Bien que cette décision était attendue, la France a ce vendredi 13 janvier perdu son triple A. La dégradation officielle de la notre française est un véritable coup de massue tant au niveau économique que politique. Au plus haut sommet de l’Union Européenne, des débats récurrents liés à la crise financière actuelle remettent en question le pacte de stabilité et de croissance. Un accord ayant pour objectif la coordination des politiques budgétaires nationales de la zone euro afin d’obtenir à long terme des « budgets proches de l’équilibre ou excédentaires ». Notons que la France n’est pas le seul État a avoir perdu un cran dans sa note puisque neuf États européens sont concernés par cette dégradation.
Alors que l’Union Européenne et plus largement, les États occidentaux comme les Etats-Unis sont à la recherche d’une solution à cette crise qui semble s’inscrire dans la durée, qu’en est-il du côté des pays musulmans ? La crise créé-t-elle chez eux autant de remous ?
Des dettes moins prononcées
Au premier abord, et en raison de l’interdépendance des systèmes financiers des États, les répercussions sont inéluctables mais moins néfastes que pour les États occidentaux. Ces répercussions sont visibles essentiellement chez les États partenaires économiques de premier plan des pays européens tels que l’Egypte, la Tunisie, et le Maroc. Ces trois États détiennent un taux d’endettement assez important qui sont respectivement 73%, 40,4% et 51% du PIB.
En effet, en observant les chiffres de la dette publique de la majorité des pays musulmans, on peut constater que la solidité financière du gouvernement à savoir, les démarches mises en œuvre pour le désendettement de ces États est plutôt bonne.
Notons tout de même une grande hétérogénéité entre le taux d’endettement des différents États : celui de la Jordanie est de 66,8%, alors que ceux de l’Algérie, du Koweït, et de l’Arabie Saoudite avoisinent les 10% du PIB. Quant à la Libye, sa dette publique est nulle ! Bien évidemment, la manne pétrolière contribue cet état de fait en une réserve de devises pour les pays producteurs et exportateurs .
Notons enfin, que l’Irak détient une dette publique conséquente estimée à 119% découlant évidemment de sa situation politico-économique actuelle et du coût de la reconstruction de ses infrastructures à l’issue de la guerre déclenchée en 2003.
In fine, on constate que les dettes publiques des États musulmans restent bien moins élevées que celle de l’Union Européenne estimée à 80,1% (la France étant même au-dessus avec 82,3%) ou celle des Etats-Unis (94%).
Toutefois, la situation des pays touchés par la vague de révolutions initiée au printemps dernier appelle à la vigilance. En effet, les investissements étrangers dans ces États risquent d’être réduits, voire inexistants en attendant une stabilisation de leur situation politique intérieure. A cet égard, l’agence de notation Standard & Poor’s ne note pas les États qu’elle estime risqués pour des investissements étrangers. C’est le cas par exemple de l’Algérie ou de l’Iran qui ne figurent donc pas dans le classement de notation.
Ces constats nous amènent à une interrogation plus globale relative à la fiabilité de notre système financier mondial basé sur les principes du capitalisme. Ce système qui semblait être le moins mauvais est désormais remis en cause. Ainsi, on pourrait se demander si parmi les alternatives à la crise financière actuelle, la finance islamique serait-elle une solution envisageable ?
La finance islamique : un avenir prometteur ?
Bien que réactivée récemment (les premières banques islamiques ne datant que des années 1970), la pratique de la finance islamique qui concerne essentiellement les banques et quelques institutions financières est de plus en plus importante. Cependant, au niveau des échanges financiers interétatiques, elle est encore quasi inexistante en raison de la difficulté de convergence, et de l’interdépendance des banques. En effet, le système financier conventionnel prédomine, d’où la difficulté pour les États musulmans d’éviter les intérêts.
Pratiquée d’abord au sein de pays musulmans mais de manière interne, la finance islamique est désormais présente dans des pays non musulmans afin de répondre à une forte demande de consommateurs (comme en France qui compterait environ 4 à 5 millions de musulmans) même si elle est encore qu’à ses balbutiements. Basée sur des principes moraux (l’argent n’est pas une fin en soi mais un moyen, concurrence plus saine et loyale) elle pourrait permettre d’abolir la spéculation, les intérêts, et l’usure.
En clair, elle pourrait peut être apporter un peu plus d’éthique dans le système financier mondial. La finance islamique a le vent en poupe mais… dans les sphères privée (banques) et, intellectuelle (débats, formations, etc). Reste à savoir si elle peut jouer un rôle clé sur la scène internationale.
Crédit photo : Miskan
Très bon article merci !
