Reprise des cultes le 29 Mai: Pentecôte pour les juifs et catholiques, pas d’Aïd pour les musulmans ?

À la colère des catholiques succède celle des musulmans. Stupéfaction, déception face à des « revirements inexpliqués opérés par l’exécutif », tels sont les termes exprimés par le recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP), Chems-eddine Hafiz lorsqu’il apprit la décision d’Edouard Phillippe de la reprise des offices religieux le 29 Mai au lieu du 2 Juin initialement prévu, suite aux relances pressantes de l’épiscopat.

En effet, Lundi, le premier ministre annonçait : « Je sais que la période du 29 mai au 1er juin correspond, pour plusieurs cultes, à des fêtes ou à des étapes importantes du calendrier religieux. »

La date du 29 Mai coïncide en effet avec la Pentecôte chrétienne (31 Mai), mais également avec la date de Chavouot, fête juive, de la soirée du 28 au 30 mai. C’est là où le bât blesse, lorsqu’on sait que l’Aïd-el-Fitr, la fête de fin du ramadan devrait être autour du 24 mai.

Musulmans mis de côté, colère de la GMP

Une voix n’a pas tardé à s’élever. En effet, la GMP a rapidement réagi, déclarant « onirique » la décision de cette date. Son recteur, Chems-Eddine Hafiz, également l’un des vice-présidents du Conseil français du culte musulman (CFCM), a menacé « de saisir les tribunaux ».

« Si nous tenons à exprimer aujourd’hui notre stupéfaction et notre déception, c’est en raison de revirements inexpliqués par l’exécutif […] pour permettre l’organisation de cérémonies religieuses liées aux fêtes juive et chrétienne de la Pentecôte », déclare la GMP, estimant que ce changement « ne sert ni la République, ni la société, ni le combat contre la pandémie ».

« Cette décision qui se dessine installerait de fait une inégalité entre les citoyens. Les musulmans ne comprendraient pas cette mesure inique du « deux poids deux mesures », la fête de l’Aïd n’étant séparée de la Pentecôte juive et chrétienne que de quatre jours », déclare M.Hafiz

« […] Par conséquent, si cette « dérogation » venait à être accordée aux autres communautés religieuses à compter du 29 mai 2020, ce qui de facto exclurait la communauté musulmane, la GMP demandera instamment aux pouvoirs publics de fixer le 24 mai comme date de reprise de célébration des cérémonies religieuses pour tous les lieux de culte sans exclusion », indique la GMP.

Saisie de justice pour discrimination

Chems-Eddine Hafiz demande donc que la date de reprise des cultes soit donc avancée au 24 mai, date de la fin du Ramadan. Autrement, explique le recteur qui est également avocat, ce serait « un fait grave de discrimination manifeste » car « la fête de l’Aïd qui clôture le mois sacré du Ramadan est aussi importante que la Pentecôte juive ou chrétienne ».

Il se dit prêt « d’user de tous les moyens légaux pour défendre les intérêts moraux des musulmans de France ».

Avis divergents

Dans un autre communiqué, Mohammed Moussaoui, représentant la fédération de l’Union des mosquées de France, a déclaré que les propos de l’exécutif avaient pu « faire naître chez des citoyens un sentiment d’un traitement différencié entre les fêtes religieuses ».

Il ajoute ainsi être pour « une reprise progressive après le 2 juin« , appelant les musulmans à « continuer à vivre sereinement les grands moments de Ramadan et la célébration de la fête de l’Aïd El Fitr dans (les) maisons avec (les) familles ».

« Il est préférable que le 2 juin soit maintenu », a également dit Ibrahim Alci, autre vice-président du CFCM.

Enfin, selon le président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, instance qui dépend du CFCM, « une réouverture précipitée des lieux de culte, alors même que la pandémie du Covid-19 n’est pas encore enrayée, serait malvenue » et qu’il « serait plus sage d’en reporter l’échéance ».

By Younes

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