Il a quelques semaines, un « appel dans le vide » est passé quasiment inaperçu dans les médias : l’ appel des 100 intellectuels contre le séparatisme islamiste.

Une tribune dans le Huffpost apportait quatre remarques intéressante sur cet appel :

1- Bien que déclaré comme un « appel des 100 intellectuels contre le séparatisme islamiste » certains signataires ne représentent en rien la culture ou la pensée et ne peuvent se proclamer « intellectuels ».

2- Certains concepts comme “apartheid”, “ségrégation” ou “séparatisme” relèvent d’une rhétorique gratuite puisqu’ils sont destinés à frapper les esprits plus qu’à donner à réfléchir.

3- Cet appel n’ajoute rien à ce qui est dit et redit par certains militants de la cause laïque et qui saturent les médias par leur présence et leur visibilité.

4- Nulle échéance, électorale ou autre, ne justifie un tel appel.

L’auteur de la tribune rajoute « Reste que cet appel démontre une chose: la République n’a pas encore réglé ses problèmes ni avec l’islam, ni avec l’islam politique, et que le débat est loin d’être clos sur ces sujets. Ce genre d’appel n’est finalement qu’un cri dans le vide. »

Pour autant ce « cri dans le vide » a fait des émules, et une autre tentative a été lancée ce weekend par un manifeste signé par 300 personnes, de tous bords : des anciens premiers ministres, un ancien président, de grands hommes d’affaires, des intellectuels, des journalistes et même des « représentants » musulmans qui dénoncent cette fois « le nouvel antisémitisme ». Le manifeste a été relayé dans des dizaines de journaux nationaux.

Les mots sont graves,  le ton est belliqueux.  Ils sont rédigés par le notoire Philippe Val. Nous ne nous attarderons pas sur le contenu, la tentative de braquer les uns contre les autres, de mettre la pression sur les décisionnaires politiques de ce pays à travers un tel manifeste pour que les réformes de (ou contre) l’islam soient plus dures, plus rapides, plus radicales.

Nous citerons quelques gens censés, comme Claude Askolovitch sur Slate.fr qui indique : « Mais juif pourtant et français, je ne me console pas que tous ensemble, tant de gens importants m’interdisent d’aimer mon frère musulman, en dépit de lui-même parfois » ; et qui ajoute « La passion nationale pour la laïcité de combat n’est qu’un refus de notre part musulmane. » Claude Askolovitch, prend une position courageuse pour dénoncer l’initiative comme une initiative dangereuse, clivante, absolutiste, mais sans nier que tout meurtre d’un individu en raison de sa religion, et donc en particulier des juifs, est condamnable. Voilà une position plus censée.

Certains iront même plus loin, comme Charles Tsimi sur Mediapart qui conclue sa tribune en indiquant que « La France est malade. Malade de son passé. Malade de son présent. Malade de son devenir. »

Alain Dusart, rédacteur en chef adjoint de l’Est Républicain dénonce dans son édito qu’ « Il s’agit ici de faire porter le chapeau de ce « nouvel » antisémitisme à l’ensemble des musulmans. C’est caricatural et ridicule ».

Des portevoix existent donc bel et bien pour dire haut et fort ce que les musulmans, silencieux sur leur présent et sur leur devenir, n’osent articuler, ou ne s’y essaient pas en tout cas. Ajib.fr vous donne une tribune pour vous exprimer à votre tour sur ce débat qui rumine en France, sur cette réforme en réflexion de l’Islam de France qui, à défaut de changer le Coran comme le manifeste ambitionne, changera peut-être profondément les conditions de notre vie de musulmanes et musulmans en France, de citoyens français et à coup sûr la vie des générations à venir.

(Envoyez vos contributions par email à contact@ajib.fr)

 

 

By Younes

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