Le parti nationaliste autrichien doit déposer prochainement une proposition de loi visant à interdire le port du voile intégral, en Autriche.

La « burqaphobie », un phénomène contagieux

Le député FPÖ Heinz-Christian Strache a révélé l’affiche de campagne sur Facebook, représentant une jeune femme blonde accompagnée de la légende « Trop belle pour être voilée ». Blonde, blanche, les cheveux fleuris, le cliché sexiste de la femme autrichienne ne manquera pas de plaire aux populistes du pays.

Pour le moment, l’éventualité d’une telle loi est critiquée par les autres formations politiques du pays : « On ne devrait pas créer un problème artificiel où il n’y en a pas. J’ai vu des femmes porter des foulards à Vienne, mais pas de burqa. En Autriche, le nombre de porteuses de burqa est estimé autour de 100. Le FPÖ a une nouvelle fois essayé de provoquer la peur et de dramatiser » a affirmé Reinhold Lopatka, du Parti du peuple autrichien (ÖVP).

Bien que l’intention de rétablir la vérité de la part de l’ÖVP soit louable, l’argumentaire des deux partis est à revoir. Encore une fois, la « burqa » (vêtement traditionnel afghan) et le « voile intégral » (terme général qui recouvre aussi bien le niqab, que le sitar) sont confondus, preuve d’une méconnaissance de la religion musulmane.
Par ailleurs, le fait de délégitimer une loi en prouvant son inutilité parce que trop peu de femmes sont concernées, c’est justifier que demain, si ces femmes ne seront plus 100 mais 2000, la loi deviendrait acceptable. Les mots sont donc importants.

Quand au FPÖ, l’amalgame entre esthétique et pudeur est pitoyable. Preuve qu’il est encore trop répandu, parmi les esprits les plus islamophobes, de croire que la femme se couvre pour se cacher parce que trop « laide » ou ne correspondant pas aux standards de beauté de la société.

De plus, l’aspect sexiste de cette maxime « Trop belle pour être voilée » n’échappera pas à certains. Pour un nombre encore trop important d’hommes, la « belle » femme a pour unique intérêt d’être regardée et priver ces messieurs de ce plaisir serait un crime.

Dans les esprits masculins les plus islamophobes, ce n’est pas la liberté de la femme qui est souhaitée mais la liberté d’accéder à celle-ci.

Une ligne politique bien définie

Les thèmes récurrents du FPÖ sont la lutte contre l’immigration et le renforcement de la famille, de la natalité européenne.

Depuis plusieurs années, le parti réclame un référendum sur l’interdiction du hijab et des minarets, utilisant régulièrement des affiches proches de celles d’autres partis d’extrême-droite européens. Il s’oppose aussi à l’immigration, tout particulièrement celle en provenance de pays musulmans.

Tout comme le Front National, le parti était auparavant clairement antisémite voir antisioniste. Mais lissant son image depuis, le FPÖ soutient désormais ouvertement les partis de droite israéliens, voir d’extrême-droite.