L’Aïd approche à grands pas et comme chaque année des dizaines de sociétés, structures et associations proposent des solutions de sacrifice pour les musulmans en occident et, là ou les autres pays Européens sont en avance sur les organismes structurés et compétents. Nous peinons en France à voir naître une organisation nationale et suffisante apporter LA solution pour permettre aux musulmans des quatre coins de la France passer un Aid apaisé et serein.
1- Un contexte difficile
Cette année plus que les autres, trouver un mouton pour soi et pour ses proches va être extrêmement difficile. Des associations dans le Sud de la France parlent déjà de pénurie d´agneau de plus de six mois. Cette pénurie s’était déjà faite ressentir il y a quelques années lorsque AVS avait refusé de certifier les sacrifices de l’Aïd pour des raisons évidentes de manque d´ovins respectant les critères religieux.
En effet, en Islam, il n´est pas permis d´égorger un agneau trop jeune et n’ayant pas encore ses premières dents, ce qu’on appelle Moussina dans le langage technique.
“Si la bête n’atteint pas l’âge requis par le prophète ﷺ alors cette bête là ne peut être considérée comme un sacrifice de l´Aid” – Sheykh Yahya Seddiqi, docteur en sciences Islamiques-
Ainsi, se pose la question: pourquoi cette année plus que les autres l’Aïd devient difficile?
Et bien tout simplement comme pour le Ramadan pendant l’été, la prédisposition non solsticiale des événements du calendrier islamique apporte son lot de surprise en fonction des périodes de l´année. Pour le Ramadan, cela s’exprime simplement par la large palette de “calendriers” suivants des angles de calculs différents. Certains prient ainsi les Tarawih à une certaine heure et d’autres beaucoup plus tard. En Hiver, ce problème n’existe pas puisque les différents angles de calculs apportent une heure quasi identique pour l´heure du Isha et du Fajr. En été, lorsque les jours se rallongent, c’est là que les choses se gâtent!
Pour l´Aid El Adha, c´est aussi un peu la même chose sans pour autant avoir un lien direct avec le Soleil. Pourquoi? Accrochez vous!
Allah dit dans le Coran :
“Nous avons étendu la terre, y avons implanté des montagnes et y avons fait pousser toute chose dans une proportion mesurée.” (Sourate Al Hijr, verset 15)
Ce verset contient un principe doctrinal fondamental et majeur en Islam: la proportion mesurée. En d´autres termes, ALLAH le très Haut nous informe dans son Livre Saint que tout ce qui se trouve sur Terre y est prédisposé dans les bonnes proportions et avec une sage mesure permettant à tout un chacun de combler ses besoins. Cette proportion est également le fruit d´une habile régulation dont seul le Très Haut maîtrise les secrets. C´est pour ceci que nous avons une alternance précise des jours et de la nuit, des saisons ou de phénomènes physiques qui nous entourent. Ce que certains appellent dame nature, nous en tant que croyants le voyons comme la profonde expression du Concepteur de ce monde au travers de sa création. D´ailleurs, pour ceux qui souhaitent s´émerveiller devant la Création du Tout Clément nous vous mettons en lien une petite vidéo d’une toute petite luciole produisant de la lumière. Les cartésiens vous diront que cette lumière est le fruit d’une gestation d’une protéine par la luciole, oui, peut-être, surement même, mais qui a créé la luciole???
Revenons en maintenant un peu plus à nos moutons (moutons, c´est le cas de le dire…), en ce qui concerne les ovins, ces derniers disposent de périodes de mise bas qui s’appellent l´agnelage et a lieu de manière pondérée et régulée autour de trois mois de l´année: Septembre, Décembre et Mars. Allah en a décrété ainsi, et c´est encore une fois un des signes de Sa Grandeur, de Sa toute Splendeur. Et pour les petits agneaux que nous avons l’habitude de consommer pour l’Aid, ils proviennent en général des gestations de Décembre et Mars. Pour Mars, inutile de dire que ce sont encore des agneaux encore en sevrage, pour les agneaux de Décembre, la période est trop trop juste pour qu´ils ne rentrent plus dans la catégorie de que notre prophète ﷺ a appelé Moussina.
Au vu du prix des bêtes et de la forte valorisation des agneaux et moutons sur la période de l’Aïd (car comme toute denrée, le prix des moutons varie en fonction de l´offre et de la demande), il est très difficile de trouver des bêtes plus âgées que celles de Décembre à des prix raisonnables sur le marché. Les autres années, nous faisions l´Aid beaucoup plus tard dans l´année et nous n’étions pas confrontés à ce type de problème. Pour les années à venir, nous allons être de plus en plus exposé à ces problématiques et devrons faire face à de plus en plus de propositions fallacieuses et grotesques de sacrifices.
2- Un Etat dans l´état
En France, bien qu’aucune étude fiable ne puisse confirmer les chiffres, nous sommes environ dix millions de musulmans sur le territoire. Dix millions, c’est presque autant que les habitants de la Tunisie, il y aurait donc autant de musulmans en France qu’il y a de tunisiens en Tunisie! Cette forte population représente une manne financière considérable, très considérable même. Tellement considérable que tout le monde semble l’avoir compris sauf les musulmans.