Juste pas compris la dernière phrase : « La finance islamique a le vent en poupe mais… dans les sphères privée (banques) et, intellectuelle (débats, formations, etc) »
sallam alikoum,
Alkashi, la phrase voulait dire que la finance islamique connaît un succès actuel mais limité pour l’instant :
-au secteur privé (les banques islamiques, sociétés d’investissements, de fonds de placements dans certains pays, il y aurait 250 institutions financières islamiques pour l’instant)
-dans la sphère intellectuelle (débats et opinions d’économistes, ouvrages, et surtout création de formations universitaires sur la finance islamique tels que le DU ou Master de Paris Dauphine, ou encore le DU de l’EM de Strasbourg).
Ok je comprend mieux (:
Baraka Allahou fil Zenadi.
Assalam alaykum
L’usure et ses dérivée sont l’essence même du système d’échange entre les grands acteurs actuellement. Il me paraît tout à fait irréaliste de parler de finance islamique sans envisager la destruction totale de ce qui se fait pour l’instant. Et sachant qu’il y a des gents qui gagnent des quantités considérables de richesses de façon illicite avec le système actuel, la lutte ne se fera pas sans la force.
Assalamou ‘alaykoum,
Le réel pouvoir n’est pas entre les mains des politiques, mais bien des institutions financières telles Goldman Sachs. Ces institutions ne renonceront jamais à leur « paradis » ribawi, lorgant toujours vers plus de profits et intérêts sur le sang et la sueur des populations (les Grecques en savent quelque chose). La finance islamique ne verra jamais le jour (waLahou a’lam) de façon globalisé. Le monde se dirige plus vers une catastrophe économique avec son lot de famine et de guerre (propice à la venu du Dadjal) que vers plus de justice et d’équité.
En regardant le discours de la plupart des économistes et politiciens, aucun ne songe à la fin du capitalisme, pourquoi ?
Edit :
Le réel pouvoir n’est pas entre les mains des politiques, mais bien des institutions financières telles Goldman Sachs. Ces institutions ne renonceront jamais à leur « paradis » ribawi, lorgnant toujours vers plus de profits et intérêts sur le sang et la sueur des populations (les Grecques en savent quelque chose). La finance islamique ne verra jamais le jour (waLahou a’lam) de façon globalisé. Le monde se dirige plus vers une catastrophe économique avec son lot de famine et de guerre (propice à la venu du Dadjal) que vers plus de justice et d’équité.
En regardant le discours de la plupart des économistes et politiciens, aucun ne songe à la fin du capitalisme. Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’il n’y a pas pour l’instant une autre alternative mise en avant. Ils n’ont pas de substitut clairement proposé. Si au moins, on tentait de modifier ce capitalisme (moins de spéculation, d’intérêt, d’inégalité) et en le moralisant, ce serait déjà un bon début.
Assalam alaykum
« En regardant le discours de la plupart des économistes et politiciens, aucun ne songe à la fin du capitalisme. Pourquoi ? »
1. parce que seuls, les « économistes » (souvent auto-proclamés) qui vivent du capitalisme sont les invités des brosses-à-reluire (pseudo journalistes).
2. Le Front de gauche dont je suis lutte pour la libération des hommes et femmes en allant vers la mort du capitalisme.
3. Le système musulman me parait une des pistes les plus sérieuses pour adapter l’argent à l’homme ( et non son contraire actuel) et pour faire cesser son règne maudit.
Salam aleykoum,
« Le réel pouvoir n’est pas entre les mains des politiques, mais bien des institutions financières telles Goldman Sachs. » Non le réel pouvoir est bien entre notre main mais nous devons passer de l’état de réveil à l’état d’éveil.
La plupart des pays musulmans sont complètement dépendant de matières 1ères ou pire de produits étrangères. Peu de fabrications à l’intérieur de ces pays ou si c’est le cas ce sont des produits copiés ou d’inspiration occidentale. Bref peu d’innovation utile à la civilisation humaine !
Il n’y pas assez de coopération entre les pays musulmans. De même, contrairement où les musulmans d’autrefois cherchaient les sciences à travers tous l' »empire musulman » c’est beaucoup moins le cas. Alors à nous de remettre cela en place avec l’éducation de nous-mêmes et des générations futures inchallah.
Il ne faut pas tout attendre des Etats mais des actions privées puis une fois dépassé ce stade la coopération Etats et privée feront bouger les choses inchallah.
Wa aleykoum salam.
Salam aleikoum
À propos de la crise de la dette, voici un document très intéressant.
Choukran
http://www.dailymotion.com/video/xldqty_etienne-chouard-la-dette-et-la-fin-de-l-etat-providence_webcam