Lors de sa prise de pouvoir mardi dernier, le président François Hollande a rendu hommage à Jules Ferry. Mais qui est véritablement Jules Ferry, que l’on nous décrit comme étant celui grâce à qui l’instruction est devenue gratuite et obligatoire ? De nombreux personnages nous sont familiers, représentant même les fondements de notre société. Jules Ferry, père de l’école républicaine… Qui est derrière ce personnage emblématique ?
Jules Ferry, un symbole
Le Président Monsieur Hollande salue deux lois. Celle du 16 juin 1881 relative à la gratuité de l’enseignement primaire, et celle du 28 mars 1882 relative au caractère laïc et obligatoire de l’école. La première loi ayant permis en somme la scolarisation des enfants de toutes provenance sociale. Une loi ayant balayé toutes les différences pour permettre à tous les enfants d’accéder à l’instruction, et donc à l’ascension sociale. La seconde, rendant l’enseignement primaire (et non l’école) obligatoire.
Cela a provoqué l’étonnement de la part de nombreuses personnes, car au delà de ces deux lois considérées comme étant la base de l’école républicaine, les intentions de Jules Ferry sont reconnues aujourd’hui. Même si ce dernier a servi une noble cause, comme le lance l’ancien ministre de l’éducation sur BFM-TV, Jules Ferry était un colonialiste et surtout un très grand raciste. « Un théoricien de la supériorité de la race blanche. C’est comme ça qu’ils justifiaient la colonisation. » dit-il. Des propos nous rappelant ceux de Claude Guéant, qui déclarait en février dernier, que toutes les «civilisations ne se valaient pas». Monsieur Hollande avait rétorqué à cela que c’était «une provocation de dire qu’il y a une hiérarchie entre les civilisations».
Voilà tout le paradoxe de cette journée. Ne pas cautionner les idées colonialistes et racistes d’un homme, mais lui faire hommage, en s’inclinant devant son effigie. Fin des années 90’s, nous nous souvenons du combat de Ségolène Royal et de son époux, un combat pour restreindre voire interdire l’Instruction En Famille (IEF), et les propos violents de Ségolène Royal, accusant les parents la pratiquant, de maltraitance sur leurs enfants, et de dérive sectaire. Toute cette symbolique autour de Jules Ferry n’est pas aisée à déchiffrer. On ne peut que se poser des questions.
En 1871, Karl Marx l’avait déjà compris. Voici ses mots dans « La guerre civile en France » : » Jules Ferry, avocat sans le sou avant le 4 septembre, réussit comme maire de Paris pendant le siège, à tirer par escroquerie une fortune de la famine. Le jour où il aurait à rendre compte de sa mauvaise administration serait aussi celui de sa condamnation. «
Jules Ferry et les races supérieures
En 1872, le premier ministre britannique Benjamin Disraeli proclame son intention de promouvoir l’empire anglais. Pour se faire, il est question d’expansion, de colonialisme. Léon Gambetta, le républicain de gauche française, expliquera à Angers la même année que «Pour reprendre véritablement le rang qui lui appartient dans le monde, la France se doit de ne pas accepter le repliement sur elle-même. C’est par l’expansion, par le rayonnement dans la vie du dehors, par la place qu’on prend dans la vie générale de l’humanité que les nations persistent et qu’elles durent ; si cette vie s’arrêtait, c’en serait fait de la France».
Dès lors, il s’agira d’une course contre la montre, en Afrique comme en Asie, pour savoir quel gouvernement européen aurait le plus de drapeaux. Les citoyens s’intéressent très peu à cette guerre des colonies. C’est une question gouvernementale avant tout.
C’est en 1885 à Berlin qu’est partagé l’Afrique noire, analysée comme étant une « terre sans maître » par les ministres. Les règles tracent, les frontières sont faites. C’est cette année là, le 28 juillet, que la phrase célèbre de Jules Ferry, porte-parole de la gauche républicaine, retentit face aux députés :
«Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures»
Jules Ferry, dont l’objectif est d’instruire les races inférieures. Les mots d’antan étaient-ils tout simplement crus ? Était-ce de sa part une bonne intention ? Alphabétiser les populations pour les aider à devenir indépendant ? Était-ce un gentil homme, qui, dans cette vaste campagne de colonisation massive, souhaitait aider les autochtones à « se libérer » de l’intérieur ?
