A peine investi à la Maison Blanche le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, a pris 17 décrets dont la plupart sont en rupture complète avec la politique menée l’ancien gouvernement.
L’un d’entre eux est l’annulation du « Muslim ban », décret signé en 2017 par Trump qui interdisait l’entrée aux États-Unis aux voyageurs en provenance de sept pays à majorité musulmane.
Contestée judiciairement, cette interdiction avait été modifiée plusieurs fois mais finalement confirmée par la Cour suprême des États-Unis en 2018. De plus, face aux critiques d’une certaine opinion publique américaine et à l’international, Trump avait ensuite étendu ce « ban » à d’autres pays à majorité non musulmane.
Le porte-parole de la Maison Blanche a déclaré mercredi soir : « Le président a mis fin au « Muslim ban », une politique enracinée dans l’animosité religieuse et la xénophobie. »
Le nouveau président a pour sa part déclaré que les États-Unis « étaient construits sur une base de liberté religieuse et de tolérance, un principe inscrit (dans la constitution du pays NDLR). » De plus, pendant sa campagne Joe Biden s’était adressé à deux petites musulmanes en tenant ces propos : « Soyez fières. Soyez réellement fières. Je le pense vraiment. Je vous le promets, en tant que président, l’Islam va être traité comme il doit l’être – comme toute autre grande foi confessionnelle. ».
Le Conseil des Relations Américano-Islamiques (CAIR), lobby musulman très actif en politique intérieure, a qualifié ce décret de «premier pas important vers l’annulation des politiques anti-musulmanes et anti-immigrées de l’administration précédente.»
C’est surtout une première promesse de campagne que le Président avait faite à la communauté musulmane qui est mise en application ce qui est plutôt bon signe pour un président nouvellement élu. Rappelons à ce titre que la population musulmane ne représente qu’1.1% de la population américaine d’après le Pew Research Center (bien en-deçà des 8% de français musulmans…) mais elle démontre année après année que son pouvoir de lobbying auprès des démocrates américains est de mieux en mieux structuré.
Ce pouvoir de lobbying s’exerce toutefois jusqu’à présent essentiellement pour les questions intérieures et les libertés individuelles des musulmans américains, bien mieux lotis en matière de droit et de libertés que beaucoup de communautés musulmanes dans les pays d’Europe par exemple (dont la France…).
Les commentateurs politiques constatent d’un autre côté que les choix des secrétaires d’État et de l’élite politique américaine par le nouveau président laissent présager un retour vers les habitudes très pro-israéliennes de l’administration démocrate, comme sous l’ère Obama, ainsi qu’un activisme très important des États-Unis dans le Moyen-Orient qui n’a par le passé pas vraiment été source de réjouissance pour les musulmans dans le monde. Bien que loin d’être regretté sur la scène intérieure par les musulmans américains, il se pourrait donc bien que Donald Trump soit presque regretté sur la scène internationale par les musulmans du monde entier dans quelques années… L’avenir le dira !