Énième cas de discrimination à la SNCF : Yacine en grève de la faim devant l’Élysée

En janvier, nous vous parlions du racisme à la SNCF, un fléau qui perdure. Depuis le licenciement de Yacine, discriminé et désormais en grève de la faim, le sujet revient une énième fois sur le tapis, preuve de l’absence totale de réformes au sein de l’entreprise ferroviaire.

L’histoire du jeune homme avait pourtant bien débuté en 2011, lorsque Yacine signe un contrat équivalent à un CDI avec la SNCF. Muté à Amiens, il arrive dans une équipe qui n’aime pas les nouveaux venus.

Bizuté, la nouvelle recrue est régulièrement rabaissé à propos de sa religion : « Pendant le ramadan, j’avais le droit tous les jours à « tu veux un morceau de cochon ?! » ou alors ils me servaient un verre d’eau puis le retiraient en s’exclamant, « t’as pas le droit de boire » ». Pire, ses collègues commencent à porter atteinte à son intimité en lui touchant les fesses à plusieurs reprises.

Yacine alerte alors sa hiérarchie qui le convoque, et lui affirme : « c’est amical, il ne faut pas mal le prendre ». Pire : « ils m’ont dit que c’était de ma faute, que je n’étais pas là pour me faire des amis ». Plongeant dans la dépression, il est heureusement soutenu par son ancienne équipe : « moralement j’étais au fond du trou, heureusement mon ancienne équipe de Compiègne me soutenait et le délégué syndical a dénoncé les faits. Quand le directeur a entendu ça il m’a convoqué pour un entretien puis, le jour même, m’a remis une convocation écrite pour un entretien de licenciement ».

Licencié en 2012, Yacine voit sa famille s’éloigner de lui à cause de la perte de son travail. Il rejoint alors le collectif « SNCF droit à la différence » et entame une procédure aux prudhommes. Le 26 mai 2013, le Défenseur des droits rend un rapport édifiant qui confirme des pratiques discriminatoires systématiques au sein de l’entreprise. En janvier 2014, la victime perd son logement et se retrouve à la rue en attendant l’audience prudhommale prévue en janvier 2015.

Depuis le 12 mai dernier, il a décidé d’entamer une grève de la faim devant l’Elysée. Sur sa chaise de camping rue Duras, Yacine a perdu plus de 10 kilos, il dort dans une voiture prêtée et utilise les toilettes d’un restaurant voisin.

Et les autorités dans tout ça ? « Ils se renvoient la balle. On a vu le ministère des Transports qui nous a renvoyés vers la SNCF qui a affirmé qu’elle ne reviendrait pas sur sa décision. On s’est retourné vers les conseillers du président qui m’ont dit qu’ils ne pourraient rien faire pour moi ». D’après le jeune homme, si son cas faisait jurisprudence,  » ils seraient obligés de traiter tous les autres cas de discrimination « .

Yacine continue pour le moment sa grève de la faim.

Crédit Photo : Publicité SNCF vantant la « diversité » de son personnel