Sachez que le Code de l’indigénat a été promulgé sous Jules Ferry le 28 juin 1881, et visait à réduire le statut des « français » algériens à celui de « sous-homme », et ceci légalement. Plusieurs millions d’algériens ont alors du se soumettre à une législation raciale. Un « état d’exception permanent » a régné des années durant. De nombreux hommes politiques, d’éminents juristes ont tenté d’abroger ce « monument de monstruosité juridique », malheureusement, nous connaissons la suite de l’histoire. S’assoit « un principe hiérarchique et racial qui ruine le concept même d’humanité et d’universalisme » pourtant proclamé en 1789.
Nous ne feront pas ici le procès de la colonisation. Nous essayons de comprendre pourquoi le Président entrant a choisi Jules Ferry comme symbole lors de sa prise de fonction.
L’école pour tous vous avez dit ?
Enfin, l’on constate que le père de l’école républicaine n’avait pas le même objectif pour tous les enfants de la République. Voici son discours au Conseil général des Vosges en 1879
» Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes. […] Si cet état de choses se perpétue, il est à craindre que d’autres écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d’ouvriers et de paysans, où l’on enseignera des principes totalement opposés, inspirés peut-être d’un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871. »
Au delà de l’école laïque, l’on commence à comprendre l’importance, déjà au temps de Jules Ferry, d’uniformiser un enseignement laïc. Contrôler la substance des leçons, faire assimiler à des millions d’enfants un seul et même programme, celui de la République. Un programme dénué de contradiction, d’opposition. Fortifier la patrie tout en niant les individualités, en mettant à l’écart le culte et le communisme.
Aujourd’hui, quasiment une école sur quatre est appelée Jules Ferry. En espérant que François Hollande ait choisi cet homme juste parce qu’il a permis à des millions d’enfants l’accès à l’instruction, car au delà des intentions malsaines de Jules Ferry, le résultat est celui là.
As salam wa aleykoum,
Non mais le contexte historique ça vous dit quelque chose?
A l’époque de Jules Ferry, que vous le vouliez ou non, la supériorité de certaines races par rapport à d’autres était considéré comme NORMAL.
Excusez moi, je le dis en toute amitié, mais quand vous dîtes à quelqu’un ayant fait un peu d’études (collège, lycée quoi) que Jules Ferry était raciste, vous vous ridiculisez.
Sur ce,
Wa salam.
As salam wa aleykoum,
Frère la définition même du racisme c’est considéré qu’une race est supérieur à une autre donc il est raciste. Et le racisme n’était pas partout considéré comme « NORMAL » puisque le prophète (paix et bénédiction sur lui ) a dit: » Un Arabe n’est pas supérieur à un non-Arabe et un non-Arabe n’est pas supérieur à un Arabe. Un blanc n’est pas supérieur à un noir et un noir n’est pas supérieur à un blanc « , à ce que je sache cette homme illustre est né bien avant Jules Ferry.
Cependant, si tu tiens tant au contexte, je peux te dire que Clemenceau combattait les idées de Ferry pour son racisme et lui rappelait que les Allemands considéraient les Français comme inférieurs, donc pas la peine d’atténuer les idées noirs de ce suprématiste blanc.
Amicalement.
Salam wa aleikoum,
Mais mon frère, sais-tu ce qu’est le racisme ? C’est le fait de considérer la notion de race au sein de l’humanité. Ni plus, ni moins. Il n’y a pas de notion de « contexte » dans le racisme.
Votre raisonnement est extrêmement dangereux car il pourrait légitimer bon nombres de choses. Deux exemples :
Les nazis, leur principal caractéristique idéologique : la hiérarchie des races notamment l’antisémitisme. Il faut savoir qu’à cette époque la haine des juifs et des sémites en général (arabe compris donc) était considéré comme « normal » et ce, soyons clair, de l’Allemagne, jusqu’au USA. Le fait que la haine des sémites était extrêmement courante en fait-elle quelque chose de « normal » ? Non, certainement pas.
