Chroniques d’Oum Zaza : les relations entre frères et soeurs #Partie 3

Education des enfants

 Il y a quelques jours, nous abordions le sujet sur les relations entre frères et sœurs. Nous avons choisi de le découper en plusieurs parties. Nous avons traité  l’accueil des sentiments , l’importance d’intervenir lorsqu’il y a brutalité puis dans un second article l’importance de ne pas comparer ses enfants, et de respecter leurs différences. Nous aborderons aujourd’hui deux autres points, pour respecter la chronologie du livre de Faber et Mazlish ; ne jamais bloquer un enfant dans « un rôle », et le traitement d’un enfant ayant « un problème ».

Prendre garde que personne ne bloque l’enfant dans « un rôle »

Un enfant peut être cantonné à « un rôle » de différentes manières. Cela va malheureusement conditionner son développement psychique tout au long de son enfance, et peut, dans certains cas, être très négatif pour sa vie future. Si nous nous intéressons à cela, c’est que ce rôle va quasiment dans chaque famille interférer dans les relations entre frères et sœurs, et créer des tensions, plus ou moins importantes. Mais qui définit le rôle de l’enfant ? Silence, ça tourne…

Il y a trois « metteurs en scène » au sein d’un foyer : le parent, l’enfant lui même, et le frère (ou la sœur). Place aux exemples afin de mieux comprendre ce qu’est un « rôle » ;

Exemple 1 – Le parent metteur en scène : « Haroun ! Moussa cherche ses balles de tennis partout ! Pourquoi faut-il toujours que tu prennes les affaires des autres ?? » Dans ce cas, Haroun a le rôle du « chipeur », celui qui vole les affaires de ses frères et sœurs, et le parent l’appui, donc l’arrose. Un proverbe dit : « On arrose pas les mauvaises herbes », pour les enfants c’est la même chose : en appuyant sur les mauvaises actions et les défauts, non seulement on enferme l’enfant dans un rôle négatif, mais en plus on « arrose » ses mauvais actes qui risquent, de ce fait, de se reproduire encore et encore. Le parent a juste à dire : « Moussa cherche ses balles de tennis, peux-tu l’aider à les trouver rapidement car il risque d’arriver en retard à son match ? ». Ainsi vous pourrez « arroser » la bonne action de Haroun s’il retrouve les balles de son frère, il se sentira récompensé de par vos paroles et préfèrera cette situation à un conflit pour le futur.

Exemple 2 – L’enfant lui même metteur en scène : « Je suis une menteuse, j’aime bien raconter des histoires, c’est comme ça. » Dans ce cas, c’est Hanna qui s’enferme dans un rôle dont il faut absolument la sortir. Pour se faire il suffit de lui prouver que vous avez confiance en elle et que même s’il lui arrive de mentir, vous êtes convaincu que c’est passager et que ça n’est pas « en elle ». Encore une fois, arroser les bons comportements pour qu’ils poussent et deviennent grands et forts, et ignorer autant que faire se peut les mauvais comportements pour qu’ils meurent sans égard. Ici vous pourriez répondre à Hanna : « Tu peux aussi dire tout simplement la vérité, si tu le souhaite » ou « Tu es capable de dire de belles choses lorsque tu dis simplement la vérité ». Le mensonge disparaîtra alors, Hanna voyant que cela ne lui apporte rien, contrairement à la vérité.

Exemple 3 – Le frère ou la sœur metteur en scène : « Je te déteste Alex ! Tu cherches toujours à me dire des choses blessantes… Maman, elle n’arrête pas de m’envoyer paître lorsque je lui parle ! ». Dans ce cas très clairement, Cassandra classe Alex dans le placard des « méchantes ». Ça n’est pas toujours conscient de la part d’un enfant, mais vous ne devez pas surenchérir ni prendre partie, et ceci pour préserver les liens entre vos enfants sur le long terme. Il suffira de ne pas répondre du tac o tac, réfléchir un instant puis répondre : « Cassandra, essaie de l’aborder différemment ou à un autre moment, tu seras surprises des réponses de ta sœur. » Car même si vous n’y croyez qu’à moitié, ce genre de réponse encourage très souvent l’enfant à prouver que vous dîtes vrai. Encore une fois il suffit d’arroser un bon comportement. Petite précision au passage, si Alex s’attaque à Cassandra physiquement, occupez vous uniquement de Cassandra et ignorez Alex. C’est le meilleur moyen pour qu’Alex stoppe, voyant qu’elle n’obtient pas l’attention désirée. Si vous fâchez Alex, ou parlez avec elle après sa mauvaise action, elle aura gagné face à sa sœur et aura votre attention : double récompense. Et Cassandra sera la victime ignorée : double punition ! Prenez plutôt Cassandra par l’épaule en ignorant complètement Alex : « Tu as certainement mal après un coup pareil, viens que je te passe de l’arnica. Alex a besoin d’apprendre à exprimer sa colère avec des mots, et pas avec des gifles ! » Et Alex reste seule dans la chambre, face à ce qui vient de se passer… très instructif !

Votre enfant a un problème, mais ne pose pas problème !

Dans de nombreuses familles où se trouve un enfant handicapé, ou ayant un problème particulier, il est souvent difficile de gérer. On ne sait pas quel comportement adopter face à l’enfant, et face à ses frères et sœurs. Trop dur, trop laxiste ? Quel est le bon comportement à avoir ? L’on souhaite bien faire, on fait d’ailleurs au mieux. La réponse réside dans cette phrase : votre enfant a un problème mais n’a pas besoin de ressentir qu’il pose problème.

