruction en famille. Merci à la sénatrice PS de l’Oise Laurence Rossignol de nous le re-dire. En tant que croyants, nous sommes pourtant les premiers au courant. Notre rôle de parent est bel et bien de prendre soin de ce dépôt que Dieu, dans son immense Miséricorde, nous a confié, afin d’en faire des êtres sains de corps et d’esprit, autonomes et indépendants, sachant faire face à cette vie dur, rapide et parfois violente ! Certes il existe des dérives sectaires, et certes il existe des enfants victimes de ces dérives, mais si mauvaises influences il y a, elles n’épargnent pas les enfants scolarisés.
L’école à la maison est le contraire de l’enfermement. Si l’on allait jusqu’à comparer l’école et l’instruction en famille, on se rendrait très vite compte qu’un enfant à l’école est quatre jours sur sept avec les mêmes enfants (du même âge), le même adulte référent, dans la même classe, et le même petit bout de terrain comme cours de récrée. Cela convient à la majorité des enfants, et à la majorité des parents. Il n’est pas question ici de faire culpabiliser et de faire croire que les enfants scolarisés sont malheureux car c’est faux. Il s’agit de mettre les détracteurs de l’instruction en famille face à leurs propres critiques, et leurs propres limites. Critiques qui me semblent grossières et injustement caricaturales.
Un enfant instruit par ses parents côtoient des personnes de tous les âges, de toutes les cultures, de toutes les religions. Il s’enthousiasme tout le temps, surtout lorsqu’il est en compagnie d’autres personnes, adultes et/ou enfants, ce qui peut surprendre, lorsqu’on a pas l’habitude. Ce n’est pas le signe d’un manque social comme certains l’interprètent parce que ça les arrange, mais d’une grande joie de vivre et d’une spontanéité non étouffée. L’instruction en famille favorise les rencontres, le frottement des idées, les sorties, la curiosité, l’envie d’approfondir toujours plus, elle permet la construction de futurs adultes parfaitement intégrés puisqu’ils vivent au coeur de la société depuis toujours, loin des bancs de l’école ! L’adaptation ne sera nécessaire que pour celles et ceux qui n’auront vu que le tableau noir, et qui découvriront que le monde réel est vaste. Car l’école ne suffit pas. Les enfants scolarisés sortent, voyagent, sont inscrits au sport… Et les parents constatent l’importance de toutes ces activités.
Qu’il s’agisse d’un enfant scolarisé ou d’un enfant instruit en famille, la socialisation ne se fera qu’en dehors des temps d’apprentissages théoriques. La vie est dehors, colorée et passionnante ! Alors que vous fassiez partie de l’une ou de l’autre catégorie (puisqu’il est question dans notre société de catégoriser, de diviser, de nous monter les uns contre les autres), sortez, allez à la rencontre de l’Autre, permettez à vos enfants de découvrir toujours plus, de frotter leurs idées, de s’enrichir ! Et surtout, acceptez le choix de chacun, car nous avons tous de bonnes intentions lorsqu’il s’agit d’élever et d’éduquer nos enfants.
Aujourd’hui, même si l’instruction en famille ne vous touche pas, ou pire ne vous mets pas d’accord, soutenez celles et ceux qui ont fait ce choix, car il est aussi légitime que le vôtre. Il est question, aujourd’hui, de ne pas accepter que l’on nous retire une liberté de plus. Celle d’avoir le choix d’instruire ses enfants, ou de confier cette tâche à une école privée, ou une institution que l’on aura jugé digne, dont une école publique d’ailleurs ! Avoir le choix. Et prendre ses propres décisions.
Salam
je suis d’accord avec ton article, même si personnellement je n’ai pas fait ce choix pour diverses raisons. peur d’échouer, peur du regard des autres, peur de ne pas savoir différencier mon rôle de mère de celui d’institutrice etc.
par contre je respecte votre liberté et votre choix, et de ce fait, je pense qu’il serait judicieux que tu donnes si tu as le temps, des méthodes et outils pour les parents hésitants comme moi. comment organiser le planning, sur quel programme travailler, comment gérer l’émootif de maman dans le temps d’instruction; comment sociabiliser justement quand la plupart (99% peut être?) des autres enfants sont à l’école en journée et occupés le we à leurs devoirs ou vie de famille?
merci à toi.
salam
Assalamou aleikoum. tres bonne analyse pour un bien triste sujet…
Si j’étais prof et que je devrais mettre une annotation au gouvernement actuel elle serait : CONTINUITE DANS LA MEDIOCRITE. Si ce gouvernement mettait autant d’acharnement à remonter le pays économiquement qu’il le fait a pondre des lois liberticides ou sur la nouvelle conception de la famille et la sexualité de nos enfants(la théorie du genre a l’école… l’homosexualité devenant la supra-norme)
mais on serait loin devant la chine !!!!!!
Comme c’est bien souligné dans ton billet, il faudrait deja que l’école soit un lieu où l’apprentissage de qualité soit l’objectif des professeurs (mal payés donc déprimés… et ayant peu de moyen selon les secteurs où ils se trouvent) – combien d’enfant passe dans la classe supérieure sans avoir les acquis… que ce soit pour la compréhension de textes ou les maths…
Quoi de mieux qu’une maman réellement intéressée et investie par le devenir de son enfant… l’école à la maison est un choix murement réfléchi et qui n’est pas sans conséquence sur l’organisation d’un foyer… Alors oui c’est vraiment dans le but d’une instruction de qualité. C’est un réel investissement purement réfléchi.
Méfiance donc… et insha’Allah que cette loi liberticide ne passe pas.
Bravo on fait tous un effort et on scolarise tous nos enfants à la maison
Assalamu aleykum,
Barakalawfiki ma soeur, c’ est un article juste et tolérant, qui ne stigmatise personne et qui ouvre le champs des possibles, modéré et juste. Je respecte profondément les soeurs qui ont fait ce choix, choix que je comprends totalement et qui serait le mien si les circonstances de la vie m’ en avait donné la possibilité; je pense également que les mères tentent de faire le choix qui sera le plus doux et le plus juste pour leur famille, le plus adapté; nous ne devons pas nous juger, il y a tant de choses déjà qui divisent les musulmans.Qu’ Allah ta’ ala vous accorde le meilleur, à toutes, et qu’ Il nous aide à donner le meilleur de nous-mêmes; l’ éducation, la famille est un long chemin de patience, de persévérance, d’ efforts… D’ Amour et de Foi.
Assalamu aleykum,
Barakalawfiki pour ce très bel article, tout en modération, en tolérance et justesse. Les musulmans sont si divisés, portons un regard miséricordieux sur le choix de chacun. Je vous rejoins et vous soutiens totalement.
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