Un autre exemple, au temps du Prophète Mohamed ‘aleyhi salat wa salam, la haine vis à vis de l’Islam et des muslims en général était chose « courante » à Mecqua, le caractère « généralisé » de cette haine en fait-elle quelque chose de « normal » ? Encore une fois, non.
En d’autres terme, quiconque ayant fait un peu d’études et connaissant l’histoire de cet homme vous dira la même chose : il a posé les fondements d’une école gratuite et ouverte à tous en France mais c’était clairement un raciste de la plus grande virulence soutenant la colonisation française et de manière général la « suprématie » des « blancs » sur les autres « races » et ça personne ne le conteste akhi ^^.
Salam wa aleikoum.
On a pas la même définition de la normalité.
Quand je dis ça, ça veut dire que cette notion à été enseignée au peuple occidental ===> donc c’est entré dans les moeurs de tout à chacun.
Et oui je n’ai pas été clair dans mon post : Jules Ferry était bien raciste mais au sens de la définition de racisme, c’est à dire la classification des races et tout et tout.
Mais quand aujourd’hui on dit de quelqu’un qu’il est raciste (et comme je soupçonne l’auteur d’en faire l’erreur) on veut tout d’abord dire qu’il est xénophobe ce qui n’était pas du tout le cas de Ferry ! Et pour tout vous dire, il était même considéré par la grande majorité (il y l’exception Clémenceau en effet) comme un humaniste voulant civilisé les peuples indigènes d’Afrique.
Et non, mon raisonnement n’est pas dangereux car je ne justifie rien : comprendre une chose commence par la mettre dans son contexte.
Il était surement suprématiste, mais ça n’a absolument pas la même portée que si quelqu’un déclamé cela en public aujourd’hui.
Evidemment, que je suis contre ces idées : mais de là, à faire le procès d’un mec du XIXème sur la base des lois du XXIème ça me paraît un peu gros.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Ferry
Le contexte est pourtant installé dans l’article, il n’y a que ça ! Et aucun procès n’est fait à Jules Ferry, on essaie de comprendre pourquoi lui.
D’autre part, vous parlez de portée si de tels propos était prononcés en public, je crois que ça a été le cas avec Claude Géant en début d’année ?
Clémenceau était une personne humaine et tolérante. Comme quoi on n’était pas obligé même à l’époque de se croire supérieure face à d’autres peuples. Et contrairement à ce que vous dîtes, énormément de personnes essayaient de combattre les intentions de Jules Ferry. Le code de l’indigénat a d’ailleurs été qualifié par de nombreuses personnes de l’époque comme un monument de monstruosité juridique.
Alors, pour éviter de raconter n’importe quoi (je n’avais lu que des bribes du discours de Hollande) je suis allé sur le site de l’Elysée et j’ai écouté sagement ce que FH a bel et bien dit.
Donc vous vous demandez : Pourquoi lui? Pourquoi ce grand colonisateur?
Bah, il le dit :
« Et en saluant, aujourd’hui, la mémoire de Jules Ferry, qui fût un grand ministre de l’instruction publique, je n’ignore rien de ces égarements politique : sa défense de la colonisation fût une faute morale et politique. Elle doit, à ce titre, être condamné. »
http://www.elysee.fr/president/mediatheque/videos/2012/mai/discours-de-m-francois-hollande-en-hommage-a.13213.html
Vous faîtes un article sur le pourquoi du comment, mais Hollande lui-même a condamné les idées colonisatrice de Ferry…
De plus, je trouve que Zemmour (dont je ne partage pas les idées politique -comme ceux de Hollande par ailleurs-) explique très bien le sujet :
http://www.rtl.fr/emission/z-comme-zemmour/ecouter/eric-zemmour-jules-ferry-hommage-ou-proces-7748206182
Et pour répondre sur C.Guéant, je vais vous poser une question :
Est-ce qu’une civilisation qui fait la prière, adore Allah, respecte les interdits d’Allah, qui suit avec sagesse les préceptes de notre prophète Muhammad (que la paix et le salut soit sur lui) est équivalente à une civilisation qui combat l’Islam, prône l’adultère, adore le diable?