Livrés à eux-même et sans structure compétente faisant l’unanimité parmi eux, les musulmans voient pulluler sur Internet, devant les mosquées, sur les affiches et sur tout encart publicitaire (même sur Ajib vous en verrez) des publicités pour des moutons de l’Aïd promettant toutes des offres, les unes plus alléchantes que les autres.
En même temps, c´est tout à fait logique, quand on sait que seuls 100.000 moutons et agneaux sont abattus sur le territoire pour environ 1 à 2 millions de foyers musulmans, on se dit qu´il y a un très gros marché à aller chercher…
Il est également intéressant d´évoquer cette évolution socioculturelle que vivent les musulmans du monde et plus particulièrement en France puisque nous ne sommes plus les premières générations et ceci se ressent même dans notre approche religieuse et cultuelle. Là ou l’Aid était un grand moment de joie et d’abondance pour beaucoup d’entre nos aïeux, il est devenu un moment plus convivial où les familles se rapprochent et se réunissent. La comparaison est difficile mais réelle: le mouton revêt désormais un rôle plus culturel, comme pour la dinde de Noel. La faute au niveau de vie des populations musulmanes plus aisées qui consomment toute l’année de la viande et qui ne se posent plus la question de savoir “ce qu´il y a à manger” mais plutôt ce qu´ils veulent manger.
Il est également intéressant de se poser des questions sur les relations avec la viande de mouton même, très forte, elle est de moins en moins appréciée par ces générations dopées aux steaks industriels et aux aliments chimiques surdoses de glucides délectables.
Le poste que chaque membre de famille occupait le jour de l´Aid a aussi beaucoup évolué. Avant le père, aidé par ses enfants (souvent les plus aînés, jusqu´à ce qu´ils s´en vont et qu´ils soient remplacés par leurs cadets…), s´attelait à immoler la bête avec ce fameux couteau oublié et que l’on sortait que pour l´occasion. Il la déposait ensuite et la vidait de ses propres mains. A l’image d´un tuteur de stage apprenant les procédures de travail aux jeunes stagiaires, il se souciait de transmettre son savoir-faire méticuleux à ses héritiers. Les femmes attendaient patiemment que ces gestes quasi cultuels progressent pour ensuite récupérer le foie, l’entourer du gras et le préparer pour la famille, puis pour ensuite nettoyer les boyaux et commencer à griller quelques autres parties de l’anatomie de la pauvre bête. Les enfants eux aussi étaient conviés, traumatisés, ils avaient droit à cette phrase ancestralement beaufétique: “Eh bah quoi! comment tu crois que ton steak arrive dans ton assiette?”
Si vous avez lu ces dernières lignes avec un sourire, un brin nostalgique, alors sachez que vous faites bientôt partie de l´Histoire : comme les cassettes que vous tourniez avec vos doigts pour les rembobiner, vous avez connu une période en voie de disparition.
En effet, les familles musulmanes modernes sont très différentes des anciens modèles patriarcaux et identiques; elles sont mêmes plus proches des modèles de familles occidentales : diverses, riches mais surtout très différentes, certaines sont monoparentales, recomposées voire parfois (souvent même) multiculturelles.
Ainsi, au-delà du caractère illégal, vous ne trouverez qu’un très faible taux de jeunes hommes nés en France capables de sacrifier de leurs propres mains une bête pour l’Aid et encore moins de jeunes filles prêtes à patienter aux odeurs putrides des intestins. Cette époque est révolue, les musulmans évoluent avec leur environnement et il est logique de voir leur pratique cultuelle en faire de même.
3- Conseils pour éviter les arnaques
Pour ne plus vous faire plumer comme des pigeons (ou tondre comme des moutons pour rester sur le même registre…), Ajib vous apporte quelques conseils afin que vous soyez avisés et ne tombiez pas dans les pièges qui se présenteront à vous. Pour s’épargner tout procès futile de la part d’un des acteurs de la grande course aux moutons, Ajib se garde le droit de ne pas citer les noms de ces derniers. Ainsi, voici nos quelques recommandations pour passer un Aid serein et apaisé:
i- Évitez les bouchers non certifiés
Les bouchers sont surement les plus grands gagnants de l’Aïd, au vu des centaines, voire milliers, de commandes qu’ils ont à honorer pour l’Aïd. Certains font preuve de moins de scrupule à suivre les règles religieuses et les prescriptions charaiques relatives au sacrifice rendant parfois le sacrifice caduc et non accepté sur le plan religieux.
A titre d’exemple, le sacrifice doit être effectué dans un laps de temps précis, pas avant, ni après sous peine d’annuler le caractère religieux.
Se pose également la question de l’âge de la bête que nous avons évoquée au début de ce long article. Un boucher peu scrupuleux sur les questions religieuses ne verra pas de mal à sacrifier une bête non conforme à la législation musulmane.
