A Montreuil, en Seine-Saint-Denis, l’association Tahara organise tant bien que mal les rites funéraires, en raison des conditions rendues difficiles par la multiplication des décès due à la crise sanitaire engendrée par le coronavirus.
Elle a par conséquent, au vu de la situation catastrophique et contraignante, déposé un recours devant la justice. En demandant au maire de la commune d’élargir le carré musulman de son cimetière.
L’association Tahara s’explique dans le référé (procédure d’urgence) déposé devant le tribunal administratif de Montreuil. :
«La suspension des rapatriements des défunts dans leur pays d’origine à cause de l’épidémie se conjugue désormais au manque de place dédiées à leur culte dans les cimetières de France».
Des conditions d’inhumation indignes
«Cette situation cause de grandes difficultés puisque l’entreposage des corps des défunts dans des chambres froides surchargées pendant plusieurs semaines est effectué dans des conditions indignes. Les rites religieux ne peuvent être effectués sur les défunts et leur inhumation, censée être réalisée dans les plus brefs délais, prend un temps anormalement long», souligne l’association.
Le bureau de l’association réclame donc «des mesures exceptionnelles contraignant les autorités municipales à aménager les cimetières municipaux et intercommunaux».
Concrètement, l’association Tahara réclame au maire de Montreuil, de permettre l’agrandissement de son carré musulman.
Les pompes funèbres du secteur de Montreuil sont débordées
Cité par l’AFP, l’avocat de l’association, Nabil Boudi précise que «certaines communes de Seine-Saint-Denis, comme Villetaneuse, Pantin ou Tremblay-en-France, jouent le jeu, notamment en acceptant les défunts des autres communes», mais que «les pompes funèbres du secteur de Montreuil sont débordées».
«En temps normal, environ 80% des défunts se font enterrer dans leur pays d’origine», a récemment expliqué à l’AFP le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui.
Avec la suspension presque totale des rapatriements à l’étranger, «la crise vient révéler le manque de carrés musulmans» en France, estime Mohammed Moussaoui, qui évalue ces espaces dédiés à «environ 600», sur 35.000 cimetières.
Une situation que l’on retrouve malheureusement un peu partout en France
Des voix se sont également élevées à Vernon dans l’Eure, comme celle du boxeur Boubakar Niakaté, pour demander la création d’un carré musulman au sein du cimetière de la ville. Une cagnotte a même été mise en ligne sur Internet dans le but « d’acheter un terrain », ou d’engager « d’éventuels recours » devant le tribunal administratif.
C’est visiblement toute la communauté musulmane de France qui est touchée par cette pénurie d’espaces dédiées aux enterrements dignes de ce nom, et conformes aux rituels musulmans.
Dignité, réconfort et humanité sont de mises
La communauté musulmane de France a besoin de ces lieux d’inhumation, qui au-delà des règles propres au culte islamique, réconforteraient sans aucun doute les familles des défunts.
Puisse, Allah, Exalté soit-Il, allégé les épreuves de la tombe à nos défunts et leur accordé le Paradis …