Durant plus de 400 ans, les nations européennes ont pratiqué la traite humaine, une période d’une tragédie et d’une barbarie indescriptibles. Le commerce d’esclaves a engendré la déportation de plus de 12 millions d’individus depuis leurs terres natales africaines vers les terres américaines. De nos jours, le traitement inhumain de l’esclavage a disparu officiellement sous sa forme initiale pour se muer en racisme et ségrégation sociale et économique des populations noires d’Amérique sans occulter les conséquences néfastes sur le développement du continent africain dépossédé de ses habitants et de ses biens durant des siècles.
De cette époque oubliée, nous parvient l’écho héroïque de la « révolte des mâles ». Ce fait historique est probablement l’un des moments clés de l’histoire douloureuse des esclaves africains du Brésil. L’étude de cette période de l’histoire « Auriverde » apporte un grand nombre d’enseignements sur les conditions difficiles de vie de ces hommes et femmes, leurs origines culturelles et religieuses mais surtout sur le caractère d’inspiration islamique de ce mouvement de libération qui s’est déroulé en l’an 1835.
Le contexte
Le Brésil, colonie portugaise jusqu’en 1822, obtient son indépendance mais maintient le système esclavagiste séculaire: la traite et le commerce d’êtres humains en provenance d’Afrique. Au sein de l’état fédéré de Bahia, situé au Sud sur la cote atlantique, les populations d’esclaves représentaient jusqu’à prés de 30% de la population active. Ces hommes et femmes étaient originaires de diverses régions d’Afrique de l’Ouest et du golf du Bénin. Une pluralité de langues et de cultures qui avait comme dénominateur commun l’Islam comme religion. Débarqués des fonds de cale des navires marchands européens, leur arrivée sur le sol brésilien se déroula dans des conditions inhumaines. Ils restèrent fermement attachés à leur religion malgré la volonté des maîtres de les convertir au catholicisme. Fait remarquable, cette population privée de ses droits élémentaires et à qui on niait son humanité, a érigé plus d’une vingtaine de mosquées et d’écoles. Parmi ces esclaves venus d’Afrique, on comptait des hommes lettrés qui apportèrent et partagèrent leurs connaissances au bénéfice du groupe. Ces hommes furent les ferments d’une révolution qui marquera son temps à jamais.
La révolte héroïque des musulmans de Bahia
Les soulèvements des esclaves apparaissent dès 1814 et 1816; ces tentatives pour renverser le système tyrannique des esclavagistes portugais et brésiliens échouèrent et furent réprimées avec une violence inouïe. Mais ces échecs n’ont pas atteint la volonté indéfectible de ces hommes trop long temps enchaînés. L’année 1835 reste dans la mémoire collective comme le fait majeur de l’histoire musulmane du Brésil. Des hommes et des femmes se sont unifiés et levés pour lutter pour leurs droits au péril de leurs vies malgré la diversité des origines ethniques et linguistiques, le facteur unificateur étant l’Islam.
Ce culte universel leur donna une langue commune, un style de vie commun et des comportements sociaux caractéristiques d’une communauté. Leur unité explique la grande force et la solidarité totale qui existaient entre tous ses membres. Des personnalités singulières émergèrent et marquèrent cet épisode de l’histoire du pays. On peut citer entre autre le Cheikh Dandara, (un affranchi qui mit sa richesse au service de la cause des esclaves), le Cheikh Sanim (un vieux sage lettré qui fonda une école pour instruire ses coreligionnaires) et bien évidement Malam Bubakar Ahuna (le leader lettré charismatique de la révolution des Malés); il sera l’architecte et le stratège pour planifier la révolte.
Au matin du 27eme jour de Ramadan 1835 (1250 de l’hégire), animé par la ferveur de ces nuits bénies du 9eme mois sacré du calendrier musulman, le signal de la révolte est donné peu après la Salat du Fajr. Vêtus de longues tuniques et de calottes blanches, un groupe de 300 fidèles musulmans, dans les pas des Compagnons du Prophète (SWS) lors de la bataille de Badr, se portèrent à la rencontre de la troupe locale lourdement armée composée de plus de 1000 hommes. Cette marche courageuse et défiante du pouvoir en place tétanisera les esprits et marquera un tournant dans la lutte contre l’esclavagisme.
L’héritage
Ce combat inégal, largement en faveur des oppresseurs entraînera la mort de nombreux leaders et lettrés musulmans sans compter les centaines d’esclaves qui seront jugés puis exécutés pour l’exemple. Si en apparence ce soulèvement est un nouvel échec dans la lutte pour l’affranchissement des esclaves de Bahia, il eut un impact psychologique décisif sur le gouvernement et la population brésilienne. La peur pénétra le cœur des puissants maîtres et se propagea .La crainte de futurs soulèvements les contraint à voter une série de lois pour renvoyer en masse ces hommes vers l’Afrique. Mais surtout, cette révolte fut le point de départ des mouvements anti-esclavagistes qui essaimèrent un peu partout au Brésil pour aboutir à l’abolition en 1888.
L’histoire des esclaves musulmans de Bahia a libéré la conscience de tout un peuple; ils ont démontré, par leurs actions, la force et la volonté de cette communauté musulmane opprimée et éprouvée. L’islam n’a cessé de se propager dans tout le continent américain; en 1910 on comptait déjà plus de 100 000 musulmans au Brésil.
Ces faits doivent être connus et étudiés, notamment en occident, afin de rappeler que l’Islam n’est pas une religion nouvelle importée par des migrants récents venus du Moyen Orient ou d’Asie. Sa présence est belle et bien le fruit d’un passé méconnu qui a fortement marqué et continuera à influencer le cours de l’histoire de cette jeune nation brésilienne. Aujourd’hui l’Islam est en pleine expansion au Brésil et les graines ont été semées par ces glorieux prédécesseurs.
Qu’Allah leur pardonne leurs péchés et les fasse accéder au plus haut degré du Paradis. Amine.
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Salem et merci à vous
Salam aleykoum
barak Allah fikom pour cette partie de l’histoire qui m’était inconnue…
Amine qu’Allah les récompense et leur pardonne leur péchés ainsi qu’a tous nos morts.
Ne pas oublier que l’esclavage à été un crime mondiale et pas qu’occidentale. Les africains y ont participé en capturant et vendant leurs ennemis, les pays du Moyen-Orient l’ont pratiqué bien avant les occidentaux, et fut aussi atroce (castration des esclaves, …). Il est important de le signaler, les occidentaux évoquent leur histoire bonne ou cruelle, à nous aussi de faire de même,reconnaître nos errreurs, et demander Pardon.