Ainsi, si vous commandez chez le boucher, exigez un certificat de contrôle, AVS et Achahada restent des certificats fiables.
ii- Evitez les occasions trop alléchantes
Sur internet, vous verrez des prix de moutons et agneaux très bas, parfois même à des prix totalement déconnectés de la réalité.
En somme, un mouton à moins de 150/170€ reste trop peu cher pour être pris au sérieux en France.
Des associations proposent également de faire le sacrifice en votre nom dans d’autres pays du monde. Vérifiez là aussi le prix du mouton pour avoir un ordre de grandeur. Un mouton en Palestine coûte environ 250 à 350 euros, si l’association vous le propose à moins de ce prix là prenez vos jambes à votre cou.
iii- En cas de livraison du mouton
Vous êtes de plus en plus nombreux à passer par des plateformes phares pour vous faire livrer à domicile votre mouton. En cas de livraison, assurez vous que la chaîne du froid est bien respectée et que votre agneau est estampillé avec les lettres FR (si sa provenance est d’origine française) suivies du numéro d’identification de l’abattoir où la bête a été abattue.
Demandez également la provenance de votre mouton, parfois ils proviennent d’Irlande et de Pologne et voyagent dans des conditions ne respectant pas le bien être animal, primordial en Islam.
iv- En cas de délégation du sacrifice
Beaucoup de musulmans se résignent à faire effectuer leur sacrifice à l’étranger et mandatent pour ceci des associations islamiques. Dans ce cas là, vérifiez que les personnes mandatées sont bien représentés par une association et qu’ils disposent de contrôleurs sur place.
Dans certains pays africains, les sacrifices sont effectués d’une manière peu orthodoxe pour des musulmans. Les bêtes sont abattues sauvagement les unes devant les autres et aucun regard n’est porté sur la bienséance du sacrifice.
v- Réclamez de la transparence
Beaucoup de sites web et de comptes sur les réseaux sociaux proposent des moutons sans avoir eux même de structure associative ou professionnelle. Il s’agit souvent de transaction sauvage effectuée sur Paypal ou virement sans bon de commande ou preuve de sacrifice.
Nous vous invitons à toujours vérifier les conditions de vente et également les mentions légales du site. En le faisant, vous répondrez à deux questions majeures: Qui vends ? et Qu’est ce qui est vendu?
Si vous n’avez pas de réponse claire à ces deux questions, n’achetez pas!
vi- Méfiez vous des faux vendeurs
Certains sites vous proposent de vous vendre un mouton qu’ils n’ont pas eux même acheté au préalable. Ils attendent d´encaisser d´abord votre argent avant de commander votre mouton pour le sacrifier. Ceci n´est pas permis en islam, car on ne peut vendre que ce que l’on détient comme il est mentionné dans le hadith rapporté par Nasa´i, Thirmidhi et Ibn Majah.
Ainsi, posez la question aux vendeurs avant de commander sur leur site et assurez vous qu´il ne s´agisse pas d´une vente déguisée.
4- La suggestion de Ajib
Cette année Ajib vous suggère une solution permettant de répondre aux multiples besoins et embûches semés sur le sentier du musulman souhaitant effectuer l’Aïd en bonne et due forme: Kebchi.
Cette solution répond à l’ensemble des critères que nous nous sommes posés, à savoir: un projet non lucratif ne considérant pas les musulmans comme de simples prospects à qui il faut vendre le maximum de mouton. La notion financière est secondaire dans ce type de structure.
Kebchi est en effet un groupement d’associations œuvrant pour la da’wah et la prédication en France. C’est aussi l’un des rares projets travaillant en direct avec les mosquées et les associations musulmanes. Ils représentent à ce jour un réseau d’une cinquantaine d’associations réparties sur le territoire et sacrifient directement en Afrique pour distribuer localement la viande aux plus démunis.
Pourquoi avons-nous décidé de vous présenter Kebchi? Premièrement pour leur confiance, leur sérieux et leur transparence. Kebchi œuvre avec plus de six pays Africains et disposent de contrôleurs sur place qui vérifient le bon déroulement des opérations. Nous aurions pu vous présenter une solution de livraison de nourriture directement à la maison, mais nous savons combien il est difficile pour une famille de recevoir plusieurs dizaines de kilo de viande en une seule fois. Il faut avoir les reins solides et un grand congélateur pour gérer tout ça, et puis, qu’on ne se le cache pas, bien des personnes de l´autre coté du globe auraient besoin de viande! Il est donc temps de redonner à cette fête son caractère sacré en joignant le cultuel à l´humanitaire.
Nous espérons dans les années à venir voir Kebchi prendre le monopole structurel de cette adoration ô combien importante et prisée. Ceci permettra aux musulmans d’avoir des interlocuteurs fiables et compétents.
Cette année, Kebchi a aussi écouté ses bénéficiaires en proposant des offres aux familles nombreuses souhaitant prendre un mouton par membre. Tout ceci est disponible sur leur site: kebchi.fr