A Molenbeek-Saint-Jean, commune belge de Bruxelles, une femme portant le niqab a été victime d’une bavure policière. Contrôlée à un arrêt de tramway elle finira hospitalisée, blessée de la tête au pied. Qu’a-t-il bien pu se passer ?

Le récit des forces de l’ordre

D’après les forces de l’ordre, voici comment cela se serait passé. Une femme vêtue d’un jilbab et d’un niqab, connue des services de police est assise à un arrêt de tramway. Un simple contrôle d’identité a lieu suivi d’une amende relative au port de vêtements dissimulant le visage. Pour l’instant, rien d’extraordinaire. Mais selon la police, la sœur n’aurait pas été coopérative lorsque les agents lui aurait demandé de retirer son voile.

Elle aurait donc été conduite au commissariat. En chemin, selon la police, elle aurait tenté de donner un coup de tête à l’une des femmes agents. Au commissariat, elle aurait refusé d’obtempérer, s’en serait suivi une violente bataille dans l’enceinte des locaux du commissariat. Le bilan d’après les services de police : trois blessées. Une policière aurait le nez cassé, une seconde serait légèrement blessée, et la soeur coupable de trouble au sein de l’espace public serait hospitalisée pour une « légère commotion cérébrale à l’hôpital » explique le commissaire Berckmans. C’est une fois soignée et « calmée » que la soeur aurait reçu deux amendes. Une pour dissimulation du visage dans l’espace public, et une autre pour rébellion.

Le récit de la victime

Le terme de victime n’est pas choisi légèrement. D’après une association musulmane belge, la soeur n’a pas opposé de résistance à montrer son visage lors du contrôle d’identité. Ni à payer l’amende conformément à la loi belge, non. Les violences ne viendraient pas de cette femme isolée au centre d’un commissariat, entourée par des dizaines d’agents affairés. D’après les dires de l’association, les agents s’occupant d’elle ont souhaité qu’elle retire son jilbab lui couvrant les cheveux et le corps. Elle s’y est refusée. Les agents se seraient alors acharné à tirer ce long voile l’enveloppant. Et c’est là qu’elle aurait tenté de se défendre, et aurait bel et bien asséné un coup de tête à un agent. D’après les dires de l’association, son niqab était en lambeaux et elle aurait été transportée à l’hôpital dans un état critique, étant cardiaque.

Cette affaire a entraîné un rassemblement de contestations devant les locaux du commissariat. Rassemblement qui s’est également terminé violemment, obligeant Philippe Moureaux, le bourgmestre, à intervenir pour ramener les choses au calme. Le même Philippe Moureaux ayant récemment exprimé son désaccord avec les médias relayant une actualité agrémentée d’islamophobie ambiante.

Les femmes portant le voile intégral s’exposent de plus en plus aux arrestations musclées de la part des forces de l’ordre. Un bras de fer que ne comprennent pas les agents de la République, étant souvent convaincus que le combat est justifié. Ces femmes vivent cette loi d’un autre point de vue, ayant complètement bouleversé leur quotidien. Une chasse aux sorcières, une atteinte à leur liberté d’aller et venir où bon leur semble, une atteinte à leur liberté d’expression et de pensée. Une loi ridicule, s’attaquant à quelques dizaines de femmes alors qu’il y a plus urgent à régler, comme le regrettent de nombreux policiers.