Avant d’être élu président de la Vème République, il se voyait peut être roi éclairé. Et en tant que roi des Français, et détenteur du pouvoir suprême, en droit de dire au monde entier ses vérités. Ses vérités philosophiques, morales, et maintenant religieuses…
Le Président des Français a engagé la France et ses 67 millions d’habitants, en trois années seulement de mandat, dans de multiples batailles qui ne sont pas les leurs: la France arme aujourd’hui l’Egypte et l’Inde qui ne sont malheureusement pas des exemples de démocratie, la France intervient dans des théâtres d’opération où elle n’est pas la bienvenue (en Libye par exemple), la France s’invite dans des situations politiques complexes en Biélorussie, en Syrie ou au Yémen où les décisions sont prises sans elles en ridiculisant la diplomatie française, affronte la Turquie et pousse la Grèce (par la vente d’armes) dans une guerre économique qui risque d’embraser une région très stratégique du monde, et se pose en puissance néocolonialiste au Liban ou en Afrique du Nord. Pour tous ces engagements, l’exécutif ne consulte pas la population française, un défaut de démocratie qui fait grincer les dents de beaucoup, en particulier les expatriés contraints parfois de se justifier de prises de position incompréhensibles de la France sur la scène internationale.
Mais il a décidé de ne pas en rester là. Le 2 octobre, Emmanuel Macron a prononcé des propos qui ont heurté la sensibilité de centaines de millions de musulmans dans le monde.
En particulier parce que le choix des mots, qui n’est jamais un hasard dans la bouche du Président, essentialise le débat. La crise de l’islam toucherait les musulmans partout dans le monde.
Voilà maintenant que dans les derniers jours, suite à l’odieux assassinat d’un professeur d’histoire par un fou aliéné à son idéologie mortifère, Emmanuel Macron a décidé de se poser en donneur de leçon au tiers de l’humanité, j’ai cité 2 milliards de musulmans dans le monde, et les contraindre à accepter le droit au blasphème et à l’atteinte à la dignité de leur Prophète qu’ils aiment tant … Des bâtiments publics ont projeté en continu les caricatures sur l’initiative d’élus locaux, et au lieu d’éteindre la flamme de la division et de la surenchère, Emmanuel Macron a décidé de soutenir toutes ces initiatives. Emmanuel Macron a même soutenu l’écart, pourtant injustifiable, de son Ministre de l’Intérieur citant les rayons halal ou kasher comme une menace possible à la République…
C’est une première qu’un chef de l’Etat dans la Vème République s’engage autant sur un débat plutôt culturel et idéologique où les chefs de parti sont en général à l’oeuvre.
Rappelons ainsi les propos de Jacques Chirac face à une situation similaire il y a quelques années. Les conséquences sont désastreuses pour la France et les Français. D’abord sur le plan économique. Le tourisme français, pilier de la croissance, va être profondément affecté. Les nombreux touristes du Golfe, d’Iran ou d’Afrique du Nord, habitués des séjours sur les Champs Elysées, à Disney, sur la côte d’Azur, ou dans les Alpes, risquent de bouder la France par crainte d’atteinte à leur sécurité ou la sécurité de leur famille.
De même, le boycott des produits français va toucher de nombreux secteurs d’une économie déjà en souffrance. Nous pensons notamment au secteur agro-alimentaire, au secteur du luxe et à l’automobile. Les partenaires de confiance de la France, sous pression de leur population, risquent également de tourner le dos au pays pour leurs grands projets…
Sur le plan diplomatique aussi, la parole de la France, représentant la justice et les droits de l’homme sur la scène internationale, va être profondément ternie. Comment prêcher en effet le respect des droits fondamentaux quand ceux ci ne sont pas défendus sur notre propre territoire. Le choix hasardeux des partenaires « idélologiques » dans cette bataille, l’Inde, l’Egypte, Israël, les Emirats Arabes Unis ou même la Chine accueillie en grande pompe à l’Elysée il y a quelques mois à peine, finit de ternir l’image diplomatique pourtant durement gagnée au cours du 20ème siècle d’une France qui défend les droits de tous, et en particulier des plus faibles.
Pourquoi la France sur ces sujets ne s’aligne-t’elle pas sur les positions beaucoup plus mesurées et sages de ses voisins allemand, britannique ou espagnol qui ont aussi été durement touché par le terrorisme dans les dernières années mais qui savent distinguer la folie meurtrière de la religion de paix.
Face à la publicité internationale de cette indignation collective (le Pakistan, la Turquie, le Maroc, l’Algérie et d’autres condamnent aujourd’hui officiellement les propos du Président Français), Emmanuel Macron va peut être se réveiller et comprendre qu’aujourd’hui le leadership se véhicule par des valeurs de respect, d’empathie et de considération, et non par l’arrogance et les grandes déclarations.