Quand on parle de guerre, on pense fatalement aux massacres, aux victimes, aux morts, aux blessés graves, aux dommages collatéraux que les hommes sont capables de faire endurer à leurs semblables sans état d’âme.
Au grand dam des personnes résolument pacifiques à qui on ne prête pas attention lorsque les menaces d’un conflit armé pèsent sur un peuple.
Néanmoins il demeure un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui n’est pas connu de tous et qui laisse une lueur d’espoir pour les partisans de la paix et du vivre ensemble.
Un épisode plein d’humanité qui devrait nous servir de leçon à l’heure ou les stigmatisations gangrènent notre société et qui va inéluctablement diviser la population française si tout un chacun ne fait pas l’effort de croire en son prochain quelque soit son origine, sa couleur de peau ou sa religion.
Abdelkader Mesli un Imam complètement investi
Du temps où l’Europe était sous domination nazie et que certains gouvernements et citoyens avaient choisi de collaborer avec l’ennemi, d’autres préféraient résister au prix de leur vie et de leur liberté.
Il y a en effet des Hommes qui ont tendu la main à ceux qui étaient dans la tourmente, y compris de nombreux Juifs. Des Hommes comme Abdelkader Mesli, l’un des cinq imams de la mosquée de Paris dans les années 1930.
Un refuge bien particulier : La mosquée de Paris
Pendant l’occupation allemande, dès 1940, les juifs doivent fuir ou se cacher. La mosquée de Paris devient un refuge pour certains juifs séfarades. Abdelkader Mesli, en abrite quelques-uns, délivre des certificats de religion musulmane et des tickets de rationnement aux familles.
C’est l’incroyable récit de Mohamed Mesli, fils d’Abdelkader, qui a découvert dans une valise, il y a quelques années les documents qui attestent des faits.
Un père qu’il a peu connu, car Mohamed n’avait que dix ans quand son papa « a passé l’arme à gauche » en 1960.
« Il y avait des carnets, beaucoup de textes en arabe. Après la découverte de ces documents, j’ai pris la mesure de la personne qu’était mon père« , déclare Mohamed Mesli.
Qui était l’Imam Abdelkader Mesli ?
Abdelkader Mesli, orphelin algérien, est arrivé à 17 ans à Marseille. Il a commencé par être docker et charpentier, puis mineur en Belgique., « Mon père a participé à cette forme de résistance », explique Mohamed Mesli. Dénoncé à la Gestapo, torturé puis déporté en juillet 1944, il ne révélera jamais les noms des membres de son réseau. Libéré du camp de Dachau en mai 1945, il prendra finalement la tête de la mosquée de Bobigny dans les années 1950.
Des Justes parmi les nations
Certains « sauveurs », d’un autre temps, ont reçu le titre de « Justes parmi les nations ». Des sauveteurs qui ont contribué à sauver des centaines de vies durant cette guerre sanglante, qui ont reçu la médaille du vertueux et un certificat honorifique de l’État juif en récompense de leur courage.
Ceux-là ont leurs noms définitivement gravés sur le mur d’honneur du jardin des Justes de Yad Vashem. Pourtant, parmi les justes, certains sont restés dans l’ombre et n’ont droit ni aux honneurs ni aux applaudissements.
Des héros méconnus ou ignorés
Il existe des musulmans qui ont sauvé les juifs de la déportation, mais leurs noms n’apparaissent nulle part et n’ont jamais été mentionnés. Peu ont réussi à se faire reconnaître à titre posthume grâce au travail de recherche effectué par leurs propres enfants et proches.
Tout comme l’imam algérien Abdelkader Mesli. Son fils, Mohamed, a publié les archives soigneusement conservées de son père. Une ancienne affaire ouverte par accident a permis de comprendre le geste héroïque de son père durant la période où les Français étaient sous domination nazie.
Faudra-t-il …
Faudra-t-il en arriver jusque là pour révéler les personnes les plus courageuses de notre communauté ? Faudra-t-il attendre une guerre civile, ou pire encore, pour nous réveiller et faire en sorte que les musulmans, comme toutes les autres communautés, sont des êtres humains et des citoyens à part entière ?