Par Tamime Khemmar
Certaines histoires véridiques sont plus touchantes que beaucoup de récits imaginés. Cela est probablement dû au fait que le vécu est toujours sincère et ce qui est sincère touche les cœurs.
Aussi, le livre de la réalité, écrit par Allah, soubhânah, dont les pages sont les jours et les nuits que nous vivons, est immensément plus riche en expériences, en sentiments et en événements passionnants que n’importe quelle fiction que l’un de nous pourra imaginer.
Beaucoup d’entre nous aimeraient ou connaissent des gens qui aimeraient vivre dans la ville la plus sainte qui soit : La Mecque.
Mais combien d’entre nous aimeraient ou connaissent des gens qui aimeraient y mourir ?
Hier, un ami m’a raconté l’histoire très touchante d’un indien qui a vécu plus de dix années à La Mecque, occupant un travail assez modeste, et qui, presque chaque année, était menacé de retourner à son pays pour cause de fin de contrat. Chose qu’il craignait grandement, pour une simple raison : il aime La Mecque.


Or, chers amis, l’amour de La Mecque et de Médine est une chose très étrange. Si Allah place dans votre cœur l’amour d’une de ces deux cités saintes, vous ne pourrez plus vivre ailleurs.
Vous pourrez vivre ailleurs ou faire semblant de vivre, de manger de sourire, mais vous ne serez plus jamais heureux, que lorsque vous y serez.
Bref, à chaque fois que le permis de séjour allait expirer, notre ami vivait le martyr dans l’attente d’être renvoyé en Inde. Mais Allah, dans Sa miséricorde, lui facilitait le renouvellement de son contrat à la dernière minute et lui accordait une année de plus, à La Mecque.
Cette année, il renouvela son contrat exactement un jour avant l’expiration de son permis de séjour. Mon ami, qui est à La Mecque en ce moment et qui me raconta l’histoire, l’appela pour le féliciter, surtout que cette fois son contrat était renouvelé pour deux années et qu’il avait la possibilité de faire un permis de séjour normal pour sa femme et ses deux enfants.
En effet, il s’était marié depuis six années et avait une femme et deux petits enfants.
Sa petite famille vivait avec lui à La Mecque au moyen d’un visa de visite familial que l’on renouvelait périodiquement sans avoir, malheureusement, accès à beaucoup de services importants comme l’école, les études, etc.
Bref, avec ce renouvellement et cette nouvelle situation pour la famille, la vie s’annonçait très heureuse.
Mais lorsque mon ami parla avec notre ami indien, il eut la surprise de l’entendre pleurer chaudement.
-Que t’est-il arrivé mon frère ? Lui demanda-t-il, inquiet.
-J’ai eu un accident de voiture. Lui répondit-il. Je viens de perdre ma femme et mon fils.
Quelle fut grande la tristesse de mon ami et son inquiétude. Il se rendit prestement auprès lui pour le consoler et le réconforter.
-Je vais te raconter ce qui s’est passé. Lui dit-il. Nous avons fait un terrible accident en rentrant à La Mecque. Ma voiture a fait des tonneaux et elle s’est coupée en deux. Mon épouse et mon fils sont morts et moi je n’ai eu aucune égratignure. Il se tut, puis dis :
– Je pense qu’Allah a répondu à son invocation.
– De quelle invocation parles-tu? demanda notre ami.
-Un jour, alors que nous passions près d’un des cimetières de La Mecque, elle me dit ceci :
-Tu sais, je ne veux pas retourner en Inde. Je ne veux pas quitter La Mecque. Même pour faire un visa et revenir ici. Qui me garantira que je ne vais pas rester là-bas et que je ne pourrais plus revenir ici.
Puis, elle se tourna vers le cimentière et me dit :
-J’aimerai être enterrée ici.
Je m’empressai de la gronder et je lui dis :
-Il ne faut pas souhaiter la mort. Même si l’on revient en Inde, ce sera juste pour les formalités de visa puis, nous aurons un permis de séjour normal, pour toi et pour les enfants.
Elle se tut et se mit à chuchoter. Je suis certain qu’elle était en train d’invoquer Allah. Et je pense qu’Allah a répondu à son invocation.
Tu sais. Continua-t-il. Ce qui est étrange c’est que notre accident s’est produit loin de La Mecque et normalement, dans ce pays, on enterre à l’endroit où s’est produit le décès.
Pourtant, ils ont ramené ma femme et mon fils à La Mecque et ont accompli la prière mortuaire dans la Mosquée Harâm après salât al-fajr (l’aube).
J’ai vu de mes propres yeux l’imam couvrir de son habit mon fils et l’enterrer avec.
Ils reposent maintenant tous deux dans un des cimetières de La Mecque.
Qu’Allah les couvre de Sa miséricorde, ainsi que tous les musulmans morts.

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