Un enfant handicapé a les mêmes besoins que n’importe quel enfant. Il a besoin que l’on reconnaisse ses frustrations : « ça n’est pas facile car tu aimerait pouvoir jouer avec eux, ça peut être frustrant je le comprends. ». Il a besoin que l’on apprécie ce qu’il arrive à faire, même si ça n’est pas parfait  : « je trouve qu’aujourd’hui tu as fait de réels progrès ». Et a besoin qu’on l’aide à trouver des solutions dans sa vie de tous les jours : « ça c’est pas évident, comment réagis-tu dans ce genre de situation ? » afin d’acquérir une certaine autonomie (même morale).

Un enfant handicapé ou ayant un problème a besoin de vous pour être le plus autonome possible, selon le niveau de son handicap. Vous ne devez pas le favoriser au quotidien, mais seulement lorsque la situation vous y oblige. Vous devez certes l’accompagner et l’aider à s’épanouir avec son handicap, sans le nier ni l’amplifier. Les parents sont toujours très anxieux pour leurs enfants, et il n’est pas aisé de prendre du recul afin d’éviter de le surprotéger face au reste de la fratrie. Pourtant, chacun de vos enfants a sa place et ses droits. A vous de vous poser les bonnes questions : est ce que j’accorde plus d’importance à Lyne du fait de son handicap même lorsque je pourrais la laisser tranquille et m’occuper de ses deux frères ? Est ce que je n’en demande pas trop à Ilyess et Noredine simplement parce qu’ils sont complètement valides ? Nathalie ne porte-t-elle pas trop de responsabilités face au handicap de sa sœur ? Est-ce normal que j’attende autant de choses de la part de ma cadette tout simplement parce qu’avec elle, je veux oublier les soucis ? Peu importe la configuration de votre famille, qu’il y ait des enfants handicapés ne doit pas changer votre comportement. Chaque enfant a le droit à l’erreur, a le droit d’être en colère, a le droit de dire non, a le droit d’être triste, ou d’avoir des difficultés scolaires.

Votre planning sera forcément découpé différemment lorsque l’enfant handicapé a besoin de soins particuliers, mais vous devez faire en sorte : d’une que cet enfant ne se sente pas comme un poids empêchant au reste de la famille de faire ce qu’ils ont envie de faire, de deux que vous accordiez le temps nécessaire aux autres. Dans le livre de Faber et Mazlish, il y a quelques exemples vraiment touchants de familles ayant changé de comportement et ayant retrouvé une joie de vivre, ne s’interdisant plus rien même avec un enfant handicapé, trouvant des solutions, insolites parfois, pour le faire participer sans que cela entrave l’épanouissement du reste de la fratrie ! Un recueil de témoignages et de solutions pour le quotidien de ces familles.

Dis moi que tu m’aimes 10 minutes par jour

Brigitte Racine, infirmière, thérapeute familiale, conférencière et diplômée de l’Université Laval, du Centre de relation d’aide de Montréal et de l’Institut William Glasser de Californie, dont je vous recommande les ouvrages, affirme qu’un enfant a besoin qu’on entre dans son univers au moins 10 minutes par jour. Que ce soit dans la voiture sur le trajet du retour, au lit au moment du coucher, lors d’une promenade ou lorsque vous allez chercher le pain… l’enfant a besoin de se sentir aimé chaque jour que Dieu fait. Même s’il sait que ses parents l’aiment, cette attention le rassurera et le rendra coopératif et confiant.

Comment entrer dans son univers ? En le laissant parler de ce qu’il souhaite, ou en intégrant une activité en cours, comme un puzzle, un jeu de carte, de poupées, de construction. En écoutant et en le regardant dans les yeux tout simplement, car quelle plus belle preuve d’amour que de regarder son enfant dans les yeux ? Les yeux sont si expressifs qu’ils sont forcés de laisser paraître vos sentiments. Pas de faux semblants, ni de mots, vos yeux les rassurent et les réconfortent. Les résultats sont paraît-il impressionnants, les enfants ayant ces 10 minutes (minimum) quotidiennes dès leurs premiers mois de vie seraient plus coopératifs, plus heureux, plus confiants. C’est à vous de jouer =) Qu’Allah nous apporte la réussite dans l’éducation de nos enfants, qu’Il nous donne les outils pour être des parents justes et doux, et que nos enfants deviennent des adultes pieux et obéissants à leur Créateur. Amîn

Crédit photo

By Younes

4 thoughts on “Chroniques d’Oum Zaza : les relations entre frères et soeurs #Partie 3”
  1. assalamou ‘alaykoum

    Barakallahou fik encore une fois pour ces chroniques, qui nous aide à revoir certains de nos principes éducatifs, que l’on soit parent ou non.

  2. salam alaikoum

    Décidément j’aime beaucoup vos articles si justes machAllah!
    Faut dire que j’ai moi-même la même vision du maternage et de l’éducation, et sûrement les mêmes lectures…
    Je trouve géniale cette idée des « 10 minutes »! Vous dites de commencer dès la naissance, j’ai envie de dire de toute manière avec l’allaitement, ce n’est pas 10 minutes mais des heures à se regarder dans les yeux lol! Non?
    Ou ce n’est pas la même chose?
    Ah oui ça serait bien que les papas aussi aient ce genre de moment intense avec chacun de leurs enfants inchAllah…)

    salam alaikoum

  3. Wa alaycoum salam wa rahmatuLLAH, barak ALLAHu fiki !
    Malheureusement il arrive souvent qu’on allaite sans regarder bébé, le câliner… là il est vraiment question d’entrer dans son monde intensément et lui rappeler qu’on l’aime tant… Si vous êtes très proche de votre bébé lors des tétées c’est impeccable 🙂
    Oui pour les papas !!

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