Une mère de famille pose une question au Cheikh Ferkous qui relève à la fois du domaine familial et conjugal. Elle se confie auprès du savant concernant le comportement de son mari au sein du foyer.
En effet, elle se plaint qu’il ne subvient pas assez aux besoins du quotidien, préférant aller jouer aux jeux de hasard jusqu’à tard la nuit.
Démunie, elle décide de le punir en lui refusant le lit conjugal.
Voici la conversation religieuse entre la femme et Cheikh Ferkous qui tente de lui apporter une réponse éclairée.
La question :
Mon mari n’estime pas la responsabilité de la vie conjugale. Il néglige ses enfants et manque aux dépenses ; plutôt il ne fait quasiment de dépenses. Il passe tout son temps aux cafétérias où il s’adonne aux jeux de hasard et autre jusqu’à minuit.
Il est indifférent à mon égard en tant que conjointe et mère de ses enfants. Je n’ai trouvé de moyen pour faire face à cela que de me refuser à lui ; alors, moi je dors sur le sol et lui dans le lit. Après un quart de siècle, je ne supporte plus de vivre avec lui. Prière de me donner un conseil qui remontera mon moral.
Et quelle position, selon la charia, dois-je adopter en tant que conjointe ? Et qu’Allah vous rétribue abondamment.
La réponse :
Louange à Allah, Maître des Mondes; et paix et salut sur celui qu’Allah soubhannou wa ta’ala a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.
Ceci dit : Sache que la femme, face à l’époux qui ne subvient pas à ses besoins, ou néglige les dépenses qu’il est sommé d’acquitter selon le Coran, la Sounna et le consensus des savants, c’est-à-dire ne la nourrit pas, ne lui assure pas l’habitat et le traitement ou n’est pas à son service et autre – même si elle est riche – peut agir envers lui de deux manières :
Ou elle demande au juge d’imposer au mari la dépense, et le juge la lui impose dès que la validité de la revendication de la femme est confirmée.
Ou elle prend de l’argent de son mari ce avec elle subvient à ses besoins et à ceux de ses enfants à juste proportion, si elle peut les estimer, sans pour autant être abusive, et ce, même si le mari ne se rend pas compte de cela ; car elle a le droit à la dépense qui est un devoir du mari.
Donc, elle prend son droit si elle est en mesure de le faire ; la preuve établissant cela est ce que les deux imams, Al-Boukhâri et Mouslim, et d’autres ont rapporté par l’intermédiaire de Aicha (qu’Allah l’agrée) qui a dit:
« Hind a dit au Messager (sallAllahou ‘alayhi wa salam): « Ô Messager d’Allah, Abou Soufyâne est un homme avare, il nous donne pas à moi et à mes enfants ce qui nous suffit, sauf ce que je lui retire sans qu’il s’en rende compte. » Le Messager (sallAllahou ‘alayhi wa salam) répondit : « Prends ce qui te suffit et suffit tes enfants raisonnablement ».
(Rapporté par Al-Boukhâri, chapitre des « Dépenses » (hadith 5364), par Mouslim, chapitre des « Jugements » (hadith 4574), par Abou Dâwoûd, chapitre de « La rente » (hadith 3534), par An-Nassâ’i, chapitre des « Jugements » (hadith 5437), par Ibn Mâdjah, chapitre des « Commerces » (hadith 2381) et par Ahmed (hadith 248454), par l’intermédiaire de `Â’icha Qu’Allah l’agrée).
Néanmoins, il y a lieu de souligner que la femme ne méritera la dépense que si elle ne se refuse pas à son mari, le laissant ainsi se jouir d’elle. Mais, si elle s’y refuse, couche seule et s’éloigne de lui à chaque fois qu’il la demande, elle commet alors un péché. Ceci d’une part, d’autre part, elle ne méritera pas la dépense, car dans ce cas, elle s’y refuse sans raison valable.
En effet, le Messager (sallAllahou ‘alayhi wa salam) épousa Aïcha qu’Allah l’agrée deux ans avant de consommer le mariage, et n’a pas pris en charge ses dépenses qu’après la consommation du mariage.
Cependant, le mari demeure enjoint de subvenir aux dépenses des enfants.
Cela dit, il y a lieu de souligner également que ce qu’endure cette femme n’est qu’un échantillon de ce qui se passe dans cette société, où la majeure partie des hommes sont négligents vis-à-vis de leurs devoirs religieux et des tâches qui leur sont assignées.
Par ailleurs, les caractères des gens et leurs moralités diffèrent. La femme perspicace et intelligente, dans ce genre de situations, accomplit ses devoirs envers son mari et lui obéit dans le bien, tout en demandant – après avoir sollicité l’aide d’Allah – l’aide de ceux à qui son mari peut écouter, qui pourraient l’influencer parmi ses proches et les hommes de son quartier, afin de le ramener à la droite conduite et de corriger son comportement et [éventuellement] ses déviations.
Elle veille aussi à réaliser l’affection, la miséricorde et le bonheur en empruntant la voie de la victoire qui consiste en l’endurance, le pardon et la patience ; ceci est la recommandation d’Allah soubhanou wa ta’ala dans le verset suivant :
« Et celui qui endure et pardonne, cela en vérité, fait partie des bonnes dispositions et de la résolution dans les affaires. » (Coran, 42/43).