Comprendre pourquoi lui, comme c’est écrit plus haut :
« Voilà tout le paradoxe de cette journée. Ne pas cautionner les idées colonialistes et racistes d’un homme, mais lui faire hommage, en s’inclinant devant son effigie. »
Si tu te contente de ce que tu a posté au dessus, libre à toi, tu as raison sur un point : tu ne te torture pas ! Moi ça ne me suffit pas, car des grands hommes il y en a eu, assez pour en choisir un dépourvu de ces idéaux racistes. Donc je réitère, pourquoi avoir choisi Jules Ferry dans un moment aussi important ? Le citer pour remercier son travail relatif à l’école gratuite ok, mais lui rendre hommage face à des millions de personnes, en précisant qu’on ne cautionne pas ses idéaux, pour moi c’est un peu fort ! Tu es d’accord avec Zemmour tant mieux pour toi ! Si on était tous d’accord il n’y aurait plus de débat.
Pour ta dernière question, elle est triste. Je préfère ne même pas y répondre. Seul Dieu guide et surtout seul Dieu juge. Ce qui est triste ce n’est pas la question en elle-même, mais ton intention. No coment. Pour moi n’importe qui peut être meilleur que moi demain. Alors à mon échelle j’évite de tels propos.
« Pour ta dernière question, elle est triste. Je préfère ne même pas y répondre. Seul Dieu guide et surtout seul Dieu juge. Ce qui est triste ce n’est pas la question en elle-même, mais ton intention. No coment. Pour moi n’importe qui peut être meilleur que moi demain. Alors à mon échelle j’évite de tels propos. »
Alors, c’est soit du déni, soit de l’aplaventrisme.
Si seul Dieu juge, comment jugez de mon intention (qui n’as jamais été dévoilé dans mon message) 🙂 ?
Si je ne réponds plus, ce n’est pas parce que je suis allé me terrer sous mon lit ^^.
A plus tard,
wa salam.
Ferais-tu hommage à un grand homme alors que tu renies ses idéaux ? Est ce que parce que tu admire les travaux d’un homme tu es prêt à oublier ses principes éthiques ? Moi non. C’est tout ce que je voulais dire.
Je trouve ta question triste, je ne te juge absolument pas au passage (nos deux derniers messages se sont croisés). J’imaginais que ton intention était de me piéger, est-ce le cas ? Si non alors toutes mes excuses. J’arrête là également. 🙂
Bonne fin de journée ! Wa salam ‘alaycoum wa rahmatuLLAH
Assalam alaykum
Je voudrais juste revenir sur le code de l’indigénat présenté ici comme étant un moyen d’empêcher les algériens musulmans d’accéder à la citoyenneté française. En présentant les choses comme ça, on a l’impression que l’Algérien avait un désir ardant de faire partie du peuple français et de cette grande nation qu’était la France et j’ose espérer tout de même que ce n’était pas le cas. La réalité est probablement plus proche du fait que ni les Français ni les Algériens ne souhaitaient de rapprochement ou de fusion, chaque parti ayant ses raisons.
Je souhaite aussi revenir sur le fait de considérer la colonisation comme une faute. Non, jamais la colonisation n’a été une faute, dans la mesure où il est naturel que les hommes se constituent en groupes voulant devenir de plus en plus puissants. La colonisation n’est une faute que par la décolonisation, signant par ce fait l’échec d’une implantation directe et durable des Européens dans certaines régions du monde. Qui parle aujourd’hui par exemple de la faute de la colonisation des Amériques ? Les Européens ont échoué à saisir l’Afrique et l’Asie de la même manière qu’ils ne l’avaient fait en Amérique, et c’est pour cela, et uniquement pour cela, que l’on parle de faute. En fait les politiciens utilisent le terme de faute en double-sens, les naïfs le comprenant comme un problème moral alors qu’il s’agit bien sûr d’une faute stratégique.